Les propositions de Paris et Berlin en faveur de la croissance
Le Monde | 09.09.2014 à 15h17 • Mis à jour le 09.09.2014 à 15h43 | Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Il s'agit d'inscrire au plus vite à l'agenda européen la thématique de la croissance et aussi de prouver que, au-delà du débat assez binaire entre partisans de l'austérité outre-Rhin et adeptes de la dépense publique à Paris, Français et Allemands – la colonne vertébrale de l'Union européenne –, peuvent travailler ensemble.
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D'abord, sur le constat, les deux ministres des finances veulent afficher leur accord : la crise de l'euro a été surmontée, mais la croissance économique est toujours fragile et les dettes publiques dans l'Union se situent encore, dans certains pays, à des niveaux records. Elles doivent être réduites et les réformes structurelles poursuivies.
Mais, pour jouer sur le potentiel de croissance de l'Europe, il faut augmenter l'investissement, qui, à fin 2013, était en moyenne 15 % moindre sur le continent qu'avant le début de la crise de 2008.
UN FONDS POUR FINANCER DES PROJETS RISQUÉS
Sur le front des mesures, les équipes de M. Schäuble et Sapin proposent notamment, pour inciter les acteurs publics à parier sur des projets ou dans des pays en manque d'investissement, de renforcer le rôle de la Banque européenne d'investissement (BEI).
Le bras armé financier de l'Union se verrait attribuer comme objectif de financer des projets plus risqués que ceux auxquels il s'autorise aujourd'hui à participer et de remplir davantage son rôle d'investisseur « contracyclique ».
Créée en 1957 par le traité de Rome, la BEI emprunte sur les marchés financiers pour financer des projets, principalement au sein de l'Union. Elle a été recapitalisée à hauteur de 10 milliards d'euros en 2012, pour pouvoiremprunter davantage sur les marchés, et donc accorder plus de prêts.
Mais sa supposée frilosité et sa lenteur sont régulièrement pointées du doigt. Paris et Berlin voudrait que l'institution adapte son comportement.
Les deux capitales étudieraient, par exemple, la possibilité de confier un mandat à la BEI pour gérer un fonds abondé par les états membres, destiné à financer des projets jugés risqués. Ce fonds serait garanti par des fonds du budget européen.
SOMMET SPÉCIAL
Cet été, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le président de la future commission européenne, qui rentre en fonction début novembre, a assuré que l'une de ses grandes priorités serait la restauration de la croissance en Europe. Il a aussi lancé l'idée d'un grand plan de relance européen de 300 milliards d'euros sur trois ans.
Depuis, le débat va bon train en coulisses, sur les moyens de mettre ce plan en musique. Sachant - tout le monde l'a bien compris -, que les 300 milliards ne proviendraient pas seulement de fonds publics.
Paris et Berlin veulent participer au débat au premier chef. L'idée est aussi de préparer le terrain pour le prochain conseil européen du 23 au 25 octobre, et pour le sommet spécial sur la croissance, réclamé par François Hollande, dont la date n'a pas encore été arrêtée, mais qui pourrait se tenir en novembre, après la mise en place de la nouvelle commission « Juncker ».
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