Le Royaume-Uni met ses tabloïds au pas
Londres, correspondant
Proposée par les trois principaux partis politiques à la suite du scandale des écoutes clandestines du défunt tabloïd News of the World (NoW), cette législation restrictive n'entrera en vigueur qu'après les élections générales devant se dérouler, au plus tard, à la mi-2015.
Onze mois après la publication du rapport Leveson sur les dérives dont plusieurs journaux se sont rendus coupables, le principe de la création d'un organisme ad hoc de régulation chargé de fairerespecter un nouveau code de conduite de la presse a reçu l'assentiment royal mercredi 30 octobre. Le projet de réforme mettant fin au système d'autoréglementation en vigueur contraint les journaux à respecter une certaine déontologie.
Finie l'intrusion des « fouineurs » de vie privée des tabloïds prêts à tout pour obtenir des scoops en traquant les stars par des moyens illicites, écoutes ou zooms. Les paparazzis vont devoirrentrer dans le rang.
Encadrée par la loi, cette mise au pas prévoit des « dommages et intérêts exemplaires » pour les journaux qui, refusant de participer à ce nouveau système, seraient reconnus coupables de diffamation.
« Cette charte soutenue par un public indigné est destinée à mettre fin à des décennies d'autoréglementation inefficace et de promesses non tenues des propriétaires » : à écouter Steven Barnett, professeur de journalisme à l'université de Westminster, cette loi doit promouvoir un journalisme de qualité et permettre aux victimes d'intrusion d'obtenir une juste réparation tout en sauvegardant la liberté de la presse.
La coalition tory - libérale-démocrate au pouvoir, alliée à l'opposition travailliste, a profité d'un hasard du calendrier pour faire passer le texte. En effet, le procès hautement médiatisé de huit anciens cadres dirigeants et journalistes du NoW dans le cadre de l'affaire du piratage des boîtes vocales de célébrités s'est ouvert le 21 octobre.
COMITÉ D'ÉTHIQUE
Le Royaume-Uni a l'une des réglementations les plus libérales au monde excluant de facto toute protection de la vie privée. Visant la famille royale, les stars du show-business ou les hommes politiques, les tabloïds tout comme parfois les quotidiens de qualité ont fait leurs choux gras de ce laxisme pour révéler des scandales de moeurs très vendeurs.
C'est pourquoi, l'ensemble des journaux, à l'exception du Guardian, ont tenté en vain de torpiller une législation qui menacerait l'avenir de la presse écrite en ces temps de disette. Seule concession obtenue, la profession contrôlera le futur comité d'éthique éditoriale.
Pour aller plus loin : Lord Leveson veut mettre au pas la presse britannique