Le pouvoir des mères vampires :
un drame pour les enfants
Par Claire Laforêt
L’idée de la femme féconde et puissante de cette fécondité vient de cette époque où l’humanité encore balbutiante ne savait rien du monde qui l’entourait, ni des éléments qui la déterminaient.
Pendant très longtemps les hommes ont ignoré qu’ils participaient à la conception des enfants. Ils considéraient ces naissances comme magiques et les femmes en devenaient divines. De nombreuses religions ont mythifié et symbolisé cette fécondité, qu’elles ne s’expliquaient que comme donnée par les Dieux. Le pouvoir des femmes fut alors important et les hommes se trouvèrent dans l’obligation de se défendre contre ce matriarcat omnipotent.
Depuis, le conflit entre hommes et femmes n’a pas cessé, issu des mêmes racines. Si aujourd’hui les hommes connaissent la part qui est la leur dans la conception de l’enfant, ils demeurent quand même écartés de la « maternité » par un certain nombre de femmes, qui par le biais des naissances, ont le désir d’avoir un pouvoir absolu sur l’homme qu’elles ont choisi, et dans la société en général.
Ces femmes-là appliquent dans leur couple, l’extension d’un complexe, que le discours psychanalytique appelle « le syndrome de la reine des abeilles » (voir encadré)
L’enfant est une entité unique. Il est le fruit d’une alchimie qui bien au-delà des êtres qui l’ont conçu.
En venant au monde l’enfant se rompt de sa mère.
Hélas, les mères oublient parfois qu’elles ne sont là que comme relais pour aider l’enfant à s’accomplir. Sans conscience profonde du rôle dont elles sont investies, (rôle magnifique s’il en est un, puisque quoi de plus extraordinaire que de permettre à la vie d’exister, que de faire pousser la vie), et avec l’idée fragmentaire et oh combien nourricière de ce qu’elle doivent à l’enfant, au détriment de l’autre parent.
Hélas, les mères entachées par cet étrange sentiment de supériorité qu’elles ont sur les hommes, sentiment né du pouvoir qu’elles s’imaginent avoir par la maternité, sont peu capables d’assumer un vrai rôle d’éducatrice. Elles vampirisent l’enfant, projettent sur lui leurs propres problèmes, désirs inassouvis, fantasmes et frustrations, envies.
Elles ne se dissocient pas de l’enfant et ensemble, ils fonctionnent comme des « émetteurs-récepteurs ».
Ces mères-là pèchent par orgueil et vanité. Oubliant totalement que leur ventre ne leur servirait à rien si les hommes ne venaient pas y déposer une partie de la vie, elles sont persuadées que de porter l’enfant, leur donne quelque chose en plus et plus particulièrement des droits. Des droits absolus sur cette chair qu’elles disent avoir faite.
Droit de vie et de mort.
Il y a quelques années, au cours d’un procès où une mère était jugée pour avoir donné la mort à son fils toxicomane cette déviance maternelle fut particulièrement mise en évidence : « les conditions étant ce qu’elles étaient, après lui avoir donné la vie, j’avais le droit de la lui reprendre, déclara-t-elle en larmes. »
Evidemment les passages à l’acte sont rares. Tabous sociaux, culturels…
Mais si ces mères-là ne tuent pas physiquement leurs enfants, elles sont très nombreuses à les tuer virtuellement.
Imaginez : l’enfant doit penser comme sa mère, manger comme sa mère, faire ce que veut sa mère, sinon lui montre-t-elle, elle ne l’aimera plus. Et l’enfant ne veut pas ça. L’enfant veut être aimé de sa mère.
Aimer sa mère ? C’est une question de vie ou de mort pour l’enfant !
L’enfant en venant au monde touche à la mort et la vie simultanément. Il en a probablement le souvenir aigu. Rupture de quelque chose de connu et d’accoutumé. Parallèlement à ce sentiment de mort et de solitude, il naît à la vie et à la liberté. Cordon coupé, il est libre et sa liberté s’inscrit dans sa mémoire ; seulement il ne l’est qu’en partie. L’enfant n’a aucune autonomie à la naissance et ne peut survivre sans l’attention d’adultes.
