Rome ville ouverte !
Par Louise Gaggini
Vacances romaines et dolce vita se terminent.
Et entre spleen et nostalgie, je traîne ma saudade en regardant les toits d’or dans le jour déclinant.
Après demain, dans quelques heures à peine, je ne serai plus dans Rome, mais ce soir encore je flânerai dans ses ruelles où entre palais et chapelles, le luxe et la misère semblent réconciliés. J’irai écouter le joueur de jazz de la Place Navona, sans doute je mangerai des pâtes aux funghi et tartuffo, un délice qu’on ne trouve qu’à Rome, et je boirai un peu de vin de Mandouria, ce vin que l’on dit ici «primitif.»
Et puis, après un temps un peu hors du temps, à seulement aimer marcher sur les pavés de Rome, consciente de l’inédit de l’instant et de sa trace indélébile en moi, je traverserai le fleuve antique par le pont qui mène à la rue de La Conciliation, et de là, sur la courbe arrondie de son arche, je regarderai les hautes murailles du château San Angelo, posé au bord du Tibre comme un navire qu’on aurait empêché de partir; je le regarderai comme on regarde son amour ou son amant, enfin son amoureux, emplie de ce sentiment étrange qui nous pousse à aimer, à l’aimer lui et pas un autre… Et puis je rentrerai. Je ne dormirai pas tout de suite, sans doute même pas du tout. Je penserai à ces six semaines d’immersion dans Rome Capitale, où les carabinieri roulent en Lamborghini et Ferrari; où au second entracte d’un opéra, la direction offre un plat de pâtes à l’arrabiata à des femmes et des hommes très habillés ; où l’on peut trouver sur son pare- brise «chers amis français, cette place est réservée, pourriez-vous gentiment bouger de place?»