Le japonais Mitsubishi propose d'entrer au capital d'Alstom
MHI « prépare une alternative à l'offre de General Electric, qui offre de racheter la branche énergie d'Alstom pour 12,5 milliards d'euros, écrit le quotidien. Selon nos informations, le groupe nippon ne va pas proposer une acquisition de l'activité énergie d'Alstom, mais une alliance avec le groupe français, sur le modèle Renault-Nissan. »
Une source proche du dossier a confirmé au Monde que l'entrée de Mitsubishi Heavy Industries au capital d'Alstom est très sérieusement envisagée. Le groupe japonais reprendrait une partie de la participation de Bouygues, qui détient 29,4 % du conglomérat français. Il n'est pas impossible que la Caisse des dépôts et consignations, qui détient 0,9 % d'Alstom, augmente un peu sa participation. Cela permettrait à Alstom de continuer sa route, même amputé d'une grande partie de son cœur de métier dans l'énergie : la fabrication de turbines pour centrales électriques. L'offre de l'américain Général Electric prévoit, en l'état, un rachat de la branche énergie du groupe français pour 12,3 milliards d'euros.
Dans ce schéma, MHI achèterait les turbines à vapeur équipant les centrales nucléaires d'EDF, tandis que l'allemand Siemens reprendrait l'activité de turbines à gaz afin de concurrencer GE, qui domine le secteur mais qui, avec les mêmes turbines à gaz d'Alstom, aurait les deux tiers du marché mondial. Le secteur des réseaux électriques et des éoliennes resterait au sein d'Alstom.
Siemens échapperait à un écueil : devenir dominant en Europe, aux yeux de Bruxelles, dans ces deux secteurs. Dans les éoliennes offshore, le groupe de Munich détient 60 % du marché mondial. Siemens a toujours l'intention de céder sa branche ferroviaire. En chiffre d'affaires, le nouvel Alstom Transport pèserait près de 13 milliards d'euros, soit un peu plus que son premier concurrent chinois, fait valoir une source proche du dossier. Mais Alstom estime que cette activité de Siemens est fragile et qu'il devrait alors faire lui-même ce que les Allemands n'ont pas fait : restructurer et réduire les effectifs.
L'ELYSÉE APPELLE À AMÉLIORER LES OFFRES
De son côté, l'Elysée a appelé l'américain General Electric et le tandem germano-nippon Siemens/MHI, auquel vient de se rallier un second groupe japonais, à améliorer leurs offres de rachat du pôle énergie d'Alstom. A l'issue d'une réunion autour de François Hollande, qui a duré trois quarts d'heure, en présence notamment du premier ministre, Manuel Valls, et du ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, la présidence française a rappelé que l'Etat n'avait pour l'heure aucune « préférence pour telle ou telle proposition ».
« Aujourd'hui, il y a une offre qui est connue et déposée qui est l'offre de General Electric et une offre qui devrait être confirmée dans les prochains jours qui est celle de Mitsubishi associé à Siemens. Nous n'avons pas de préférence pour telle ou telle proposition. Nous avons des exigences qui sont l'emploi, le maintien de l'activité en France, l'indépendance énergétique. C'est à cette aune-là que nous regarderons les choses. (...) Notre objectif maintenant c'est de continuer à aider à ce que les propositions s'améliorent pour servir au mieux ces différents objectifs. »
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LE PRÉCÉDENT DE MHI-AREVA
Des coentreprises franco-japonaises pourraient aussi être montées. En 2007, MHI en a créé une avec le groupe nucléaire français Areva. Baptisée Atmea, elle assure le développement, la fabrication et la commercialisation d'un réacteur nucléaire de moyenne puissance (1100 mégawatts). Il vient d'être vendu à quatre exemplaires à la Turquie.
L'allemand Siemens a relancé mercredi la bataille pour le rachat du pôle énergie d'Alstom, en annonçant s'être allié au japonais Mitsubishi en vue d'une éventuelle offre commune, afin de contrecarrer General Electric (GE). Officiellement les géants nippon et allemand n'ont encore avancé aucune offre chiffrée, mais le quotidien japonais Nikkei, bible des milieux d'affaires de l'Archipel, a affirmé qu'ils proposaient 7,25 milliards d'euros.
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