La sécurité de l’épargne
est-elle menacée?
Par Kathy Barrow
Le contexte Chypriote va t-il faire tâche d’huile? C’est la question que se posent les Européens ?
Les Chypriotes se voient refuser l’accès à leurs comptes bancaires. Impossible de retirer de l’argent, interdiction de transférer le moindre Euros à l’étranger. Ponctions directes sur le compte des épargnants étrangers, comment réagiront-ils, partiront-ils vers des cieux plus cléments?
Les autres Européens regardent avec anxiété les prochains comportements des Chypriotes…
K.B
Mais où vaut il mieux garder son argent ?
Les événements qui affectent Chypre soulèvent des questions plus larges, notamment pour tout ce qui concerne la sécurité et la garantie de vos dépôts bancaires.
La taxe sur l'épargne initialement proposée par l'Union européenne pour le sauvetage de Chypre ne sera pas appliquée... mais les événements de ces derniers jours soulèvent un certain nombre de questions qui dépassent la petite île.
Outre le caractère légèrement brutal de la taxe sur les dépôts bancaires souhaitée par la Zone euro – imaginez votre quotidien si tout retrait ou virement vous était interdit du jour au lendemain et votre compte bancaire directement ponctionné par l’Etat… – ce qui a soulevé l’indignation généralisée c’est le non-respect de la règle des 100 000 euros.
En Europe, les dépôts sont garantis à hauteur de 100 000 euros. La taxe qui prévoyait un prélèvement de 6,75% sur les dépôts inférieurs à 100 000 euros mettait à mal cette garantie, et a fait craindre un mouvement de panique bancaire sur l’île… et des effets délétères à long terme pour tout le système bancaire européen. Car s’il y a bien une chose que personne ne souhaite, c’est que le citoyen européen se mette à avoir peur de confier son argent aux banques.
Mais au fait, qu’est-ce que la garantie de dépôts bancaires ?
Cette garantie a été inventée aux États-Unis, en 1933, pendant la Grande Dépression pour inciter les Américains à laisser leurs économies dans leurs banques. Il faut dire qu’un tiers des banques ne s’était pas relevé du Krach de 1929 et de la récession qui avait suivie.
Nombre d’Américains y avaient perdu leurs économies et préféraient conserver leur argent sous leur matelas plutôt que dans un coffre dont le contenu pouvait s’évaporer dans la nuit.
En 1933 est donc créé une agence fédérale, la Fédéral Deposit Insurance Corporation (FDIC), qui assure la garantie des dépôts et des principaux produits d’épargne. Elle garantit 100 000 dollars par déposant et par institution financière et se finance en achetant des bons du Trésor (oui, vous avez bien lu, la FDIC gagne de l’argent en en prêtant à l’État fédéral, rassurant, non ?) et grâce à des primes d’assurance.
En principe donc, l’État fédéral n’intervient pas directement dans le financement de la garantie des dépôts. C’est pourtant ce qui s’est passé lors de la faillite de la banque Indimac en 1998.
L’idée d’une garantie des dépôts, qui a permis de maintenir à flots le réseau bancaire américain pendant la Grande Dépression, a ensuite été reprise par la plupart des pays.
Une parenthèse au passage : pourquoi les banques ont-elles besoin de votre argent ? Une des principales activités des banques, c’est de transformer vos dépôts ainsi que votre épargne à court terme en des prêts à plus long terme (prêts immobiliers, assurance vie, etc.). Les banques ont donc besoin que vous leur accordiez assez de confiance pour leur confier votre argent. D’où la garantie des dépôts.
Et en France ?
En France, la garantie des dépôts est assurée par le Fonds de garantie des dépôts (FGD), créé en 1999. Il garantit vos dépôts (comptes bancaires) ainsi que les principales formes d’épargne (comptes bancaires rémunérés, plan d’épargne logement, livrets etc. mais pas vos SICAV) jusqu’à 100 000 euros par déposant et par établissement.
Quelques exemples concrets :
- imaginons que vous avez 90 000 euros sur votre compte chèque et 22 000 euros sur un autre compte dans une banque A, en cas de faillite de cette banque, vous ne récupérerez que 100 000 euros puisque le calcul se fait sur la totalité des dépôts que vous avez dans une banque. - Par contre si vous avez 90 000 euros sur votre compte chèque dans la banque A et 22 000 euros dans la banque B, et que ces deux banques font faillite (ce qui serait pas de chance), vous serez entièrement remboursé, puisque le plafond est fixé à 100 000 euros par établissement. - Enfin, si vous possédez un compte-joint avec votre moitié, et que vous avez eu l’idée saugrenue d’y déposer 200 000 euros, chacun d’entre vous sera remboursé de 100 000 euros, puisque la garantie s’applique à chaque déposant.
Le FGD est financé directement par les banques qui, chaque année, lui verse une contribution obligatoire. Aujourd’hui, il dispose donc d’environ 2 milliards d’euros de capacité d’intervention, soit 20 000 dépôts de 100 000 euros.
