Plusieurs milliers de camions bloquent les routes contre l'écotaxe
Plusieurs milliers de camions bloquaient les routes de France, samedi 30 novembre, à l'appel de L'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), qui réclame l'abandon de l'écotaxe. « Nous sommes satisfaits de la mobilisation, et nous sommes très bien accueillis par les automobilistes, que nous laissons passer, et auxquels nous distribuons des tracts », a déclaré samedi un porte-parole de l'OTRE, qui fait état de quatre mille cinq cents véhicules mobilisés, tandis que pour le ministère de l'intérieur, ils étaient deux mille deux cents.
Les barrages filtrants provoquaient des ralentissements sur plusieurs grands axes. A la mi-journée, la Place Beauvau recensait quarante-sept « points d'action » des chauffeurs routiers, principalement des barrages filtrants et des opérations escargot, sur l'ensemble du territoire.
En Ile-de-France notamment, le CNIR recensait « des ralentissements très importants » sur l'A4 et l'A1 vers Paris, ainsi que sur l'A6 vers la province. La préfecture de police« conseille vivement aux automobilistes de différer leurs déplacements et de privilégier les transports en commun, et notamment pour les poids-lourds de contourner les trois autoroutes impactées, à savoir A1, A4 et A6 ».
Au niveau de l'aéroport de Roissy, sur l'autoroute A1, une soixantaine de poids-lourds, feux de détresse ou gyrophares allumés, ne laissent passer les voitures qu'au compte-gouttes, a constaté un journaliste de l'Agence France-presse.
« ÉCOTAXE=RACKET+FAILLITE+CHÔMAGE »
En province, la N19 est notamment coupée dans les deux sens à hauteur de Vesoul depuis 8 h 30. Dans la région Rhône-Alpes, 15 km de bouchons sont annoncés sur l'A480 et la rocade sud de Grenoble, tandis qu'un rassemblement d'environ quatre-vingts poids-lourds a provoqué la fermeture de l'accès à l'A6 est à Châlon sud.
A Toulouse, des opérations escargot sont menées sur les rocades intérieure et extérieure, qui laissent la file de droite libre. Sur l'un des camions, une banderole affiche : « Ecotaxe=Racket+Faillite+Chômage ». Trois barrages ont été installés en Lorraine, dont un à Phalsbourg, où la gendarmerie a indiqué qu'une centaine de camions étrangers étaient immobilisés par les manifestants.
« Nous sommes loin d'avoir obtenu gain de cause, c'est la quatrième fois qu'on nous annonce un report avec comme argument qu'on va mieux nous expliquer », a déploré Christian Dupuy, porte-parole alsacien de l'OTRE. « Mais notre position est claire: les transporteurs français payent déjà une taxe depuis 1965, la taxe à l'essieu, qui sert à l'entretien des routes, donc il est hors de question que l'on paie deux fois. Ils n'ont qu'à la rebaptiser “écotaxe” s'ils veulent. »
A Nantes, une trentaine de camions garés à l'entrée de la ville ralentissent la circulation sans la bloquer, et les manifestants installés sur le pont routier de Morlaix doivent ensuite se rendre à Carhaix (Finistère) à un rassemblement de « bonnets rouges ».
« LE COMBAT D'UNE ORGANISATION »
D'autres fédérations du secteur n'appellent pas leurs adhérents à manifester. « Samedi, ce n'est pas le combat de la profession, mais le combat d'une organisation », a dénoncé l'Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles (Unostra) Aquitaine.
Pour l'OTRE, le gouvernement doit purement et simplement renoncer à l'écotaxe, tandis que la Fédération nationale des transporteurs routiers, l'Union des entreprises de transport et de logistique, l'Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles et la Chambre syndicale du déménagement en acceptent le principe tant qu'elle est compensée par une majoration forfaitaire de leurs prix. Votée par l'Assemblée nationale, cette disposition doit leur permettre de répercuter l'écotaxe sur leurs clients.
PAS DE CALENDRIER « ARRÊTÉ »
L'Assemblée nationale a créé le 12 novembre une mission d'information sur l'écotaxe, et les sénateurs socialistes ont fait savoir qu'ils allaient demander la création d'une commission d'enquête sur la société italienne Ecomouv', chargée de la mise en place et de la collecte de cette taxe décidée en 2009 par la précédente majorité, qui doit servir à financer des infrastructures de transport et à entretenir les routes.
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Le calendrier de l'écotaxe « n'est pas arrêté », a rappelé Matignon vendredi. L'abandonner serait lourd de conséquences pour l'Etat. En vertu du contrat signé avec Ecomouv' dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP), il devra payer près de un milliard d'euros à l'entreprise en remboursement des investissements réalisés.
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Vendredi, ce sont les agriculteurs de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) qui ont manifesté, menant des actions symboliques comme l'installation de portiques en paille, contre les « surenchères fiscales et réglementaires ».