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Eh oui, la guerre sévit, les colères grondent et les «raisins de la colère» murissent vitesse grand V, mais dans le monde émergent des libertés nouvelles et j’ai envie de vous dire que la beauté et la tendresse toujours peuvent nous bercer, avec la force et la joie, regardez cette vidéo et laissez-vous porter par la douceur d’un monde originel, le nôtre que nous prenons si peu le temps d’aimer…


 

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L'érotisme dans un journal sérieux ?

Certainement, car la sexualité fait autant tourner le monde que l'économie.

Nouvelles, grands classiques de la littérature, mais aussi reportages et web-expos, vous êtes sur le seuil de notre rubrique lubrique.

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Le N°17, Vient de paraître
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Prévenir, Comprendre, et Mieux vivre avec le Diabète

 

Au sommaire vous trouverez :

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Nutrition :

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Un N° 17, Complet, pour une vie pleine de bonnes résolutions.

DIABETE MAGAZINE , chez votre marchand de journaux.

Inclus: Le Diabétique Gourmand, des recettes goûteuses et light.

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Albert Camus : Entre politique et médias : le mensonge et la nécessité d’y résister quoi qu’il en coûte !

 

Par Christian Duteil

Albert Camus

 

Alors que le mensonge et l’opportunisme ne cessent sévir et s’étaler à la une du gouvernement, et de nos médias qui ont remplacé l’éthique politique pour les uns, et le souci de l’information pour les autres, par l’envie de puissance et de privilèges, d’argent et de gloire, qui mieux qu’Albert Camus, lui-aussi confronté à la nécessité « d’épuration et de remise à niveau déontologique» déjà à son époque, est le plus à même de recentrer le débat d’aujourd’hui ?

 

ALBERT CAMUS : l'art et la révolte ne mourront qu'avec le dernier homme !

 

Et qui mieux qu’Albert Camus - dont on va fêter le centenaire de sa naissance en 2013, illustre cette exigence contemporaine de révolte et de résistance ? Leçons de liberté et d’humanisme, ses éditoriaux dans « Combat », le journal de la Résistance, s’adresse aux Français des années 1944-1947 nourris de force aux messages suspects de la presse collaborationniste. Le chemin de la libération du pays passe par la libération des consciences et du sens critique. Face à l’angoisse que distillent les journaux, Camus oppose l’action et la morale.

 

Dans son éditorial dans « Combat » du 30 août 1945 sur la question délicate de l’épuration dans la presse à la Libération où il s’oppose à François Mauriac, il pose bien le défi paradoxal de la presse prise par « la dictature de l’urgence » et la frénésie quotidienne du bouclage rédactionnel : « Mais les conditions du journalisme ne se prêtent pas toujours à la réflexion. Les journalistes font ce qu’ils peuvent et s’ils échouent fatalement, ils peuvent du moins lancer quelques idées en l’air que d’autres rendront plus  efficaces. »

 

Dans le contexte idéologique de la presse dans la France occupée, les « Lettres à un ami allemand » éclairent bien le sens qu’il faut donner à l’engagement de Camus, et à sa participation à « Combat » clandestin. L’écrivain - qui a goûté au reportage à Alger, replonge dans le journalisme pour développer ses idées mais aussi parce qu’il aime comme Sartre ce milieu cosmopolite et grisant où ouvriers, correcteurs, journalistes et intellectuels se côtoient et travaillent ensemble dans un véritable élan fraternel au marbre où il adore se retrouver pour relire les épreuves avant de lancer les rotatives de l’impression. C’est aussi pour lui une manière efficace et vivante de porter et reporter les idées de la Résistance en les engageant dans l’espace public et en pesant ainsi sur l’histoire en train de se dénouer. En tête de ce programme du Conseil national de la Résistance figuraient « l’établissement de la démocratie la plus large (…), la liberté de la presse et son indépendance à l’égard des puissances d’argent, (…) l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie, (…) la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant. »

 

De la fiction au réel

 

