Tous au Mondial ping 2013 à Paris Bercy
Christian Duteil
Du 13 au 20 mai, au Palais omnisport, se déroule la fête mondiale du ping et de la petite balle en celluloïd de 2,7 grammes. Dix ans après une première réussie à Bercy et sous l’œil connaisseur de Jean-Philippe Gatien, vice champion olympique à Barcelone en 1992 et champion du monde en 1993. Une belle occasion d’admirer et de côtoyer les champions de ce sport olympique que chacun d’entre nous a pratiqué… à son niveau.
En voyant évoluer dans l’arène de lumière tous ces champions venus de tous les continents s’affronter pour le titre suprême, on est loin du ping-pong de papa, pratiqué en famille le dimanche dans un garage ou dans son jardin. Voire dans un café où un gars un peu ventripotant mais pas maladroit pouvait encore jouer les caïds à la table, donner la leçon et rafler la mise. Ici la petite balle aux effets imprévisibles part à la vitesse de l’éclair, à la limite des réflexes humains de la raquette des maîtres chinois au sommet de leur forme et qui dominent la planète ping.
Vous avez dit ping pong diplomatique
Ne vous y trompez pas, ce jeu universel, devenu un sport olympique depuis 25 ans, réclame réflexe, toucher de balle, sens de l’anticipation, jeu de jambes et vitesse de bras. Il s’agit de concilier comme dans tous les autres sports technique, physique et tactique si on veut progresser et se faire plaisir à la table. Et attention, ce n’est pas un sport de fillette comme le démontre chaque année la dizaine de décès à la table pongiste essentiellement de seniors qui ont des antécédents cardiaques.
Non contents de dominer le monde du ping, les Chinois s’en sont servi pour leur diplomatie en renouant des relations sportives avec les Américains du temps de la guerre froide dans les années 1970. En invitant pendant une semaine l’équipe pongiste américaine en Chine à échanger des balles avec leurs champions au nom de la réconciliation entre les peuples, Chou En-Lai - qui pratiquait encore à son rythme ce sport à 73 ans, avait permis que les « tigres en papier » passent pour des guerriers à la face du monde entier. Comme le note l’écrivain Jerome Charyn qui, de Manhattan à Paris, frappe plus vite que son ombre dans « Ping Pong », il « avait apaisé les diables blancs et les diables rouges, les avait fait ronronner avec l’aide d’une balle de ping-pong ». La visite historique du président Nixon en 1972 à Pékin avait scellé cette nouvelle donne dans les relations entre ces deux superpuissances.
Quarante ans après la Fédération internationale de Tennis de table (FITT) et l’organisation Peace et Sport ont tenté en novembre 2011 de renouer avec cette tradition du ping diplomatique en invitant dans un tournoi à Doha la Corée du Nord et la Corée du Sud, l’Inde et le Pakistan. Seule, l’Iran avait décliné l’invitation qui parie que le sport n’a guère de frontières et permet de tisser des liens. Vision sans doute trop idéaliste qui oublie l’idéologie du sport qui a permis à certains petits pays comme la RDA d’exister en attirant par leurs exploits dopés à répétition l’attention médiatique.
Le célèbre TT show de Jacques Secrétin et Vincent Purkart a immortalisé avec ses nombreux gags ce jeu du ping à travers le monde en une version catchée de la petite balle et en imitant les fameux Harlem Globe Trotter au basket. Dialogue sans cesse recommencé entre le vice et la vertu, comedia del arte entre le fair-play et la triche dont on ne se lasse guère, car on s’y regarde comme dans un miroir en riant jaune. C’est le cas de le dire en sachant que la Chine a raflé 24 des 28 médailles distribués aux JO depuis que le ping est devenu discipline olympique en 1988 sous la pression de l’Asie.
Et puis si vous avez raté Bercy, pas d’affolement, la petite balle voyage bien avec la tournée Mondial Tour Ping 2013 qui viendra à vous dans 25 villes en province. Moralité : il faut battre le ping quand il est chaud. Je vous attends raquette en main à la table au club de Levallois cher à Philou Gatien mais aussi au Gossima (4, rue Victor Gelez, Paris 11e) où vous pourrez jouer sur l’une des huit tables.
CD