Du sexe et du divin
Du sexe et du divin
par Aurélie Tessier
Les infos ce matin étaient égales à elles-mêmes. Foisonnantes et mortelles, contradictoires et poussives, arrogantes, humaines quoi, et j’en étais à me dire que la sollicitation constante du demi neurone qui nous tient lieu de cervelle, nous épuisait les méninges et qu’il était temps pour moi de retourner « au vivant », lorsque presque par inadvertance je suis tombée sur « Mes hommes ».
Enfin ceux de Josiane, dont je ne suis pas sûre de la féminité tant le texte sonne masculin, mais dont la joyeuse effervescence, a enchanté l’amante que je suis, amoureuse de mots, de points-virgules et de points de suspension.
Les mots de Josiane, je les ai lus à haute voix et dans la maison, ses mots avec ma voix d’Italienne, ont résonné étrangement.
Le son est ma vigilance et mon repère. Ma rigueur. Pas un mot, une ligne écrite que je n’aie prononcée haut, et si l’écoute et le son ne me confirment jamais la qualité de ce que j’écris, que soumise au doute, je demeure dans la quête de ce texte parfait qui m’approcherait du divin, de la perfection du divin où chaque lettre et syllabe, chaque mot serait et contiendrait le monde. Qui aurait à voir avec le monde. Ou la vie, oui la vie surtout. Qui à la fois contiendrait et serait la vie, eh bien, même au-delà de la méconnaissance et du doute dans lequel ils m’abandonnent, ils me permettent toujours de savoir si mes textes sont mauvais.
À cause de la musique.
De l’absence de musique.
Par défaut en somme.
Lorsque les mots prononcés dans l’air deviennent harmonie, points d’orgue et contrepoints, qu’importe la musique pourvu qu’elle s’exprime.
Les mots font de la musique et la musique élève les mots. Entre silences et altérations, elle initie leur mouvement, les entraîne où se situe ce divin vers lequel je tends et ce matin la petite chronique de Josiane possédait quelque chose de cet ordre-là.
Le sujet traité était osé, il parlait de sexe et sexualité sans tabou et sans peur des mots, il aurait pu être vulgaire, pompeux, grossier, surécrit, l’auteur en a fait un morceau choisi. Empli de beauté.
Voilà à quoi m’ont amenée les hommes de Josiane. Vers quoi ils m’ont portée. Le sexe et le divin enfin réunifiés par la grâce d’un seul chant à portée de voix, m’ont réconciliée avec des infos qui osent trop ou pas assez, enfin qui n’osent pas.