En juin 1944, le journal  désorganisé  par la destruction  de l’imprimerie de Lyon et la mort d’André Bollier, doit se contenter de trois « Bulletins d’informations » ronéotypés sous le titre « Combat-Informations ». Camus lui-même est menacé et se cache tout en préparant le numéro 0 de « Combat » pour annoncer le temps fort du moment de la Libération de Paris. Ses notes manuscrites sur « Combat » clandestin s’achèvent pour une conclusion rédigée : « Ici s’arrête l’histoire du journal proprement clandestin. Combat avait publié 56 numéros pendant ces quatre ans. Ma seule ambition est d’avoir pu faire imaginer un peu ce que représentait chacun de ses numéros. Il n’y a pas de doute qu’ils nous ont coûté d’abord les meilleurs d’entre nous (...) Non, nous ne pouvons plus rien pour eux qui se sont battus. Du moins, nous sommes quelques-uns  encore à garder au fond du coeur le souvenir de ces visages fraternels et à les confondre un peu avec le visage de notre pays ».

 

Bien que fort discret sur ses faits de Résistance dont, comme Canguilhem, il prétendait que les rescapés n’avaient pas à parler, il confiait, en septembre l944, dans une lettre à sa femme Francine  : « Après avoir essayé de passer en Espagne et y avoir renoncé puisqu’il fallait faire plusieurs mois de camp ou de prison et que je ne pouvais le faire dans mon état, je suis entré dans les mouvements de résistance. J’ai beaucoup réfléchi et je l’ai fait en toute clairvoyance parce que c’était mon devoir. J’ai travaillé en Haute-Loire et puis tout de suite après à Paris avec Pia, au mouvement Combat (...) Il y a six semaines, j’ai failli être arrêté et j’ai disparu de la vie publique[».

 

Et l’intellectuel Camus, pris dans le tumulte de la Libération et des bruits de l’histoire en marche, se mue en reporter dans le feu de l’action et de la Résistance à l’occupant nazi. Avec un style précis d’un journaliste au sommet de son art qui décrit l’histoire en marche . « Paris fait feu de toutes ses balles dans la nuit d’août. Dans cet immense décor de pierres et d’eaux, tout autour de ce fleuve aux flots lourds d’histoire, les barricades de la liberté, une fois de plus, se sont dressées. » Ainsi débute son fameux éditorial  « Le sang de la liberté » paru dans « Combat » du 24 août 1944. Le quotidien clandestin est diffusé au grand jour depuis le 21 août et se fait le chantre de l’insurrection de Paris tout mettant en avant la morale. « Le Paris qui se bat ce soir veut commander demain. Non pour le pouvoir, mais pour la justice ; non pour la politique mais pour la morale ».

 

Le lendemain, Camus raconte la libération de Paris. Avec un ton épique et un souffle inimitable dans la lignée des grands reporters de guerre. Et sous le regard qui voit s’agiter le vent de la liberté, le résistant journaliste-en-lutte évoque comme un leitmotiv la voix du peuple qui tonne et secoue ses chaînes. Il permet « la sculpture de soi pour quiconque souhaite donner un sens à sa vie».

 

« Tandis que les balles de la liberté sifflent encore dans la ville, les canons de la libération franchissent les portes de Paris, au milieu des cris et des fleurs. Dans la plus belle et la plus chaude des nuits d’août, le ciel de Paris mêle aux étoiles de toujours les balles traçantes, la fumée des incendies et les fusées multicolores de la joie populaire. Dans cette nuit sans égale s’achèvent quatre ans d’une histoire monstrueuse et d’une lutte indicible où la France était aux prises avec sa honte et sa fureur.