Sachant que : - 99% des Français ont un compte bancaire - 85% des ménages possèdent au moins un livret d’épargne - plus de 60 millions de Livrets A sont actuellement ouverts - plus de 30% des ménages possèdent un produit d’épargne logement - 42% d’entre eux possèdent une assurance vie - et que selon la Banque de France, le total des dépôts atteignait 1 809,6 milliards d’euros en décembre 2012…
Que valent les 2 milliards du Fonds de garantie des dépôts ?
Un rapide calcul vous permettra de vous rendre compte que le FGD n’est pas calibré pour faire face à une importante faillite bancaire, ou à une succession de faillites de moindre importance
Retrouvez cet article sur : http://www.atlantico.fr - par Cécile Chevré
Taxation des dépôts bancaires :
le grand effroi des petits épargnants
Vu la vague de fond déclenchée par le brutal projet de taxation des dépôts bancaires à Chypre, il faut croire que ces voyous de la Troïka ont enfin touché juste : au tréfonds du porte-monnaie des frileuses classes moyennes. Du coup, c’est la révolution chez les petits (et gros) épargnants. Bien fait !
Que découvre-t-il soudain, l’épargnant transi ? Que son fric ne lui appartient pas, mais appartient à la banque qui le détient, qui lui lâche chichement la quantité qu’elle décide et peut même aller jusqu’à lui refuser l’accès à ses guichets en cas de coup dur.
Et le coup dur, il est là, tout proche ! Pourquoi croyez-vous qu’ils ont pris cette décision fatale un vendredi soir, à la veille d’un week-end prolongé, et qu’on ne sait même pas quand ils vont oser les rouvrir leurs banques chypriotes ?
Retrouvez cet article sur :
http://blogs.rue89.com/yeti-voyageur/2013/03/17/taxation-des-depots-bancaires-le-grand-effroi-des-petits-epargnants-229881
Sauvetage de Chypre : Riches et pauvres à l’amende.
Les Chypriotes à sec ce lundi. Les distributeurs n’ont pas été alimentés sur ordre du gouvernement et en ce jour férié, les banques affichaient portes closes. La taxe sur les dépôts bancaires imposée par les bailleurs de fonds internationaux risquait en effet de provoquer une fuite des capitaux.
C’est la première fois que l’Eurogroupe pose comme condition à un plan de sauvetage la mise à contribution de tous les détenteurs de comptes bancaires. Le gouvernement chypriote explique ne pas avoir eu le choix.
Chypre recevra donc une aide internationale de 10 milliards l’euros. En contrepartie, ceux qui ont moins de 100.000 euros dans une banque chypriote seront taxés à hauteur de 6.75%, au-delà, la taxe grimpera à 9,9%. Ces prélevements devraient rapporter 5,8 milliards d’euros.
Pour parvenir aux 17 milliards initialement demandés par Chypre, les entreprises aussi seront mises à contribution via une augmentation de l’impôt sur les sociétés. Jusqu‘à présent le plus bas de l’Union européenne, il passera de 10 à 12,5%, restant cependant attractif – c’est en effet le taux pratiqué actuellement par l’Irlande.
Ces mesures toucheront tous les détenteurs de comptes, résidents ou non, quelle que soit leur nationalité. Parmi eux, de nombreux Britanniques et surtout, les grandes fortunes Russie. 8.000 officiellement, les Russes seraient cinq fois plus nombreux sur l‘île. Et leur argent ne serait pas si propre – en imposant à Chypre une taxe sur les dépôts bancaires, c’est aussi la machine à blanchir qui est dans le colimateur.
L’agence de notation financière Moody’s évalue à plus de 9 milliards d’euros les avoirs des banques russes dans les banques chypriotes. Ceux des sociétés russes s‘élèveraient à plus de 14 milliards.
C’est bien là ce qui révolte les Chypriotes, indignés d‘être pénalisés à égalité avec ceux qui étaient venus chercher, dans le système bancaire de l‘île, les avantages des paradis fiscaux. Il est vrai que 37% des 70 milliards d’euros hébergés par les banques chypriotes sont détenus par des non-résidents.
FREDERIC BOUCHARD, EURONEWS “. Nous sommes maintenant avec Maria Joao Rodrigues, professeur à l’Institut des Etudes Européennes de Bruxelles, et conseillère auprès des institutions européennes.
Pour la première fois dans un plan de sauvetage, les déposants bancaires sont mis à contribution, l’Union européenne a-t-elle brisé un tabou ?
MARIA JOAO RODRIGUES: Je pense qu’il faut rappeler que l’Union européenne avait adopté un principe très clair de protection des épargnants jusqu’à 100 000 euros. C’est un principe clair qui a été défini après la crise financière 2008 pour prévenir les effets de contagion de ce que l’on a appelé la faillite de Lehman Brothers. Donc à mon avis il faut respecter ce principe.
Retrouvez cet article sur Eurosnews.fr
Plan de sauvetage chypriote à voir sur vidéos
Axel de Tarlé – Europ1 .
EURONEWS N’y a-t-il pas un risque de contagion dans la zone euro ?
http://fr.euronews.com/2013/03/18/sauvetage-de-chypre-riches-et-pauvres-a-l-amende/
Recherche Web: Kathy Barrow