OUMOU SY Les femmes d’Afrique ont du talent
Autodidacte, la styliste Oumou Sy vit à Dakar. Dans son atelier, elle conçoit et fabrique ses créations, du tissu aux bijoux en passant par la broderie, la teinture et une diversité de techniques qu'elle maîtrise parfaitement.
Son talent s'étend au maquillage, au décor et la scénographie, le design la décoration intérieure..
La Haute Couture, le Prêt à Porter reste son terrain de créativité principal sur lequel elle est reconnue comme une des grandes créatrices contemporaines non seulement africaines mais aussi mondiales. Musique Pascal Cadaré (2001)
Oumou Sy, l'un des plus grands noms de la mode africaine contemporaine. C'est aussi une femme d'affaires et l'une des pionnières de l’Internet en Afrique.
D'origine Peul, elle naît en 1952 dans la région du Fouta-Toro près du fleuve Sénégal, au sein d'une famille de 17 enfants. Son père meurt lorsqu'elle a cinq ans. Après sa disparition, la jeune Oumou commence à fabriquer des vêtements avec des tissus de récupération et ouvre son premier atelier de couture à St-Louis. Elle a 13 ans. Sous l'enseigne "Bagatelle-Couture", elle ouvre à 20 ans son premier magasin de prêt-à-porter à Dakar.
Elle se fait connaître très tôt au cinéma en réalisant les costumes de plusieurs films, par exemple Hyènes (Djibril Diop Mambéty, 1992), Guelwaar (Ousmane Sembène, 1992), Samba Traoré (Idrissa Ouedraogo, 1992), le court métrage Pressions (Sanvi Panou, 1995), Les caprices d’un fleuve (Bernard Giraudeau, 1996), Más allá del jardín (Pedro Olea, 1996) ou Le Déchaussé (Laurence Attali, 2003), un court métrage dans lequel elle interprète elle-même le rôle de Zaglad.
En parallèle, passionnée d’histoire, Oumou Sy a entrepris de reconstituer, avec plus de 3 000 pièces, tous les costumes des rois et reines d’Afrique et souhaite construire au Sénégal un vaste musée mettant en scène l’univers de chaque souverain, cultivant ainsi « la mémoire textile du continent noir ».
Le nom d’Oumou Sy est associé à de nombreuses initiatives et manifestations de grande ampleur en Afrique subsaharienne. Elle a créé son école, les Ateliers Leydi, chargés d'enseigner les arts traditionnels du costume et de la parure. Dans la foulée elle lance un carnaval dont la parade avec chars et musiques met en valeur dans les rues de Dakar les recherches des plasticiens et stylistes qui travaillent autour d'elle.
Impliquée dans le développement du monde rural, elle gère en Casamance (le pays de sa mère) un dispensaire qui rayonne sur 42 villages. Elle met également sur pied une Semaine internationale de la mode africaine (SIMOD) qui se tient chaque année à Dakar et à laquelle participèrent des stylistes de 15 pays. En 2005, le Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg lui consacre une exposition de six semaines accueillant plus de 20 000 visiteurs. Deux ans plus tard, ses réalisations sont présentées à la Documenta de Kassel, une manifestation d'art contemporain qui a lieu tous les cinq ans. Le 17 février 2007 a eu lieu à Bamako la première mondiale de Bintou Were, un opéra du Sahel, un spectacle entièrement composé et interprété par des artistes du Sahel. Cet opéra lui tenait particulièrement à cœur ainsi qu’à son mari, disparu peu avant.
Autodidacte, elle n'a pas appris à lire ni à écrire. Cela ne l’empêche pas d’ouvrir en 1996 un espace de convivialité innovant, le cybercafé Metissacana et crée un site-portail sur le Sénégal, une société de prestations de services, puis lance une boutique en ligne en 2000, qui lui permet de diffuser une partie de ses créations. La styliste explique son engouement pour le web par son ascendance Peul : « Pour moi, Internet, c'est un outil pour voyager sans bouger. Comme je suis d'origine nomade, j'aime ça, cette liberté de voyage sans frontière, sans administration centrale. Chez nous, les Peuls, quand on veut s'en aller, on prend une poignée de sable dans la main, on le laisse s'écouler pour voir d'où souffle le vent, et on part vers où s'envole le sable. Avec Internet, c'est un peu la même chose. ».
Oumou Sy est la première lauréate du prix RFI Net Afrique, en 2001, récompense pour son engagement dans la lutte contre la fracture numérique sur le continent africain.
Également directrice d'une agence de mannequins, elle est accusée de complicité de proxénétisme en 2001dans le cadre des festivités du 32e anniversaire de la Révolution organisées à Tripoli. Cet incident met quelque temps en péril les relations diplomatiques entre le Sénégal et la Libye. Un comité de soutien international est créé, réunissant des personnalités telles que France Gall, YoussouN’Dour, Baba Maal, Ousmane Sow, Laurence Attali … Incarcérée 33 jours, puis mise en liberté provisoire pendant près de 11 mois, la créatrice obtient finalement un non-lieu le 28 août 2002.
Le 26 mai 2006, Oumou Sy reçoit les insignes de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’honneur à la Résidence de l’Ambassadeur de France au Sénégal.
La styliste était mariée au producteur de cinéma français Michel Mavros, cofondateur de Metissacana et impliqué dans la plupart de ses projets depuis dix ans, brutalement décédé en 2006. Ce couple engagé s'était rencontré sur le tournage des Caprices d'un fleuve.
Oumou Sy est mère de cinq enfants. L'un de ses fils, Hamadou Makhtar Dapina (né en 1981) est également styliste.