 

« Ceux qui n’ont jamais désespéré d’eux-mêmes ni de leur pays trouvent sous ce ciel leur récompense. Cette nuit vaut bien un monde, c’est la nuit de la vérité. La vérité en armes et au combat, la vérité en force après avoir été si longtemps la vérité aux mains vides et à la poitrine découverte. Elle est partout  dans cette nuit où peuple et canon grondent en même temps. Elle est la voix même de ce peuple et de ce canon, elle a le visage triomphant et épuisé des combattants de la rue, sous les balafres et la sueur. Oui, c’est bien la nuit de la vérité et de la seule qui soit valable, celle qui consent à lutter et à vaincre»

 

«De la Résistance à la Révolution»

 

C’est désormais le sous-titre de « Combat » qui est sorti du bois de la clandestinité et passe désormais d’un journalisme-en-lutte qui militait pour l’insurrection armée à un journalisme de rassemblement, plus consensuel.« Nous allons tenter de faire un journal raisonnable. Et comme le monde est absurde, il va échouer », déclare avec provocation et lucidité  Pascal Pia, le directeur de « Combat » et ami de Camus.

 

Quelques jours après la Libération, Camus annonce la ligne éditoriale de « Combat « : « Nous sommes décidés à supprimer la politique pour la remplacer par la morale... ». Vaste programme qui ne manque pas d’utopie ni d’ambition !  Relayant les articles de Pia sur la méthode journalistique parus dans « Le Soir républicain », il esquisse une théorie du journalisme tout en s’essayant à l’autocritique. Entre le sage et l’insensé,  entre morale et politique, entre critique et questionnement.

 

« Faisons un peu d’autocritique. Le métier qui consiste à définir tous les jours, et en face de l’actualité, les exigences du bon sens et de la simple honnêteté d’esprit ne va pas sans danger. A vouloir le mieux, on se voue à juger le pire et quelquefois aussi ce qui est seulement moins bien. Bref, on peut prendre l’attitude systématique du juge, de l’instituteur ou du professeur de morale. De ce métier de la prétention à la sottise, il n’y a qu’un pas. Nous espérons ne l’avoir pas franchi. Mais nous ne sommes pas sûrs que nous ayons échappé toujours au danger de laisser entendre que nous croyons avoir le privilège de la clairvoyance et la supériorité de ceux qui ne se trompent jamais. Il n’en est pourtant rien. Nous avons le désir sincère de collaborer à l’oeuvre commune par l’exercice de quelques règles de conscience dont il nous semble que la politique n’a pas fait, jusqu’ici un grand usage»

 

Tout d’abord, Camus veut des journaux libérés de l’argent, «un ton et une vérité qui mettent le public à la hauteur de ce qu’il y a de meilleur en lui». Déçu par la nouvelle presse de la Libération et ce qu’il nomme son «péché de paresse», il rappelle l’espoir insensé de liberté d’expression et de parole  qui animait les journaux de la Résistance auxquels il a activement participé et en arrive même à évoquer curieusement -sans être pour autant gaulliste, la «voix de la France».

 

«Lorsque nous rédigeons nos journaux dans la clandestinité, c’était naturellement sans histoires et sans déclarations de principes. Mais je sais que pour tous nos camarades de tous nos journaux, c’était avec un grand espoir secret. Nous avions l’espérance que ces hommes, qui avaient couru des dangers mortels au nom de quelques idées qui leur étaient chères, sauraient donner à leur pays la presse qu’il méritait et qu’il n’avait plus. (...) La tâche de chacun de nous est de bien penser ce qu’il se propose de dire, de modeler peu à peu l’esprit du journal qui est le sien, d’écrire attentivement et de ne jamais perdre de vue cette immense nécessité de redonner à un pays sa voix profonde»

 

Pour Camus, le modèle à suivre, n’est pas «Le Monde» de Beuve-Méry avec lequel il entretient une histoire de haine amoureuse et de malentendus, encore moins le voisin encombrant « France-Soir » de Pierre Lazareff car trop centré sur le sensationnel, le fait divers et la recherche systématique du scoop racoleur pour séduire un lectorat populaire avide de sang à la une. Au nom de la vérité et des principes de la Résistance, Camus porte en lui l’espoir d’édifier un « espace public » de la voix de la France. Une espèce d’hétérotopie avant la lettre qui ne supporte pas la médiocrité et réclame du souffle et de l’ambition. Sans démagogie, sans manipulation ni bourrage de crâne.

