Le président soudanais s'explique enfin après les manifestations meurtrières
Dans sa première réaction en neuf jours de manifestations, qui ont fait au moins 34 morts, M. Al-Bachir a mis en avant "l'augmentation de l'inflation et l'instabilité des taux de change", alors que la levée des subventions actée le 23 septembre a provoqué une augmentation de plus de 60 % du prix des carburants. Selon l'agence de presse officielle SUNA, il a également dénoncé la "conspiration menée par des saboteurs" contre le Soudan, tout en reconnaissant que "mes manifestations pacifiques sont un droit fondamental".
Depuis la séparation du pays avec le Soudan du Sud, en 2011, le président Al-Bachir a multiplié les mesures visant à stabiliser une économie grevée par la perte d'une grande partie de la production pétrolière, et donc d'importantes sources de revenus.
HAUSSE GALOPANTE DES PRIX
Mais comme l'explique Osama Mohamed, 47 ans, les gens en ont marre d'entendreparler de réformes par un régime en place depuis vingt-quatre ans : "Après la mort de ces jeunes [lors des manifestations], nous ne pouvons pas nous taire." L'inflation, qui a dépassé le 40 % au début de l'année, est retombée à 22,9 % en août, selon des données officielles. Mais les prix affichés sur les marchés ne reflètent en rien cette baisse et continuent de monter.
Le bilan des manifestations qui ont lieu depuis neuf jours pourrait être bien plus important que les chiffres avancés par les autorités : selon les organisations des droits de l'homme et une source diplomatique étrangère, il pourrait atteindre 50, voire même 200 morts.
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SLOGANS DU PRINTEMPS ARABE
"Pourquoi ont-ils tué nos frères et nos sœurs ?", demande Sosan Bashir, une jeune femme de 35 ans. "Après ce qui s'est passé, nous n'avons plus confiance dans le gouvernement." Pour elle, le sang versé va alimenter de nouvelles manifestations visant à "renverser le régime". Dans les manifestations soudanaises, au milieu des cris de "liberté ! liberté !" résonnaient les slogans du printemps arabe réclamant la liberté et la chute du régime.
Le gouvernement a annoncé avoir arrêté des centaines de "criminels" et a expliqué qu'il avait été contraint d'intervenir la semaine dernière quand les manifestants étaient devenus violents et avaient attaqué des stations-service et des commissariats.