Dernier duel entre Samia Ghali et Patrick Mennucci à Marseille
La sénatrice Samia Ghali, 45 ans, élue des quartiers nord, part avec une longueur d'avance après être arrivée en tête avec 25,25 % des 20 734 votes exprimés au premier tour. Le député Patrick Mennucci, 58 ans, élu du centre-ville doté d'un physique de géant et d'un accent rocailleux, qui a récolté 20,65 % des suffrages, peut lui se prévaloir du soutien de trois des quatre candidats éliminés – seul le conseiller général Christophe Masse (14,29 %) n'a pas donné de consigne de vote pour ce second tour.
Lire nos entretiens avec Samia Ghali ( "Patrick Mennucci rassemble les élus, je rassemble les Marseillais") et avec Patrick Mennucci ("J'appelle à un vote net et je pousserai à un rassemblement avec Samia")
DES BUS ET DES BUREAUX DE VOTE "NEUTRES"
Les sympathisants socialistes, comme au premier tour, pourront se rendre dans l'un des cinquante-cinq bureaux de vote, répartis sur quinze lieux dans la ville, et ouverts de 9 heures à 19 heures. Mais la surveillance sera renforcée, affirme la Haute autorité des primaires (HAP), garante de la bonne tenue de ce scrutin, qui assure avoir tiré des enseignements d'un premier tour chaotique.
Dimanche dernier, les problèmes de listes d'émargement fausses ou incomplètes et surtout l'affaire "des minibus" – des véhicules loués par la sénatrice pour emmener les électeurs aux bureaux de votes – ont laissé des traces. Les transports collectifs sont "légaux" pour la HAP, et Mme Ghali a déjà prévenu qu'elle y aurait de nouveau recours, mais le dispositif ne doit pas "remettre en cause le libre choix de vote". Exit, donc, les affichettes de candidat sur les bus, exit également les débats aux abords des lieux de vote, qui doivent rester"neutres", prévient l'autorité. Elle y portera une "attention toute particulière".
LA DISCRÉTION POUR CONSIGNE
Les candidats, tout deux "forts en gueule", ont également reçu pour consigne de rester discrets. Sur les six candidats en lice dimanche dernier, cinq s'étaient largement exprimés durant le scrutin, une "transgression générale" du code électoral pour l'autorité.
Lire aussi : " La Haute Autorité de la primaire PS recadre les candidats à Marseille"
Ces rappels à l'ordre et ce dispositif suffiront-ils à garantir un scrutin serein ? Rien n'est moins sûr, au vu de la semaine écoulée, lors de laquelle les candidats ont échangé coups pour coups et se sont même fait piéger au téléphone par un humoriste samedi.
Car dans cet entre-deux-tours très tendu, les différences de fond entre les deux candidats, qui existent pourtant – Mennucci veut vendre le stade Vélodrome, pas Ghali ; elle est contre la métropole, lui la soutient –, ont été les grandes absentes, laissant place aux accusations ad hominem.
Lire le compte-rendu du débat télévisé qui a opposé les deux candidats
Après le ralliement de la quasi-totalité des autres candidats à son adversaire, la sénatrice a rapidement accusé son rival d'être"le candidat de Paris, de Matignon", notamment lors du soutien du président de la communauté urbaine Eugène Caselli (16,57 %), après, selon elle, un coup de fil de Jean-Marc Ayrault.
UN "RASSEMBLEMENT" SOCIALISTE COMPROMIS
Le député, alors qu'il semblait plutôt vouloircalmer le jeu en début de semaine, a fini par dégainer vendredi, lâchant que Samia Ghali était la "candidate du système [Jean-Noël Guérini]", le président du Conseil général tombé en disgrâce suite à ses démêlés judiciaires. "Il a été le premier enfant du système Guérini", a réagi Samia Ghali, poursuivant sa dénonciation de la "bande à Mennucci" et affirmant avoir le sentiment de "faire campagne contre le Front national".
Après pareilles accusations, le rassemblement dimanche soir derrière le candidat désigné, objectif initial de cette primaire pour les socialistes, semble compromis, même si le PS espérait encore samedi réunir les deux candidats à l'issue du scrutin. Si M. Mennucci n'a eu de cesse d'affirmer qu'il se rallierait en cas de défaite, Mme Ghali a soigneusement éludé la question, affirmant ne pas envisager de perdre, avant finalement de laisser planer le doute, samedi, sur son avenir au PS, si elle arrivait deuxième.
Une autre primaire se tient par ailleurs dimanche non loin de Marseille, à Aix-en-Provence, où deux candidats socialistes, Edouard Baldo et Jacky Lecuivre, doivent être départagés