 

« On nous dit : «C’est cela que veut le public». Non, le public ne veut pas cela. On lui a appris pendant vingt ans à le vouloir, ce n’est pas la même chose. Et le public, lui aussi, a réfléchi pendant ces quatre années : il est prêt à prendre le ton de la vérité puisqu’il vient de vivre une terrible époque de vérité. Mais si vingt journaux, tous les jours de l’année, soufflent autour de lui l’air même de la médiocrité et de l’artifice, il respirera cet air et ne pourra s’en passer. Une occasion unique nous est offerte au contraire de créer un espace public et de l’élever à la hauteur du pays lui-même. Que pèsent en face de cela quelques sacrifices d’argent ou de prestige, l’effort quotidien de réflexion et de scrupules qui suffit pour garder sa tenue au journal ? Je pose seulement la question à mes camarades de la nouvelle presse. Mais, quelques que soient leurs réactions, je ne puis croire qu’ils y répondront légèrement».

 

Partisan d’un journalisme critique

 

Au nom du « journalisme d’idées » et de la morale, Camus refuse la fuite en avant de la banale et unique collecte des faits qu’on se contenterait de recouper. Il prêche pour des articles de fond qui allient sérieux et information, rigueur, précision et esprit critique. Résistant aussi par la plume, il se prétend acteur vigilant plutôt que simple flâneur témoin de son temps.

 

« Il faut bien que nous nous occupions aussi du journalisme d’idées. La conception que la presse française se fait de l’information pourrait être meilleure, nous l’avons déjà dit. On veut informer vite au lieu d’informer bien. La vérité n’y gagne pas. On ne peut donc raisonnablement regretter que les articles de fond prennent à l’information, un peu de la place qu’elle occupe si mal. Une chose du moins est évidente : l’information telle qu’elle est fournie aujourd’hui aux journaux, et telle que ceux qui les utilisent, ne peut se passer d’un commentaire critique. C’est la formule à laquelle pourrait tendre la presse dans son ensemble.

 

En janvier 1945, Combat atteignait les 185 000 exemplaires. Six mois plus tard, il a perdu 10 000 lecteurs qu’il ne retrouvera plus. Bien sûr, son indépendance d’esprit est reconnue, mais l’opinion ne peut s’en satisfaire. Au fil des mois, elle abandonne ses héros de la clandestinité pour retourner à des préoccupations plus triviales : manger, se vêtir, travailler, se loger. Rue Réaumur, au journal, personne ne prend garde de ce mouvement de désintérêt presque soudain pour les grandes causes et le monde des idées. La rédaction se sent toujours sur la crête de la vague et se veut indispensable : obliger le lecteur au questionnement permanent, à la vertu de la réflexion contre la débauche des mots, des émotions et des images. La population parisienne se fatigue, et en un an se détourne de plus en plus des rêves ébauchés, « avec le sentiment que seuls les partis (..) ont les moyens matériels de réaliser leurs aspirations».

 

Albert Camus taille en pièce au passage le mythe de l’information objective, en temps réel, limitée aux faits essentiels. Il nous rappelle une évidence qui mérite ici d’être répétée : aucune information n’est indiscutable et l’actualité brute n’existe pas. Il oublie cependant de dire au passage que la sélection de certains faits constitue en elle-même une opinion et qu’un journal hiérarchise toujours l’info en la mettant en scène. Il craint « les excès de la rhétorique et/ou les appels à cette sensibilité de midinette qui faisaient, avant la guerre et après, le plus clair de nos journaux». Il pose le problème du talent des rédacteurs reporters et de l’honnêteté collective dans sa quête d’un «journalisme critique» à la rencontre de l’intellectuel et du journaliste dont il tente ici une première définition d’ «historien au jour le jour».

 

«Qu’est-ce qu’un journaliste ? C’est un homme qui est censé avoir des idées. (...) C’est ensuite un homme qui se charge chaque jour de renseigner le public sur les événements de la veille. En somme, un historien au jour le jour – et son premier souci  doit être de vérité. Mais n’importe quel historien sait combien, malgré le recul, les confrontations de documents et les recoupements de témoignages, la vérité est chose fuyante en histoire. A cet état de fait, il ne peut apporter qu’une correction qui est morale, je veux dire un souci d’objectivité et de prudence. De quelle urgence ces vertus deviennent elles alors dans le cas du journaliste privé de recul et empêché de contrôler toutes ses sources ! Ce qui pour l’historien est une nécessité pratique devient pour lui une loi impérieuse hors de laquelle son métier est une mauvaise action ».

