Liban : affrontements entre pro et anti-Assad
Les heurts ont opposé des habitants du quartier sunnite de Bab al-Tabbaneh, gagnés à la cause des rebelles syriens, et du quartier alaouite de Jabel Mohsen, qui soutient le président Bachar Al-Assad, membre lui aussi de cette branche de l'islam chiite. La population de Tripoli est composée de 80 % de sunnites et de 11 % d'alaouites.
D'après un responsable de la sécurité, les deux morts de samedi, un adolescent et un trentenaire, étaient originaires de Bab al-Tabbaneh. Les tensions se sont de nouveau aggravées dans la ville à partir de jeudi, après que des drapeaux syriens eurent été hissés à Jabal Mohsen, qui surplombe Bab al-Tebbaneh, où des drapeaux de la rébellion syrienne ont à leur tour été déployés.
Ces divisions confessionnelles reflètent les tensions croissantes au Liban du fait de la guerre civile en Syrie. En août, l'explosion de deux voitures piégées devant des mosquées sunnites a fait quarante-deux morts et plusieurs centaines de blessés. Depuis le début de l'année, les affrontements entre partisans de Bab al-Tabbaneh et de Jebel Mohsen ont fait des dizaines de morts.
Les heurts de samedi ont éclaté malgré la présence de soldats à la suite d'informations faisant état de la mort de plusieurs Libanais de confession alaouite. L'armée, déployée dans le secteur pour tenter de séparer les belligérants et d'apaiser les tensions, a fait état de deux soldats blessés dans ces échanges de tirs. Lors d'un autre incident, un habitant de Jabal Mohsen a été blessé par des tirs samedi matin alors qu'il passait dans un secteur alaouite de Tripoli.
L'armée a également annoncé la mort d'un homme dans la nuit de vendredi à samedi au cours de manifestations déclenchées par l'arrestation d'un habitant en lien avec le double attentat-suicide dans la banlieue sud de Beyrouth le 19 novembre. Cet attentat avait fait vingt-cinq morts devant l'ambassade d'Iran, et avait été revendiqué par un groupe lié à Al-Qaida, qui affirmait agir en représailles à l'implication du Hezbollah, parti libanais parrainé par l'Iran, dans les combats contre les rebelles en Syrie.
DÉCOUVERTE DE ROQUETTES
L'armée libanaise a annoncé samedi avoir désamorcé trois roquettes Grad prêtes à être tirées, découvertes à Al-Qaa, une région de l'est du Liban, frontalière de la Syrie.
Al-Qaa, limitrophe de la province syrienne de Homs, est située dans une zone frontalière poreuse où de multiples points de passages clandestins servent à des trafics en tout genre et au passage de réfugiés fuyant la guerre en Syrie. Mais ce trafic s'est ralenti récemment avec la reprise par l'armée syrienne des villages proches d'Al-Qaa.
Al-Qaa et Aarsal, un village distant d'une dizaine de kilomètres, sont deux foyers sunnites favorables à la rébellion syrienne dans la région de la Bekaa, un fief du puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, allié du régime de Damas.