Le chiraquien Jean-François Probst, commentateur acerbe, est mort
Entré au service de son mentor en 1974 à Matignon comme chargé de mission, il l'a accompagné à la Mairie de Paris et au RPR, où il a dirigé le cabinet de Jérôme Monod, premier secrétaire général du parti. Ce spécialiste de l'Afrique, qui a participé à toutes les aventures chiraquiennes, s'était progressivement éloigné de la vie politique au début des années 2000, alors qu'il travaillait aux côtés de Jean Tiberi à Paris.
Doté d'un humour féroce, fin connaisseur de la droite française, jamais avare de vacheries contre ses adversaires, Jean-François Probst s'amusait à brosser des portraits au vitriol de ses amis. Dans un ouvrage paru en 2002, Chirac et dépendances, il racontait vingt-cinq années au côté de l'ancien patron de la droite, pour lequel il éprouvait une grande admiration mêlée d'une certaine déception de ne pas avoir été davantage considéré.
« JOBASTRE », « PARPAILLOT », « DEMI-SOTTE »
En Jacques Chirac, Jean-François Probst voyait un gaffeur, un homme « pudique voire secret », dont « le caractère amoral et guilleret fait qu'il n'est pas humiliable ». Mais il le jugeait coupable d'avoir laissé tomber Jean Tiberi et trop écouté « ce jobastre » de Dominique de Villepin. Pour Jean-François Probst, Jacques Chirac « aura été un peu le Johnny Halliday tel qu'on l'aime de la politique française. On a tous en nous quelque chose de Johnny ou de Chirac ».
Cruel, il qualifiait Bernadette Chirac de « mère supérieure de l'Elysée », Marie-France Garaud de « Mata-Hari de la politique », Jérôme Monod de « parpaillot » à « l'humour grinçant et aux propos austères ». Il était particulièrement sévère envers « cette demi-sotte de [Michèle] Alliot-Marie » à qui il en voulait de ne pas l'avoir gardé à ses côtés après avoir œuvré à la faireélire présidente du Rassemblement pour la République.
HOSTILE À SARKOZY
Très hostile à Nicolas Sarkozy, il avait démenti publiquement l'avocat Robert Bourgi, qui avait assuré que la distribution d'argent noir de la « Françafrique » avait pris fin avec l'arrivée de ce dernier à la présidence. « Bourgi s'est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d'Etat africains lors de la présidentielle de 2007 », avait-il accusé, évoquant notamment un « deal » avec le président gabonais Omar Bongo.
Jean-François Probst avait appelé à voter pour François Bayrou en 2012. Interrogé par l'Agence France-presse, ce dernier, qui l'avait vu il y a une dizaine de jours, a salué quelqu'un de « très original et très créatif avec une vaste expérience politique » et qui avait « beaucoup de distance et d'ironie à l'égard du monde politique ». Il s'est dit « très triste » de cette disparition soudaine.
Dominique Tiberi, fils de Jean Tiberi et maire adjoint du 5e arrondissement de Paris, a réagi sur Twitter : « Quelqu'un de bien, un ami vrai, est parti. RIP »