 

Il revient cependant au journaliste, mieux renseigné que son lecteur, de lui présenter, avec le maximum de réserves, des informations dont il connaît bien la précarité et qu’il ne faut pas confondre avec la vérité. Au fond, Camus veut lutter contre l’illusion du public qui voudrait tout ce qui est écrit dans le journal soit véridique et incontestable. Ou au contraire faux et mensonger. Bien qu’il fascine, le journalisme n’a pas toujours  bonne presse. Et Camus exige  plus de rigueur au reporter dans la recherche du scoop et surtout que « les nouvelles fausses ou douteuses ne soient pas présentées comme des nouvelles vraies ».

 

Vers un journalisme idéal et engagé

 

Mais Camus va plus loin dans sa démarche didactique en expliquant qu’ «à cette critique directe, dans le texte et dans les sources, le journaliste pourrait ajouter des exposés aussi clairs et  que possible qui mettraient le public au fait de la technique d’information (...) L’avantage serait de mettre en garde son sens critique au lieu de s’adresser à son esprit de facilité».

Lucide et circonspect, il conclut cependant avec optimisme : « La question est seulement de savoir si cette information critique est techniquement possible. Ma conviction sur ce point est positive.».

 

En engageant pour couvrir la politique intérieure, puis par la suite la politique étrangère, le philosophe Pierre Kaufmann, Camus lui précise la ligne de « Combat » : « Nous ne sommes pas dogmatiques. Nous ne ferons pas d’anticommunisme mais, lorsque nous ne serons pas d’accord avec les communistes, nous le dirons».

Une ligne éditoriale qui a le mérite d’être à la fois franche et claire. Ouverte et diverse, l’équipe de Combat ne fonctionne pas en vase clos. L’amitié et la complicité entre Camus et Pia impressionnent tous les journalistes et la rédaction est une véritable ruche intellectuelle où il fait bon vivre, comme en témoigne Roger Grenier, jeune journaliste engagé par Camus « avec l’accord de Pia, bien sûr ». «C’était un endroit où l’on se sentait bien.  Je n’ai jamais retrouvé cela quelque part (...) Au milieu de la nuit, alors que le journal était bouclé, il est arrivé que Pia retint quelques uns d’entre nous dans son bureau. Et il nous lisait l’édito de Camus qui paraîtrait le lendemain matin. Il nous montrait ce qui, dans un sujet commandé par l’activité, pouvait passer pour une allusion, un aveu personnel. Ainsi, à propos de la mort de Roosevelt, quelques phrases sur la maladie contre laquelle l’homme politique s’était battu toute sa vie, et que Camus n’avait pas pu écrire sans penser à la tuberculose qui continuait à le menacer»

 

Connu comme écrivain, Albert Camus devient un journaliste célèbre grâce à ses éditos et à ses articles (parfois non signés) dans « Combat ». Ainsi, le 8 août 1945, précise son biographe Olivier Todd, Camus est le seul éditorialiste français à exprimer son horreur après l’explosion de la bombe atomique américaine sur Hiroshima. Pour l’écrasante majorité des Français et des commentateurs, cette bombe signifie la fin de la guerre. Beaucoup de morts japonais évitent de nombreux morts américains et obligent l’empereur nippon à signer la paix dans le Pacifique.

 

« La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie, écrit-il. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif et l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. » Camus est le seul à réagir sur le champ. Il ne nie pas l’efficacité de la bombe. « Qu’on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d’Hiroshima et par l’effet de l’intimidation, nous nous en réjouirons ». Selon l’agence Reuter, l’invention de la bombe atomique rendrait caducs les traités. Camus proteste  et navigue entre morale et politique : il faut maintenant plaider « plus énergiquement encore en faveur d’une véritable société internationale, où les grandes puissances n’auront pas de droit supérieurs aux petites ».

