Les maîtres-chiens ont des nostalgies de kapo
Il y a des choses dont nous pouvons parler concrètement, l'apoptose est avérée, d'autres petites choses liées à la matière aussi, mais dès que nous touchons à l'abstrait et à l'immatériel, nous émettons des hypothèses, non-vérifiables par l'outil scientifique d'aujourd'hui, qui restent des vues de l'esprit auxquelles certains adhèrent et d'autres pas, selon leur culture et leur éducation.
Attendons donc que le génome nous en apprenne davantage sur ce qui nous anime et évitons les digressions empiriques qui ne mènent à rien de sérieux hors des terrorismes égotistes et des « épurations ethniques » que certains s’empressent de suggérer entre une tasse de café et un bout de pain d'épice dans leurs salons feutrés.
Il y a un grand danger à croire et laisser croire, pour des raisons différentes à chacun dans lesquelles la logique n’a plus d’existence, que « la vérité serait », lorsqu'elle est unanime et consensuelle.
On sait trop ce que ce genre de pensée a suscité et déclenché de pogroms, de tueries et de génocides en Russie, en Allemagne, au Chili, en Arménie, en Bosnie, au Rwanda et ailleurs. On sait aussi ce que cela détruisit d’intelligence dans l’Histoire : Socrate évidemment que le syllogisme tua plus que la ciguë et Galilée emprisonné pour sa version d'un autre monde... etc. Tout cela au nom des honnêtes hommes et de la vertu ambiante, d’une « vérité consensuelle et unanime ».
Au stade de notre évolution, la vérité comme la beauté reste subjective, mouvante selon les émotions, comment nous l'utilisons et ceux qui l'utilisent. Il nous faudrait tous connaître le principe de Gauss afin d'essayer de le circonvenir. Mais il faudrait pour cela admettre lucidement une animalité préhistorique qui nous colle aux sabots, même si certains plus que d'autres tendent à s'échapper par la pensée d'un corps trop charnel qui l'enlise à la terre.
L'abstrait et le concret ? Balbutiement des corps limités à la chair et course libre des esprits ? Absurde injustice ou juste équilibre entre le fini et l'infini ?
Affect- pensée- vérité : Trois choses de l'immatérialité, impalpables que pourtant certains s'approprient par nécessité de maîtrise. Par peur d'un délitement qui tiendrait lieu d'assise. Par peur de leur dissolution et nécessité d'existence. Par peur simplement, ce dont ils n'ont parfois pas conscience, de vivre et de mourir dans l'anonymat ; sans rien après eux qui puisse témoigner de ce qu'ils auront été et qui les entraîne et les garde dans une tribalité ou l'individu, ce que par nature ils sont, n'a pas d'existence propre, le clan servant lieu de béquilles et de fondations. Inhumaines contradictions qui les submergent, dont on voudrait les prévenir pour qu'ils soient plus sereins et plus heureux, mais ainsi que dit le proverbe « Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ».
Nous le savons « presque » tous, rien n'est important ; surtout pas ces mots que nous écrivons, que j'écris histoire de remettre les pendules à l'heure (que les groupies d'Einstein ne viennent pas me faire d'une montre une pendule) même pas et surtout ce temps perdu à essayer de dire la dérision et la vanité, l'absurdité de ce qui nous détermine.
Peut-être quand même un petit quelque chose que vous entendrez sur ces individus qui se vivent en maîtres-chiens et vous incitent sans avoir l'air d'y toucher, drapés de vertu et d'honnêteté, à des violences d'épurations ethniques.
Les décennies se suivent et se ressemblent et les maîtres-chiens ont toujours des instincts de Kapo à mettre les juifs en train et en flammes dans de nouveaux Auschwitz.
La paix dans le monde n'est pas pour demain, mais en attendant de savoir ce que nous apprendrons de nous au travers d'un génome parfaitement décodé, nous pouvons quand même essayer de faire ce que font les petits-enfants : lever la tête pour voir un peu mieux ce qui se passe là-haut.
Louise Gaggini