11 janvier 2O15 : I have a dream
Dimanche 11 janvier 2O15 : I have a dream
Par Louise Gaggini
Mercredi la barbarie, la mort, l’injustice ont fracassé les certitudes des Français, le terrorisme pouvait les atteindre jusque dans la capitale, mais au lieu de les laminer, ce fut comme un électrochoc. D’un coup eux qui se croyaient à terre, se sont trouvés debout, républicains, laïques et fiers d’être Français, élevant des bannières pour la liberté d’expression et la liberté de penser. « Je suis Charlie » criaient-il tous.
La beauté parfois survient où l’on ne l’attend pas, et ces milliers d’âmes réconciliées sur le terreau de la mort, étaient d’une étrange et puissante beauté.
Ce mercredi funeste fut celui d’une communion populaire, spontanée et généreuse ; mercredi « l’homme » fut bon, empli d’indulgence et de larmes, d’envie d’amour…
Mais d’autres drames, d’autres morts sont survenus et des fractures se sont ouvertes dans le bel élan libertaire.
Pourquoi ?
Parce qu’a été oublié par ces milliers de personnes, qu’avant la liberté d’expression et de parole, il y a « la liberté ».
Celle inaliénable que doivent avoir tous les individus de vivre libres et égaux en droits. Sans torture ni esclavage, ni discrimination.
Or partout dans le monde on emprisonne, on torture, on assassine, légalement et illégalement. Des milliers de morts jonchent les territoires devant nos yeux indifférents et des centaines de résistants sont dans les prisons de pays avec lesquels nous sommes amis.
C’est d’oublier ce droit fondamental à la liberté de vivre pour chacun et pour tous, avant toute autre revendication, qui fracture les générosités possibles ; c’est d’oublier ce que nous avons tous appris à l’école: liberté, égalité, fraternité, qui autorise le rejet de communautés ou partis, abandonne les Israéliens au terrorisme et les palestiniens à leur misère.
Si aujourd’hui dans l’élan qui va unir les Français, ce n’était pas seulement la liberté d’expression et de parole, mais la liberté et les droits de tous les hommes qui étaient revendiqués, inscrits sur les drapeaux et les bannières, criés en un seul souffle qui passerait les frontières, les mers et les montagnes, pour détruire les tyrannies et les murs des prisons, alors oui avec le droit à la liberté et à la vie pour tous, la parole serait enfin réellement libérée et la liberté d’expression acquise.
Dimanche 11 janvier 2015, j’ai fait ce rêve d’un monde où les hommes sont libres.