 

Débat avec Mauriac sur l’idée d’épuration 

 

La vocation moralisante de Camus s’exprime dans cet éditorial plus qu’ailleurs. Car le journalisme critique réclame que « les articles de fond aient du fond»  Il est découragé par cette dernière barbarie atomique dont il doute de l’effet dissuasif. Croit-il, s’interroge Todd, à l’efficacité de ses prises de position dans « Combat » ? Un éditorial influence-t-il les lecteurs, modifie-t-il leur point de vue, ou charpente-t-il leurs opinions et préjugés ? Simone de Beauvoir est horrifiée par la bombe d’Hiroshima mais ni elle ni Sartre ne le diront en public. Camus, lui, milite volontiers pour un « journalisme critique » qui, par son ton et sa déontologie, réconcilierait morale et politique.

 

« Il est un autre apport du journaliste au public. Il réside dans le commentaire politique et moral de l’actualité. En face des forces désordonnées de l’histoire, dont les informations sont le reflet, il peut être bon de noter, au jour le jour, la réflexion d’un esprit ou les observations communes à plusieurs esprits. Mais cela ne peut se faire sans scrupules, sans distance et sans une certaine idée de la relativité. Certes, le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. Et même si l’on a commencé à comprendre ce que nous essayons de faire dans ce journal, l’un ne s’entend pas sans l’autre. Mais ici comme ailleurs, il y a un ton à trouver, sans quoi tout est dévalorisé.

 

Sur le thème moral de justice et charité, Camus va trouver un interlocuteur de haute volée à sa mesure en la personne de son aîné Mauriac, éditorialiste au Figaro. On sait tout ce qui peut séparer le grand bourgeois catholique, membre de l’Académie française et dont l’oeuvre est déjà abondante, du jeune écrivain venu d’Alger. Mais ils ont en commun leur passé de résistants et surtout un même souci éthique, et le même désir de ne pas séparer morale et politique. Leur dialogue public par éditos interposés, d’abord empreint de respect et même d’admiration réciproque, va se transformer en affrontement féroce. Cette évolution de ton est tout à fait significative de l’état d’esprit qui règne dans les premiers mois qui suivent la Libération de Paris et des attentes diverses entre intellectuels croyants et incroyants sur la gouvernance du pays.

 

L’échange vif entre les deux célèbres signatures de « Combat » et du « Figaro » s’instaure sur les valeurs qui permettront de fonder une nouvelle société : pour Mauriac c’est d’abord le christianisme et sa « loi de charité » ; pour Camus, il s’agit de l’avènement de la justice qui sera mieux garanti par des valeurs proprement humaines. Après avoir gagné notre libération, il s’agit désormais de conquérir nos libertés. Ce débat de fond aura pour principale pierre d’achoppement la question de l’épuration, sur laquelle, Camus et Mauriac vont rapidement s’opposer. Leur débat sera grave, voire tendu et douloureux, parfois ironique, toujours d’une très haute tenue. Un vrai reportage d’idées d’abord à fleurets mouchetés, puis à l’arme blanche.

 

Si les deux écrivains journalistes s’accordent sur la nécessité d’une réforme morale de la presse la première divergence apparaît à propos de la censure. Camus en reconnaît le bien fondé en ce qui concerne les informations militaires, mais récuse la censure politique, d’une manière que Mauriac juge excessive, voire irréaliste. Sans doute, cependant, Camus et « Combat » se sentent-ils assez proches de Mauriac et du « Figaro » lorsque l’écrivain catholique note que « la politique est impure par essence » ou exprime le désir d’aller « vers un socialisme humaniste.»

 

Mais très vite, Mauriac prend sur l’épuration une position critique qui va dans le sens de « l’apaisement», position que conteste Combat, le lendemain dans sa revue de presse. C’est là le véritable début de la polémique virulente entre les deux journalistes écrivains où chaque lecteur va devoir choisir son camp. Allant dans le sens d’un appel du général de Gaulle, Mauriac plaide pour l’indulgence envers ceux qui se seraient simplement trompés, alors que pour Camus, il y a des situations où « l’erreur n’est qu’un crime » et penche pour une épuration courte, rapide et personnalisée.

