Accusations de reportage truqué en Israël : la justice donne de nouveau raison à Charles Enderlin
M. Karsenty dénonce depuis de longues années les conditions de réalisation de ce reportage, daté de septembre 2000, qui montre le jeune Mohammad Al-Doura (12 ans) et son père au milieu d'un échange de tirs entre soldats israéliens et combattants palestiniens. "Une nouvelle rafale. Mohammad est mort et son père, gravement blessé", dit Charles Enderlin lors du reportage, alors que les images montrent des nuages de poussière s'élever du sol devant le père et le fils couchés par terre, ce qui ressemble aux impacts d'une rafale. Il n'est cependant pas possible de dire, au vu des images, si l'un ou l'autre sont touchés. Les images de cet enfant avaient été très largement diffusées dans le monde entier et donné lieu à une polémique sur l'origine des tirs ayant provoqué sa mort.
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"SA VÉRITÉ N'A PAS ÉTÉ ÉTABLIE"
"J'accueille cet arrêt avec une grande satisfaction", a commenté Charles Enderlin. "La cour d'appel (...) a contredit l'intégralité [des] affirmations [de M. Karsenty]. Contrairement à ce qu'il déclare, sa vérité n'a pas été établie, a déclaré le journaliste. En outre, il n'a pas été considéré de bonne foi.""Par-delà la reconnaissance apportée à un journaliste et à une entreprise, c'est aussi celle de tous ceux qui font le métier d'informer avec professionnalisme", a ajouté France Télévisions dans un communiqué.
De son côté, Philippe Karsenty s'est lui dit "serein". "Je sais que la vérité est en marche", a-t-il ajouté en dépit de la décision de justice qui venait d'être rendue. Interrogé sur l'éventualité d'un pourvoi en cassation, M. Karsenty ne s'est pas prononcé, attendant de pouvoir lire l'arrêt de la cour d'appel dans son intégralité. "Mon objectif n'est pas de continuer le combat sur le terrain judiciaire", a-t-il expliqué, se disant davantage préoccupé par "les livres d'histoire". "Mon seul combat, c'est la vérité", a-t-il affirmé, assurant que "ce reportage a été bidonné du début jusqu'à la fin. On le sait, tout le monde le sait."
Un rapport a été publié mi-mai par le gouvernement israélien sur ce reportage et les faits incriminés. Il exonère l'armée et jette le doute sur la mort de Mohammad Al-Doura. Ce rapport assure que "contrairement à l'affirmation du reportage selon lequel l'enfant a été tué, le visionnage par la commission [gouvernementale] des images non montées montre que dans les scènes finales, qui n'ont pas été diffusées par France 2, on voit l'enfant vivant." Ce rapport n'a aucune incidence d'un point de vue juridique sur la procédure opposant M. Enderlin à M. Karsenty.
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M. Karsenty a indiqué avoir réclamé à de multiples reprises que Jamal Al-Doura, père de Mohammad, soit soumis à des examens médicaux afin de déterminer si les cicatrices qu'il porte sur le corps étaient le fait de tirs d'arme à feu, comme le laisse entendre le reportage incriminé. Jamal Al-Doura n'a jamais consenti à ces examens, toujours selon M. Karsenty qui, outre ses fonctions au sein de Media-Ratings, est également adjoint au maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).