Iran : un record de natation non validé pour tenue pas assez conforme à la charia
Elle affirme avoir battu le record femmes de la natation en mer, après avoir parcouru 20 kilomètres dans la mer Caspienne. Elham Asghari, une Iranienne de 32 ans, a nagé, le 11 juin, pendant huit heures dans une zone réservée aux femmes au nord de l'Iran, près de la ville de Nochahr, en présence d'un représentant de la Fédération de natation.
En sortant de l'eau, on lui a annoncé que la sous-ministre des affaires des femmes et du sport, Marzieh Akbarabadi, avait refusé d'enregistrer son record, prétextant que sa tenue n'était pas "assez conforme à la charia".
"On m'a dit qu'il n'existait pas une chose comme un maillot de bain de mer pour les femmes et que c'est bien pour cela qu'on ne pouvait pas enregistrer mon record", explique Asghari dans un entretien accordé au quotidien réformateur Bahar, le 27 juin. La jeune Iranienne y précise qu'elle portait ce jour-là "une combinaison de plongée intégrale, un bonnet, une veste et un foulard". "Absorbant l'eau, ces tenues pèsent six kilos (...). Tout mon corps est blessé", précise-t-elle.
De retour à Téhéran, elle s'est précipitée à la rencontre de la sous-ministre Akbarabadi pour la convaincre d'enregistrer son record. "Elle m'a conseillé de changer de discipline sportive. Mais un nageur professionnel pourrait-il devenir un joueur de tennis de haut niveau ?", s'interroge Asghari.
Ce professeur de natation pour enfants accuse, pendant le même entretien, des responsables iraniens d'"empêcher les femmes d'avancer". "Cela ne concerne pas que moi, dans d'autres disciplines comme le volley-ball, les femmes ont également des ennuis." Asghari demande que ce qu’elle a accompli soit "valorisé" : "Même les hommes les plus forts du monde ne pourraient pas nager pendant huit heures avec les mêmes tenues."
Depuis cette expérience "difficile", elle s'est tournée vers la Toile afin de demander aux internautes de poursuivre le combat. Elham Asghari a posté une vidéo en plusieurs langues sur YouTube, le 17 juin, où elle explique son calvaire et remercie du soutien qu'elle a reçu sur les réseaux sociaux.
"La natation n'est pas exclusivement pour les hommes. Nous, les femmes, avons aussi notre mot à dire", dit-elle dans ce message.
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