 

Mauriac ayant regretté le poids de la presse unique, issue de la Résistance, Camus affiche son désaccord total avec ce point de vue en attaquant son édito du 20 Octobre : « Nous ne sommes pas d’accord avec M. François Mauriac». Il rappelle, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises, que « La France a une révolution à faire en même temps qu’une guerre » et que cette politique exige une justice rigoureuse. Dans sa « Réponse à Combat », Mauriac dit son admiration et sa sympathie pour son cadet mais aussi son incompréhension totale.

 

Camus lui répond longuement : dans cet éditorial où il réitère sa conviction de la nécessité d’une justice rapide et efficace, s’exprime toute la différence entre celui qui espère en une justice divine et celui qui a « choisi d’assumer la justice humaine ». Et Camus conclut en formulant avec force son sens de la responsabilité historique qui incombe à sa génération. Le 11 janvier 1945, sous le titre « Justice et charité », Camus clôt le débat : il y redit la conviction d’une justice rigoureuse, qui exclut tout à la fois « la  haine et le pardon ». Mais il devait vite constater que cette justice n’arrivait pas à s’exercer et que l’épuration était « non seulement manquée, mais encore déconsidérée.»

 

« Je puis témoigner  cependant que malgré quelques excès de langage venus de François Mauriac, je n’ai jamais cessé de méditer ce qu’il disait, déclare Camus, en 1948, au couvent des Dominicains de Latour-Maubourg, en évoquant ce long débat qui l’avait opposé à Mauriac. Au bout de cette réflexion, et je vous donne ainsi mon opinion  sur l’utilité du dialogue croyant-incroyant, j’en suis venu à reconnaître en moi-même et publiquement ici que sur le fond, et sur le point précis de notre controverse, M. François Mauriac avait raison contre moi. Bel exemple de rigueur intellectuelle qui n’existe, hélas, pas toujours dans les rédactions contemporaines.

 

La polémique continuera entre Mauriac et « Combat », mais Camus n’y participera plus. Mauriac regrettera implicitement l’absence de cet interlocuteur, « reporter d’idées » et styliste hors pair. En novembre l945, dans un article où il se plaindra qu’on lui fait répondre par « le dernier de la classe », il écrira : « A vrai dire, depuis que M. Albert Camus n’est plus là, les admirateurs de « Combat » parmi lesquels je m’honore de figurer, vivent du parfum d’un vase non certes brisé, mais aux trois quarts vide.»

 

Si les positions de Mauriac et de Camus sont antagonistes, elles ont, pour l’un comme pour l’autre des fondements d’ordre moral, et n’excluent pas une vision lucide de leurs conséquences politiques.  Au nom de la charité, Mauriac prêche l’oubli ou le pardon des fautes, et la réconciliation avec tous les Français, et en particulier entre les anciens responsables collaborateurs de Vichy et les nouveaux venus de la Résistance. Au nom de la justice, Camus, réclame l’application concrète, rapide et mesurée de lois adaptées, et appelle à un renouveau complet de la classe politique. C’est Mauriac qui l’a emporté car il allait dans le sens des voeux de la majorité des Français et du général de Gaulle qui voulaient pardonner l’impardonnable. Mais il a fallu près d’un demi siècle pour que la France reconnaisse pleinement la vérité de la collaboration et du régime de Vichy, ce « passé qui ne passe pas]»  bien qu’on cherche à l’oublier.