C’est là que certaines mères se fourvoient dans leur relation à l’enfant.
Au lieu d’en faire un enfant libre, elles le rendent dépendant d’elles, supervisant tout, contrôlant tout. L’enfant est incapable de s’opposer à cette mère omnipotente, omniprésente, qui donne caresses et douceurs et qui pourrait ne plus les donner s’il émet un avis différent, s’il n’entre pas dans le moule qu’elle a créé pour lui et elle.
L’enfant veut l’amour de sa mère. Jusqu’au jour où il sera devenu et où il n’aura plus autant besoin d’être guidé et caressé. Là apparaîtront les problèmes liés aux frustrations, aux contradictions et aux humiliations diverses qu’il aura la sensation d’avoir subies.
L’enfant devenu adolescent se battra pour exister seul, en individu unique, avec des goûts et des désirs personnels, le plus souvent à l’extrême bord de ceux que sa mère lui aura imposés.
Ces dualités et ces résistances, saines à priori, prendront hélas et souvent des caractères douloureux et obsessionnels.
Les enfants de ces mères-là auront à 85% d’après les études et statistiques, des approches complexes de leur sexualité, de leur insertion professionnelle, du rapport à la rigueur, aux études… etc .
Adolescents, puis adultes ils chercheront des compensations à leur manque de désir et de plaisir : drogues, homosexualité, sectes, dépressions avec tendances suicidaires en filigrane...
Freud a bien démontré le rapport complexe qui lie l’enfant à ses parents, et plus particulièrement à sa mère, qu’il soit garçon ou fille.
Si les pères savaient combien ils sont indispensables pour l’équilibre des enfants, s’ils avaient conscience du rôle essentiel de « séparateur » qui est le leur, peut-être défendraient-ils mieux leurs droits et ceux de leurs enfants, face à ces mères possessives qui utilisent la maternité comme un instrument de pouvoir. Ces mères qui font peser lourdement le poids de leurs déviances personnelles, sur l’enfant d’abord, sur les pères ensuite, sur la société tout entière par les conséquences que leurs comportements entraînent et en dernier lieux, sur les mères elles-mêmes, les autres, les vraies, les authentiques, celles qui savent que pour faire un enfant, il faut être deux.
C.L
« Le syndrome de la reine des abeilles »
Dans le discours psychanalytique le complexe de la reine des abeilles correspond au complexe de supériorité que développent certaines femmes par rapport au monde en général.
Autoritaire, dirigiste, égocentrique, vaniteuse et simplement soucieuse de ses propres satisfactions « la reine des abeilles » est persuadée que tout lui est dû. Elle met le monde entier à contribution pour son propre bien être et son entourage doit obéir sous peine d’être sanctionné très violemment. Dépourvue de la moindre générosité, elle ne supporte pas la plus petite résistance et si ses désirs ne sont pas satisfaits, ainsi qu’elle le souhaite, elle tue et détruit.
« La reine des abeilles » grâce à son égoïsme forcené, développe une forme d’intelligence opportuniste et affairiste qui lui permet d’accéder à des métiers où elle peut avoir du pouvoir sur les autres, des autres qu’elle mettra aussitôt à contribution et qu’elle utilisera pour servir ses intérêts personnels.
Cette femme-là est peu ou pas sexualisée et maltraite les autres femmes qu’elle considère lui être inférieures.
Lorsqu’une « reine des abeilles » se marie, elle phagocyte l’autre qu’elle utilise pour ses besoins personnels, et les enfants qu’elle aura lui serviront à asseoir son pouvoir dans le couple et dans la société.
En conclusion et d’après la psychanalyse, la femme qui développe un « syndrome de la reine des abeilles » est une femme de pouvoir, profondément narcissique et qui se ressent le centre du monde.
Son pôle d’intérêt, c’est elle. Son but : la satisfaction totale et sans obstacle du moindre de ses désirs.