L'encadrement des loyers avantage les locataires les plus aisés
Ses conclusions ne vont probablement pas faire plaisir à la ministre du logement, Cécile Duflot. "Ce dispositif n'a pas eu l'effet escompté, écrit Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris-Ouest. Que les agglomérations aient été ou non concernées par le décret, partout les loyers ont progressé (entre deux locataires) à un rythme comparable à celui observé en 2012."
16 % DE BAISSE À PARIS
Que dit exactement le texte ? Dans certaines zones tendues dotées d'un observatoire des loyers, le nouveau loyer ne peut excéder un "loyer médian de référence majoré" tenant compte des caractéristiques du logement. Selon les simulations de Clameur, à Paris, où la médiane des loyers (tous types de biens confondus) ressort à 23,30 euros le mètre carré, 23 % des loyers devraient être ajustés à la baisse car ils sont supérieurs de plus de 20 % à la médiane. En moyenne, la diminution de loyer devrait atteindre 16 %, et jusqu'à 32 % pour les 5 % des loyers les plus élevés.
Conclusion : l'encadrement des loyers est efficace pour fairebaisser les loyers les plus élevés. D'où l'idée que ce dispositif favoriserait les locataires les plus aisés. "A priori, ce ne sont pas les ménages les plus modestes qui habitent les logements les plus chers !", glisse M. Mouillart. De même, à Lyon, les 5 % de loyers les plus élevés du marché baisseraient de 43 %.
Reste que Clameur n'a pas analysé l'impact du dispositif sur les microsurfaces (chambres de bonne, etc.) louées à des prix prohibitifs, alors que ce sont les nombreux excès constatés sur ce marché, en particulier à Paris, qui avaient poussé le gouvernement à légiférer.