 

D’ailleurs, l’alchimie du goût de la vérité et de « la prise de parti » sans parti pris prônée par Camus n’est pas toujours chose aisée, peu commerciale et encore moins consensuelle.  Le journal bat de l’aile malgré sa notoriété et ses plumes talentueuses car le peuple de la France des tickets de rationnement désire plutôt du pain et des logements que des débats d’idées et des journaux bien ficelés. La musique des premiers jours de la libération de Paris est toujours bien là dans les colonnes du  quotidien, mais les paroles ont changé, la critique s’est faite plus radicale, surtout en ce qui concerne la pensée marxiste. La philosophie du déterminisme historique, productrice d’utopie absolutiste, est dénoncée sans retenue. Les idéologues sont toujours prêts à vouloir faire le bonheur des hommes et du monde, quitte à s’appuyer sur des principes meurtriers, Camus appelle à faire front. Tandis que l’armée française bombarde Haiphong, le jour même où « Combat » annonce qu’une « guerre non déclarée semble opposer la France et le Vietnam.

 

 

Près de 300 articles en trois ans  à Combat

 

Entre le 21 Août 1944  et le 3 juin 1947, recense scrupuleusement  Jacqueline Lévi-Valensi, Camus aura publié 165 textes : 138 éditoriaux (dont 97 sont signés ou authentifiés) et 27 articles (dont un probable), sans compter les cinq billets signés Suétone (un de ses pseudonymes), et quelques communiqués ou brefs « chapeaux ». Tous ces textes « au croisement de l’idée et de l’événement » ne sont évidemment pas de la même importance, mais aucun n’est anodin ni ne laisse le lecteur indifférent. En les relisant aujourd’hui, ils gardent  toujours force de conviction et un caractère d’universalité sans oublier un style moderne et allant à l’essentiel. Pour la plupart, ils n’ont guère vieilli bien que les temps aient changé. Et Raymond Aron qui  lui succéda comme éditorialiste à « Combat » résume d’une excellente formule l’exceptionnelle qualité de ses « papiers » et l’aura les entourant: « Les éditoriaux d’Albert Camus jouissaient d’un prestige singulier: un véritable écrivain commentait les événements du jour»

 

A travers cette aventure journalistique et humaine de l’intellectuel Albert Camus dans le journal Combat (1944-1947), nous voyons bien comment on passe insensiblement du journalisme idéal à une pratique plus pragmatique, réaliste et moins mythique afin que les idées touchent les « plus nombreux » et que l’éthique tente d’infléchir la politique… Pourtant, Camus pris par le vif du sujet de l’après Libération, n’avait prévu aucun des changements du monde qu’il voulait s’efforcer de conserver, déclare-t-il dans son discours de Stockholm, après avoir fait partie de la génération de jeunes gens qui voulaient le changer et perpétuer la flamme de la Résistance française. Ni le retour du fanatisme religieux, ni la mondialisation du terrorisme, ni les transformations de l’expression de la pensée sous les effets des technologies de l’informatique, ni l’ambition humanitaire qui peut conduire à une guerre au nom du bien. Pourtant, l’influence du reporter d’idées Camus a été considérable mais c’est aujourd’hui qu’on en voit les traces. Le combat contre l’absolu, la révolte à l’échelle humaine, l’acceptation que l’homme doit faire son métier d’homme sans certitude de réussite et sans promesse de salut sont des idées qui nourrissent et hantent plus ou moins directement les œuvres de nombre de penseurs et d’essayistes de tous pays.

 

Moraliste « solidaire et solitaire », le « reporter d’idées » ne peut s’exclure de son temps et prétendre être au-dessus de la mêlée. Il faut prendre parti. C’est ce que Camus  a fait pendant la Résistance pendant l’Occupation contre les nazis, et dès la découverte de l’univers concentrationnaire et du goulag dans les pays de l’Est. Mais dans cette guerre d’Algérie qui le déchire au plus profond de lui-même, tout manichéisme lui paraît à la fois confortable et criminel. Le rêve de Camus aurait été que l’on rende justice aux Algériens  sans priver les Pieds noirs de leur patrie.

Il était partisan d’une fédération franco-algérienne qui aurait été possible, selon lui, sans cette guerre civile interminable. L’intellectuel devait préconiser, contre toutes les fatalités du sens de l’Histoire, cette conciliation entre la justice et la fraternité qui l’avait poussée dans l’aventure journalistique de «Combat» afin d’élargir son public et promouvoir ses idées. Envers et contre tout.

C.D

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