Les terroristes avaient revendiqué dès 10 heures leurs attaques sur BFM
La chaîne avait contacté le cadet des deux frères, Chérif, dans la matinée, en appelant l'imprimerie dans laquelle ils étaient tous deux retranchés à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Amedy Coulibaly, lui, avait contacté BFM-TV vers 15 heures. Cette dernière n'avait diffusé les enregistrements qu'après la fin des interventions policières et la mort des trois agresseurs.
Chérif Kouachi se revendiquait, auprès de la chaîne, d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la filiale de l'organisation au Yémen. « J'ai été envoyé, moi, Chérif Kouachi, par Al-Qaida au Yémen. Je suis parti là-bas, et c'est le cheikh Anouar Al-Awlaki qui m'a financé », disait-il. Il faisait référence à un voyage entrepris dans le pays à une date qu'il ne précisait pas, avant la mort de ce prédicateur américain, tué par une attaque de drone de la CIA en 2011.
Les frères Kouachi avaient déjà revendiqué, au moins à deux reprises, leur filiation avec le Yémen auprès des personnes qu'ils avaient croisées dans la journée du mercredi 7 janvier. Cependant, rien ne permet, pour l'instant, de connaître avec précision le niveau d'intégration des Kouachi dans les rangs d'AQPA, ni même si cette organisation peut avoir commandité l'attaque contre Charlie Hebdo.
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« ON LUI DIT “VOUS ÊTES COMBIEN ?”, IL DIT “QUATRE MORTS” »
Amedy Coulibaly, qui était retranché à Vincennes, avait affirmé s'être« synchronisé » avec les tueurs de Charlie Hebdo pour planifier les attaques. « Eux Charlie Hebdo, moi les policiers », déclarait-il à la chaîne. Coulibaly était le principal suspect dans l'assassinat d'une policière à Montrouge, jeudi. Il disait ne plus avoir été en contact avec les frères durant les trois derniers jours. Coulibaly se réclamait de l'Etat islamique, organisation pourtant rivale d'Al-Qaida.
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Il déclarait par ailleurs, selon la chaîne, que quatre otages étaient morts à 15 heures dans le supermarché de la porte de Vincennes, c'est-à-dire avant l'assaut donné par les forces de l'ordre (vers 17 heures). Il disait alors détenir 16 personnes.
Une source interne à BFM-TV avait précisé que la chaîne était entrée en contact avec les frères Kouachi alors qu'elle cherchait à « joindre des témoins dans l'imprimerie ».
« On demande si on est bien dans l'imprimerie où il y a une prise d'otages. Il dit que c'est Kouachi. On dit qu'on est BFM-TV. Il commence à dialoguer avec nous. On lui dit : “Peut-on vous rappeler pour vous enregistrer ?” Il dit oui. On rappelle une minute après. Là, on a un entretien qui dure deux minutes, qu'on enregistre. Immédiatement, on prévient [le premier ministre Manuel] Valls et le ministère de l'intérieur. On leur envoie l'enregistrement. On choisit de ne pas mentionner l'existence de ce contact avant le dénouement. »
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