Idéologie des dictatures
« Le dictateur »
Réalisé par Charlie Chaplin en 1940
Regardez et réfléchissez à ce film visionnaire de Charlie Chaplin. Nous sommes aujourd’hui dans les mêmes conditions de précarités humaines, sociales et économiques, alors réfléchissons à ce qu’il faut éviter et à ce qu’il faut redécouvrir. Ne pas vouloir comprendre l’histoire passée, c’est avancer vers l’avenir sans guide et sans repères, avec le risque de reproduire les mêmes erreurs.
Nous sommes dans les dernières minutes du film, lorsque le petit barbier juif prend la parole à la place du Führer. Il s’adresse aux foules et aux soldats dans un discours d’une émotion intense, qui parle d’amour, d’humanité et de fraternité.
Et les foules et les soldats applaudissent.
Et c’est magnifique.
Et c’est terrifiant.
Parce que cette aptitude qu’ont les foules à adorer ou à tuer si « une autorité » leur demande n’a pas changé, pire, elle s’est agrandie, portée et partagée par les réseaux Internet et les nouvelles technologies.
L’homme n’a pas changé d’un iota. Il a lapidé consciemment l’économie du monde. Il a dévasté sa terre, installé l’injustice, la terreur, la pauvreté, la famine, mais, après avoir cassé ses jouets, malheureux et en souffrance de ses inconséquences, il invoque les cieux et attend son messie, son sauveur, son père omnipotent et salvateur.
Les sciences humaines nous ont appris que lorsque les hommes ressentent comme une infirmité l’impossibilité de maîtriser leur destin, ils préfèrent s’en remettre à un principe supérieur qui donne une causalité et un sens aux accidents et à la violence de l’histoire.
Un sens supérieur à qui ils obéiront sans état d’âme, parce que, ce qui justement les fait souffrir ce sont les états d’âme ; comprendre et devoir réagir ; prendre des décisions. Ce qu’ils veulent, c’est exactement le contraire, ne plus réfléchir et ne plus choisir.
Choisir !!!
Tout est là. La vie est un choix constant entre une chose et une autre, mais c’est fatigués, apeurés, réduits par des peurs multiples savamment distillées par des marionnettistes de talent, que les hommes deviennent aptes à écouter et suivre celui qui a les mots pour rassurer et réconforter. Reconnaissants et heureux, ils adulent alors ce qu’on leur demande d’aduler et tuent ce qu’on leur demande de tuer…
«Le dictateur» était, est, un film visionnaire qui relate assez précisément l’état de notre monde actuel ainsi que les dangers que nous pourrions de nouveau avoir à affronter. Il démontre surtout notre facilité naturelle, à nous soumettre « au chef », et à oublier notre individualité et notre humanité pourvu qu’on nous dégage de la responsabilité de l’action ou de l’acte, si barbare soit-il.
La déliquescence de nos sociétés ne serait pas arrivée si nous savions lire l’histoire, mais nous ne sommes encore que des analphabètes, ignares et ignorants de la vie. Nous la magnifions sur des clichés de cinéma, mais nous sommes toujours inaptes à en saisir le sens.
Nous parlons de divins, nous communions dans les églises, nous avons inventé les mots éthique et déontologie, mais seulement pour mieux les contourner, pour mieux maîtriser les fragiles et les innocents, que l’on fait toujours marcher au son des trémolos qui les envoient mourir dans des pays en guerre, et dont on ne retiendra que les mots mensongers « morts pour la France, morts pour le pays.»
Les jeunes morts d’Irak hier et d’Afghanistan d’aujourd’hui, sont hélas les mêmes que ceux de la guerre d’Algérie, tous morts pour rien. Enfin, pour quelques dollars de plus sans doute, qu’empocheront les vendeurs d’armes.
Heureusement, quand même, l’homme si imparfait soit-il, est multiple, c’est son malheur, mais aussi son espérance et sa possibilité de rédemption.
À condition toutefois d’avoir pour le guider, tant est vrai qu’il a encore la nécessité d’un guide, la bonne personne, le bon leader, le bon président .
Et puisque les élections de 2012 seront bientôt là, n’oubliez pas, avant de voter, comme au cinéma, lisez le programme !
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C’est toujours lorsque le monde va mal que surgissent les dictateurs, les tyrans, les gourous et les despotes.
L’idéologie nazie est hélas un mal parfaitement partagé sur la terre, même si elle prend d’autres noms et d’autres formes.
L’hypocrisie est de laisser croire que c’est une idéologie spécifique et révolue, alors qu’elle sévit à plus ou moins grande échelle dans la plupart des pays, même les nôtres, même chez ceux que l’on dit développés.
Les idéologies extrémistes qui poussent aux génocides sont rarement spontanées et le plus souvent installées par des oligarchies ou des gouvernements qui veulent tirer des avantages politiques, de puissance et d’argent en modifiant les lignes géopolitiques à leur profit.
Depuis la deuxième guerre mondiale, ils agissent moins ouvertement, mais avec l’accord consensuel d’autres pays du monde qui ont à gagner aussi à certaines mainmises, c’est aujourd’hui avec des bannières et des drapeaux qui parlent de régulation des combats «d’aides techniques et humanitaires » que sont envahis et spoliés, détruites ou dirigées, torturées, tant de nations du monde.
Pas un continent n’a été épargné dans l’histoire des hommes, et peut-être qu’aucun ne le sera d’ici 10 ans, mais que ce soit par en dessous ou ouvertement, par les armes ou par l’économie, il y a une constante incontournable qui permet aux dictateurs d’exister, c’est la peur.
Les hommes ont peur de souffrir, de manquer, du noir, du vide ; des peurs auxquelles s’ajoutent celles qui sont concrètes du chômage et d’une économie effondrée qui ramèneraient à une jungle où il faut manger ou être mangé. Disparaître.
Quelle arme, quel levier formidable pour soulever les foules, que cette peur sourde qui paralyse les hommes.
C’est donc toujours la peur qui sera brandit pour faire accepter aux hommes l’inacceptable et l’indigne, le meurtre ou le rejet d’un groupe, d’une ethnie ou même d’une seule personne.
La peur avec son apaisement simultané par «un chef» qui proposera protection et bienfaits.
Une chef de meute, un loup, celui-là même qui aura été à l’origine de la peur, qui l’aura élaborée, mise en place et développée par tous les moyens et réseaux possibles.
Internet et certains médias sont actuellement les vecteurs fous et inconscients, de ces fous de pouvoir.