L'assurance-maladie préconise 2,5 milliards d'euros d'économies
Le Monde | 09.07.2013 à 08h20 • Mis à jour le 09.07.2013 à 09h25 | Par Jean-Baptiste Chastand et Laetitia Clavreul
La caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) estime que pour limiter à 2,4 % l'augmentation des dépenses de santé en 2014 – l'objectif gouvernemental –, il sera nécessaire de faire près de 2,5 milliards d'euros d'économies. Les dépenses de santé augmentent en effet mécaniquement chaque année, notamment en raison du vieillissement de la population. Tout l'enjeu est de savoir si ces économies peuvent épargner les assurés. Depuis leur arrivée au pouvoir, les socialistes se font fort de parvenir à maîtriser les dépenses sans baisser les prestations.
CONTRÔLE DES PRESCRIPTIONS
La CNAM prend visiblement acte de cette contrainte, en recommandent de faire d'abord des économies sur les laboratoires et les fabricants de matériels médicaux. En baissant par exemple le prix de certains médicaments (Lucentis et génériques) ou des pompes à insuline, en limitant l'usage et le prix de certaines molécules comme les statines (destinées à traiter l'excès de cholestérol dans le sang), ainsi que certains tarifs de professionnels de santé, plus d'un milliard d'euros d'économies pourraient être réalisées, estime la CNAM.
A cela pourraient s'ajouter 600 millions d'euros de "maîtrise médicalisée". Sous ce terme, se cache un renforcement du contrôle de l'activité médicale, notamment des prescriptions. L'assurance-maladie souhaiterait aussi expérimenter un meilleur contrôle des transports médicaux en ambulance ou favoriser l'autonomie de certains patients diabétiques pour s'administrer de l'insuline. Le reste des préconisations concerne la lutte contre les abus et la fraude ou des économies dans le secteur hospitalier.
PRÉCONISATIONS DE LA COUR DES COMPTES
Aucune des mesures choc prônées le 27 juin par la Cour des comptes dans son rapport sur la situation des finances publiques n'est reprise. Les magistrats financiers avaient, par exemple, préconisé une réduction de l'indemnisation des arrêts maladies. La CNAM estime au contraire qu'il est nécessaire de renforcer les droits des précaires qui ont du mal à franchir les seuils de travail minimum qui permettent de prétendre aux indemnités journalières. La Cour avait aussi recommandé de plafonner la prise en charge des cotisations des médecins libéraux en secteur 1 (tarif Sécu) et de s'attaquer plus largement aux tarifs des professionnels de santé.
Ces deux dernières préconisations avaient déclenché un vif mécontentement des syndicats de médecins libéraux, qui estiment avoir fait leur part d'effort sur leurs dépenses, mieux maîtrisées que celles des hôpitaux. Ils ne sont pas les seuls à avoir trouvé une telle proposition déplacée : "Cela a aussi choqué le conseil de la CNAM, car c'est totalement à contre-temps de la politique de réduction des restes à charge des patients", estime Michel Régereau, son président (CFDT). Reste que la crise, en dégradant encore un peu plus les comptes de la Sécu, pourrait bien prochainement rendre inévitables de tels sacrifices.