Egypte : la présidence promet des législatives avant 2014
Moins d'une semaine après que l'armée a renversé Mohamed Morsi, le président intérimaire d'Egypte, Adli Mansour, a fixé lundi 8 juillet un calendrier pour organiser des élections législatives dans le pays avant 2014. Ce scrutin sera ensuite suivi d'une élection présidentielle, qui devrait avoir lieu après la réunion du Parlement nouvellement élu.
Dans un décret, Adli Mansour a déclaré que des élections parlementaires auraient lieu une fois que des amendements à la Constitution, actuellement suspendue, auront été soumis à référendum, ce dans un délai de quatre mois et demi. Ces élections, précise-t-il, devront avoir lieu dans les quinze jours suivant l'approbation de ces amendements par référendum. La déclaration, diffusée par l'agence de presse officielle MENA, précise que le président de la République détient le pouvoir exécutif et rappelle l'indépendance de la justice.
La Constitution égyptienne, adoptée en décembre dernier et accusée par l'opposition d'ouvrir la voie à l'islamisation de la législation, a été suspendue la semaine dernière après la destitution du président Mohamed Morsi par l'armée. Mercredi soir, l'armée a nommé M. Mansour, président de la Haute Cour constitutionnelle, au poste de président intérimaire. La chambre haute, qui assurait le travail législatif et était dominée par les islamistes, a été dissoute.
SAMIR RADOUANE SOUTENU PAR AL-NOUR
Mais la transition politique est loin d'être réglée, et l'Egypte peine toujours à trouver un premier ministre intérimaire qui fasse l'unanimité. Après des rumeurs sur la nomination de Mohamed El-Baradei, figure de proue du camp laïc, la candidature du social-démocrate Ziad Bahaa Eldin a également été évoquée par la présidence, avant que le parti salafiste Al-Nour s'oppose à ces deux nominations.
C'est désormais l'ancien ministre des finances, Samir Radouane, qui apparaît comme le favori pour devenir premier ministre par intérim, d'autant plus qu'Al-Nour a annoncé mardi qu'il acceptait que ce dernier devienne premier ministre. Il s'agit du premier candidat à obtenir l'aval du parti salafiste. Le parti Al-Nour est un allié d'importance, puisqu'il était la deuxième force politique du Parlement avant la chute du président Morsi, avec une grande puissance de mobilisation. Comme l'explique Stéphane Lacroix, professeur à Sciences Po, le parti Al-Nour sert également de "caution islamiste" pour les anti-Morsi, étant le seul parti islamiste à participer au processus de désignation d'un nouveau gouvernement.
La dispersion d'une centaine de partisans du président déchu Mohamed Morsi, réunis lundi à l'aube devant le siège de la garde républicaine, dans le quartier de Nasr City, au Caire, a tourné au bain de sang.Crédits : REUTERS/AMR ABDALLAH DALSH
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{{/source}} {{#item_lie}}Lire aussi : {{titre}}
{{/item_lie}}La nomination d'un premier ministre est d'autant plus attendue que la journée de lundi a été marquée par de terribles violences, qui ont fait 51 morts et 435 blessés, selon le dernier bilan des services d'urgence. L'armée a en effet ouvert le feu sur une manifestation de partisans du président déchu Mohamed Morsi.
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Après avoir blâmé un "groupe terroriste", l'armée a affirmé avoir été surprise à l'aube "par une foule qui jetait des pierres" et des cocktails Molotov vers l'enceinte du quartier général de la garde républicaine, où serait détenu M. Morsi depuis cinq jours. Certains auraient tenté d'escalader les grilles du club de la garde. Un officier a été tué, selon l'armée, d'une balle dans la tête. Les Frères musulmans accusent, eux, l'armée d'avoir tiré sur des manifestants assis avant la fin de la première prière du matin.
En réaction à ces troubles, les Frères musulmans ont appelé à manifester mardi 9 juillet à travers toute l'Egypte pour protester contre la répression de l'armée.
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