Dédramatiser: les prothèses auditives
Dédramatiser le port de prothèses auditives
« De tout temps et en tout lieu, la surdité interpelle. Pendant longtemps, nul n’a été capable de statuer sur sa nature. Les sourds sont-il des infirmes, des étrangers, des sots? À la différence des autres infirmes, ils sont autonomes. Ils travaillent et développent une communication inédite («brouillonne» à ses débuts), que l’on peut qualifier de visio-gestuelle. » C’est ainsi que Fabrice Bertin présentait en 2010 son livre « Les sourds, une minorité invisible » (Autrement). Aujourd’hui, la surdité touche de plus en plus de jeunes, mais elle fait aussi partie des désagréments qui accompagnent la longévité des personnes âgées. Comme pour les problèmes de vue, il faut vivre avec.
Les raisons de la surdité
On dénombre en France environ 4 millions de déficients auditifs, malentendants et sourds, indique le site Doctissimo.fr qui distingue deux grands types de surdité. La surdité de transmission « liée à une lésion de l'oreille externe ou de l'oreille moyenne » et «caractérisées par des déficiences auditives légères ou moyennes. Chez l'enfant, la cause la plus fréquente est l'otite séreuse. Chez l'adulte, l'otospongiose est souvent évoquée, mais les causes sont en fait variées : agénésie, bouchon de cérumen, traumatisme, perforation du tympan, otite. » L’autre type de surdité est celle dont la perception est d'origine neuro-sensorielle : venant de la cochlée ou des voies nerveuses auditives situées après la cochlée (nerf auditif). Doctissimo précise que «elle est inaccessible aux traitements. Parmi les causes : l'hérédité (30% des cas), l'embryopathie (rubéole), l'anoxie néo-natale, les méningites etc... » Quelle qu’en soit l’origine la surdité est une affection qui, à tous âges, perturbe la vie quotidienne et la vie sociale.
Les prothèses auditives
Les fabricants d’appareillage auditifs innovent et proposent de nombreuses solutions pour palier à ce handicap. Aujourd’hui, on est très loin des appareils encombrants et disgracieux d’antan et la technologie permet de créer des prothèses quasiment sur mesures et discrètes. Aussi il ne faut pas hésiter dès que les premières gênes auditives apparaissent, à consulter un médecin ORL. Sur le site e-santé.fr l’audioprothésiste Gilles Coscas, indique que « L'appareillage doit s'envisager lors des premières manifestations de gêne sociale, au cours des réunions, des dîners, à l'écoute de la télévision, ou lorsque l'on se met à faire répéter ses interlocuteurs. Afin de limiter l'amenuisement de la dynamique résiduelle de l'oreille (écart entre les sons fortement perçus et faiblement perçus), il est conseillé de procéder à l'appareillage de façon précoce. C'est la meilleure garantie de résultats probants. »
Le coût, qui est souvent un frein à la décision de s’appareiller, doit lui s’évaluer sur la durée. La prothèse reste indispensable à vie, et il faut aussi intégrer le bénéfice que l’on en retire en retrouvant une vie en société normale. La prestation comporte un entretien préalable, la présentation d’un devis, la prise d'empreinte des conduits auditifs, les essais, l'ajustement de l'appareil et les séances de contrôle au 3e, 6e et 12e mois après la délivrance de l'appareil. L’Assurance Maladie rembourse, sur prescription médicale, vos prothèses auditives et leurs accessoires, mais la prise en charge dépend de l’âge et du handicap.
Vivre avec la surdité
Si de nombreuses personnes souffrant de surdité vivent en étant appareillées, pas suffisamment cependant car une personne sur deux présente des troubles de l’audition, d’autres ont du mal à accepter leur prothèse auditive. Or lorsque l’on porte des lunettes, mettre un appareillage dans celles ci est plus facile à accepter car cela apparaît comme une extension plus que comme l’arrivée d’une prothèse. Un problème sur lequel s’est penché le lunettier Optic 2000 qui propose un concept intéressant les « Audiovisuelles ». Ce sont simplement des lunettes avec une prothèse auditive intégrée. Un système qui s’adapte aussi bien aux lunettes de vue qu’aux lunettes de soleil. On peut utiliser les aides indépendamment des lunettes, mais leur intégration dans la monture permet aussi de ne plus les oublier. Bref une vraie bonne idée qualifié d’innovation de l’année par le site destination santé.
Autre innovation pour les malentendants : les applications mobiles intégrées dans les smartphones. Le site Proxima mobile.fr en recense plusieurs comme SoundAMP qui « amplifie le son ou le retraite en temps réel pour filtrer le bruit de fond », ou ACEHearing, un logiciel qui analyse et compense les déficiences auditives. Grâce à la technologie numérique et à la miniaturisation qu’elle permet, nul doute que ces idées novatrices vont apporter de nouvelles solutions. Déjà Siemens propose iMini, un minuscule dispositif intra-auriculaire doté d’une puce numérique de 6e génération et dont le microprocesseur est capable de « gérer des situations complexes telle l’ambiance animée d’un restaurant ou d’une réunion de famille ». Parmi les dernières avancées on peut aussi citer l’implant auditif Esteem qui utilise le tympan comme micro naturel. Implantée sous la peau derrière l’oreille la pile peut durer de 6 à 9 ans selon le fabricant.
Malentendants à tous âges
Dans Le Figaro, Christian Hugonnet, ingénieur acousticien, estimait déjà en 2008 « que l'univers électroacoustique qui envahit notre quotidien constitue un danger pour l'oreille ». En cause, les niveaux de plus de 100 décibels des sonorisations en plein air, sur les écouteurs de lecteurs MP3, dans les boîtes de nuit, ou dans les concerts. Un danger qui touche surtout les jeunes, comme le constatent les audioprothésistes et les médecins du travail, et un phénomène que le spécialiste juge préoccupant « Par une méconnaissance des sons, nous risquons de sous-estimer les retombées tant économiques, physiologiques, sociologiques ou culturelles de ces nouveaux moyens de transmission du verbe et de la musique. »
Il faut le savoir, à partir de 50 ans, la qualité auditive diminue progressivement. Le phénomène appelé « presbyacousie », est dû à une perte des cellules neuro-sensorielles de l’oreille interne qui ne peuvent pas se renouveler. C’est pourtant un âge où l’on est encore actif, et où la vie sociale et professionnelle est encore intense. Lunettes, applications, implants, heureusement les innovations ne manquent pas pour permettre à chacun de continuer à mener une vie normale.
Maurice S.