L'infante d'Espagne clame son innocence lors de son audition
Après sept heures d'interrogatoire, l'infante a quitté en voiture le tribunal Palma de Majorque, aux Baléares. Premier membre de la Famille royale mise en examen dans le scandale qui empoisonne la monarchie, elle était arrivée le matin, blonde et souriante, saluant les caméras de télévision du monde entier d'un bref « bonjour ».
Assise dans un fauteuil de velours rouge, dans une salle d'audition dominée par le portrait officiel de son père, le roi Juan Carlos, Cristina, 48 ans, a longuement défendu son innocence, répondant pendant cinq heures à l'interrogatoire fouillé du juge José Castro, qui instruit ce dossier explosif, puis aux questions du procureur et des avocats.
Lire notre analyse : L'infante Cristina parviendra-t-elle à échapper à la justice espagnole ?
Le juge soupçonne la plus jeune fille du roi d'avoir coopéré avec son mari, l'ancien champion olympique de handball Iñaki Urdangarin, mis en examen le 29 décembre 2011 et suspecté d'avoir détourné, avec un ex-associé, 6,1 millions d'euros d'argent public.
« La justice fonctionne. Nous sommes tous égaux face à la loi et l'infante l'a démontré », a lancé son avocat, Miquel Roca, en sortant du tribunal. « Tout a pu être éclairci. L'interrogatoire a pu montrer à quel point l'infante est innocente de toutes les accusations qui ont été dirigées contre elle », a affirmé l'autre défenseur de Cristina, Jesus Maria Silva.
« CONFIANCE » EN SON MARI
Selon les avocats des parties civiles, l'infante a affirmé qu'elle ignorait les activités de son époux et assuré qu'elle avait « toute confiance en son mari », avec qui elle partage pour moitié la société Aizoon soupçonnée d'avoir servi de société écran dans les détournements. « Je ne sais pas. Je ne suis pas au courant. C'est mon mari qui s'occupait de cela », a-t-elle répondu, selon Manuel Delgado, avocat de l'association de gauche Frente Civico.
« Les délits contre le fisc qui sont reprochés à Iñaki Urdangarin auraient difficilement pu être commis s'ils n'avaient pas, pour le moins, été connus et approuvés par son épouse », a expliqué le juge. Pour le Parquet au contraire, le montant des détournements n'est pas suffisant pour constituer un délit.
Après cette audition, le juge Castro devrait clore l'instruction ouverte en 2010: il décidera alors si « l'affaire Noos », du nom de la fondation à but non lucratif présidée entre 2004 et 2006 par Iñaki Urdangarin, débouchera ou non sur un procès.
MANIFESTATION DEVANT LE TRIBUNAL
A l'écart du tribunal cerné par la police, quelques dizaines de manifestants s'étaient rassemblés, réclamant « justice ». Andres Rodriguez, un chauffeur de bus de 35 ans, portait une pancarte avec les mots : « La justice a pour nom Castro ». « Pour nous, le juge Castro est un des grands d'Espagne. Il a osé faire face aux plus grands de ce pays », lançait ce manifestant.
Détaillée dans un arrêt de 227 pages, la mise en examen de l'infante est tombée le 7 janvier comme une bombe : longtemps ultra-protégée, aujourd'hui assaillie par les scandales, la monarchie espagnole découvre qu'elle n'est plus intouchable.