Il n'y a pas de mafias en France, mais des « organisations structurées »
Un « document stratégique » et « confidentiel » de cent quarante pages, avec cartes et graphiques, a été réalisé récemment par des experts de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).
Colligeant les données des services de police, de gendarmerie ou du renseignement, ce document du service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) dresse chaque année un état des lieux des « organisations criminelles ».
Le rapport 2012-2013, que l'Agence France-presse s'est procuré, pointe la « persistance des organisations criminelles françaises traditionnelles » (milieux corses, marseillais ou des « gens du voyage »). Il alerte sur « l'évolution du grand banditisme avec la montée en puissance d'une jeune génération issue des cités (HLM) sensibles ».
IMPLANTATION DES GRANDES MAFIAS
Les experts se disent préoccupés par le « fort impact du trafic international de stupéfiants », qui se caractérise par « l'activisme et les capacités d'adaptation des organisations criminelles » issues de ces cités.
Elles sont, écrivent-ils, « responsables des importations massives et continues de cannabis marocain (...), principale source d'irrigation de l'économie souterraine en France ».
Le rapport se penche aussi avec force détails sur la « présence dans la plupart des agglomérations françaises d'organisations criminelles étrangères » et s'inquiète du « maintien de l'implantation des grandes mafias (russophones, italiennes, chinoises) notamment en région parisienne et sur la Côte d'Azur ».
« La France ne connaît pas de phénomènes mafieux au sens italien du terme (...), pouvant défier l'Etat », nuance le Sirasco. Mais il y a un « développement de multiples organisations criminelles plus locales et réduites » dont « la détermination et la dangerosité restent très élevées ».