Dominique Strauss Kahn
et l’agonie d’un grand fauve
« Welcome to New York »
Le film d’Abel Ferrara, qui devait évoquer « l’affaire DSK, aurait pu être un grand film sur « la puissance et la fin des aigles » ce quelque chose d’infiniment humain qui porte certains individus, hors normes, à toucher à la gloire et au pouvoir absolus et dans le même instant, à la fulgurance de la chute.
Mais, avec son film, Ferrara n’aura touché qu’à la vulgarité et à d’étranges règlements de compte avec une personnalité qu’il n’a même jamais rencontré. La fascination du pire?
Provocation extrême en tous les cas dans un film qui ne respecte ni la réalité des faits ni celle des personnes, ni même celle de la justice, et qui vient d’être interdit de salles en France.
Hélas, la polémique autour du film de Ferrara place une nouvelle fois Dominique Strauss kahn sous les feux des journalistes et de la justice et il semble vraiment que des forces obscures tentent régulièrement de le déstabiliser.
De la MNEF à Nafissatou Diallo à l’affaire du Carlton, des vents contraires l’assaillent et lui à qui tout réussissait, qui aurait probablement été le nouveau Président des Français en 2012, est obligé aujourd’hui de se défendre de coups bas et récurrents, indignes même comme le film de Ferrara.
Brillant économiste, professeur admiré par ses élèves, une humanité et une simplicité que tous lui reconnaissaient, qu’est-il donc arrivé à ce lion socialiste, ex Directeur Général du Fmi, pour que d’un coup plus rien n’aille dans sa vie et qu’autant de gens tentent de lui nuire, malgré son écartement actuel de la scène politique ?
La justice a statué de ses affaires et nous ne nous immiscerons pas dans ce débat, mais maintenant à terre, devant la haine qui l’atteint, l’éléphant qui avait tant de mal à plier le genou, peine à se relever.
Il y a quelque chose de terrifiant et pathétique à le voir ainsi mis à mort. Constamment.
De la même façon qu’il est difficile de voir tuer un grand fauve, la chute de Dominique Strauss Kahn est difficile à regarder.
Qu’on l’aime ou pas, l’acharnement dont il est l’objet dans un monde politique qui pratique couramment ce qui lui est reproché, ressemble à une mise à mort programmée destinée à le sortir définitivement de la vie politique et à lui ôter la plus infime de ses forces.
Et puis, même en imaginant l'horreur et le cynisme dont certains l’accusent, devons-nous pour autant leur ressembler et hurler au loup avec les loups alors que nous nous revendiquons de l'humanité? Que nous lui reprochons d'avoir failli à l'homme sapiens sapiens, lui l'érudit?
Nombreux sont ceux qui réprouvent les mises à mort, les jeux du cirque et des arènes, et nombreux furent heureux de la suppression de la peine de mort, alors pourquoi avec Dominique Strauss Kahn, leur pulsion de mort demeure t-elle si prégnante, comme si cet homme était devenu le support de toutes leurs colères et de leurs indignations ?
Par jalousie envers un homme à qui tout semblait réussir ou parce que symboliquement il est « le juif honni » pour une humanité endémiquement antisémite ?
DSK veut porter plainte contre le film d'Abel Ferrara