« Elysée, Matignon et Solférino »
La France profonde sur France 2
Par Christian Duteil
Loin de Paris, de ses QG de campagne, de ses dîners en ville entre initiés et de ses éditorialistes politiques obsédés par les sondages et les petites phrases des candidats, une quinzaine de journalistes de France 2 ont décidé de suivre la campagne présidentielle au plus près des citoyens de base. Mieux de donner la parole sans démagogie à ceux qui ne l’ont guère et souffrent en silence, aux « sans-noms » qui subissent la politique mais n’en pensent pas moins… dans leur coin.
Une plongée rafraîchissante, diffusée après le journal de 13h de Laurent Delahousse, dans la France profonde où ils ont judicieusement « ressuscité » des espaces autres (« hétérotopies » dirait Michel Foucault) en province et mis l’éclairage sur des villages, des lieux et des communes aux noms symboliques et évocateurs : « L’Elysée », un camping situé au Grau-du-Roi dans le Gard, département ou le FN est arrivé en tête lors du ler tour, « Matignon « (Côtes d’Armor), une commune rurale bretonne d’environ 1500 habitants et « Solférino » (Landes), un village oublié de quelque 350 autochtones qui ont échappé à la désertification des campagnes. Une parabole inédite loin de la politique politicienne qui prend le pouls du citoyen à la campagne sur la campagne présidentielle
Au fil des diffusions dominicales et dans la dernière ligne droite de l’élection, on se prend d’empathie pour ces femmes et ces hommes « vrais », sans chichi ni blabla, plutôt dynamiques, pittoresques et imaginatifs qui prennent la parole devant les caméras et donc, en un sens, le pouvoir. On se rend vite compte qu’ils sont informés, qu’ils ont des idées et n’engendrent guère la sinistrose en ces temps de crise. Ils sont souvent moins abstentionnistes et pas si dégoûtés de la politique que ce qu’on imagine souvent ou ce qu’on sonde encore et toujours. Ils nous réconcilient avec le bon sens, le pragmatisme, les valeurs et le discours sur la cité (polis en grec). Ils nous donnent confiance en l’avenir et nous offrent un bol d’oxygène, loin des miasmes politiciennes et des querelles parisiennes pas si capitales au fond.
Signe des temps et de l’engouement suscité par le feuilleton aux champs « Elysée, Matignon et… Solférino », le format de douze minutes au départ atteint aujourd’hui les trente-sept minutes. A quand les cinquante deux minutes ? Chiche !
CD
http://www.france24.com/fr/20120426-france-2-presidentielle-francois-hollande-nicolas-sarkozy-ps-ump-candidats-duel-des-paroles-des-actes
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