Sarkozy, la jeunesse et les élections
Sarkozy, la jeunesse et les élections
En dehors de ceux qui ont faim et qui alors trouvent des forces pour détrôner les dictateurs, seuls les jeunes déstabilisent et font tomber les gouvernements.
Sarkozy le sait, et maintenant que sa campagne a démarré en se réappropriant « en sauveur » et sans honte, tous les problèmes de société (chômage, pouvoir d'achat, etc.) qu'il n'a absolument pas traités pendant ses 5 ans de gouvernance, on peut anticiper de ce que sera bientôt son approche de la jeunesse, de façon à récupérer cet électorat dont la force et les voix pourraient lui manquer lors des futures élections présidentielles.
Mais, une saine colère pourrait bien s'emparer d'une jeunesse révoltée par une société de malfaiteurs, et un président de la République qui lui a volé son avenir.
Une société française qui a collectivement perpétré le plus grand hold-up de tous les temps, des milliards de déficits, une dette que les adultes ont contractée, pillant dans la caisse comme de vulgaires malfrats, non pour la réalisation d'un monde meilleur, mais à leur seul profit, et qu'ils lèguent à la jeunesse en toute impunité, plombant son avenir en la réduisant à cette nécessité du remboursement, et faisant d'elle, à vie, une population de galériens et de forçats.
Cela ne s'était jamais produit. Des générations si avides qu'elles n'ont vu et voulu le monde que pour elles. Motivées par le bénéfice immédiat et maximum, elles ont dénaturé l'économie et toutes les ressources naturelles, abandonnant au futur des sociétés exsangues, perverties et stériles.
Cela seul suffirait à ce que la jeunesse se révolte et le rejette, parce qu'entre lois barbares, (Sarkozy a ramené l'âge d'emprisonnement légal à 13 ans) et les multiples rouages plus ou moins subliminaux, la mise en place d'une infantilisation destinée à les rendre incertains, indifférents ou inaptes à saisir « la réalité », les jeunes, depuis Sarkozy, ont eu du mal à se mobiliser pour leur propre défense, pour se réapproprier un semblant d'espoir et un peu d'horizon.
Mais, comme dit le proverbe, à trop tirer sur la corde !
Aujourd'hui, malgré les possibles déferlements et barrages de CRS et de policiers devant les établissements scolaires destinés à tuer dans l'œuf toute velléité de révolte étudiante ou l'émergence de casseurs pour désigner à la population combien « les jeunes sont dangereux » ainsi que la brutale et violente répression policière contre elle, ce qui s'est produit pendant le quinquennat de Sarkozy, la jeunesse a su se redresser, consciente qu'elle ne peut plus compter sur personne, surtout pas sur le chef de l'Etat actuel et son gouvernement, et qu'il lui faudra, seule, mettre en place ce qui sera son devenir.
Sarkozy va évidemment, et sans doute avec brio, essayer de récupérer les voix électorales des jeunes en leur faisant miroiter un avenir et un horizon plus sereins, mais la jeunesse est déjà mobilisée contre lui, parce que trop c'est trop et qu'en plus du pillage autorisé et légalement orchestré de sa future vie d'adulte en l' endettant de milliards d'euros, le gouvernement Sarkozy a voté, sans état d'âme et avec toute l'hypocrisie de politiques néandertaliens (de gauche comme de droite, la réforme des retraites aurait dû se réaliser sur plusieurs années et en concertation réelle) une loi sur les retraites qui entraînera la jeunesse actuelle à travailler sans doute jusqu'à plus de 70 ans, pour payer celle des adultes que nous sommes, les vieux de demain, sans aucune certitude de pouvoir subvenir à la leur, quand elle se présentera.
La jeunesse Française ne sera donc pas si facile à prendre dans les filets de la politique électorale de Sarkozy. « Le cave se rebiffe ! » aurait dit Audiard, et les jeunes savent maintenant revendiquer leurs droits à la vie, au bien-être et à l'espérance...
- Mais quels droits ? pourrait répondre Sarkozy dans ce langage que les présidents des autres pays nous envient : Des gamins des rues à karchériser, à renvoyer en Roumanie ou ailleurs ! Des racailles de banlieue ! C'est pas nos enfants en Droit ou médecine qui sont dans les rues, mais de la chienlit, merci De Gaulle tu m'as coupé l'herbe sous le pied ! A la schlag tout ça, j'ai déjà mis les policiers devant les écoles, violenté des élèves, brisé la grève des raffineries avec l'armée et fait passer la loi sur les retraites qu'on voulait me voler ! Les Français sont des veaux ! Tu l'as dit avant moi ? Tire-toi pauv'con !
De Gaulle, c'est sûr, fulminera de se faire plagier comme un bleu, mais nous les Français qui nous retrouvons toujours dans les revendications de la jeunesse, nous aurons de quoi nous réjouir quand même si on se souvient de comment De Gaulle fut éjecté unanimement par les Français.
Malgré tout, si De Gaulle et Sarkozy ont en point commun l'autorité jusqu'au despotisme, celle du Général se construisit et s'appliqua sur des valeurs morales et civiques que Sarkozy depuis 2007 n'a jamais démontrées ou appliquées.
De Gaulle fut un visionnaire et eut du panache jusque dans ses égarements. Il y avait de la grandeur dans cet homme et pas seulement par la taille, cela reste dans l'histoire, tandis que Sarkozy notre actuel Président n'est mu que par la vision de son propre destin, ce que l'histoire retiendra.
Cela change évidemment la donne et le résultat. Les échanges surtout avec la République qu'il sape dans ses fondations, les lois qu'il réorganise selon ses besoins, les Français qu'il méprise et mène à la baguette au point d'avoir imposé autoritairement des mesures que la nation entière a rejetées.
De l'autorité donc, mais surtout des comportements qui dévoilent des déficiences indignes d'un chef d'Etat et dangereuses pour la société et les Français.
Il n'est pas le premier que le pouvoir aura fait disjoncter : Staline, Ceausescu, Castro, Duvalier et quelques autres, mais devant ce malheureux constat d'un homme dans la « toute puissance » infantile, et puisque nous les adultes, malgré nos désirs de bien faire, sommes parfois trop englués dans nos obligations pour lui tenir tête efficacement, essayons de soutenir cette jeunesse qui le rejettera à coup sûr. Apportons-lui notre expérience et croyons en elle enfin dont la force vitale est seule capable de soulever les montagnes, de changer le cours des fleuves, de faire trembler, voire de faire chuter les dictatures.
Soutenons-là, si elle en a besoin, parce que ses revendications seront justes. Parce que ce que nous lui avons pris est inique et jamais vu dans l'histoire. Parce que nous l'avons spoliée et volée, parce que nous lui avons menti sur tout...
L.G