Maurice,une île entre le ciel et l’eau
Maurice…
Une île entre le ciel et l’eau
Imaginez : une terre poussée là par hasard, presque par inadvertance, comme si l’eau de la mer avait, par trop d’agitation, dans l’ample mouvement de ses tempêtes, expulsé quelque chose lui appartenant, qu’elle chercherait à reprendre, inlassablement, avec la constance et l’opiniâtreté de ceux pour qui le temps ne compte pas. Une terre chaude, mouillée, et irrémédiablement soumise aux éléments qui l’entourent, là-bas, au centre de l’eau, l’île Maurice, entre le ciel et l’eau.
Située dans l’Océan Indien, l’île Maurice fait partie de l’Archipel des Mascareignes. À quelque 900 km de Madagascar et tout près de l’île de la Réunion, elle s’étend sur 2040 km 2 avec 322 km de côtes.
Des côtes dont la beauté oscille entre suave et sauvage, douceur vanille et pluies de mousson…
Une insularité pas comme les autres.
Islam, Hindouisme, Catholicisme, Judaïsme…
À l’île Maurice, religions et cultures forment des courants où le syncrétisme prend tout son sens, d’autant que s’y associent vaudou et croyances qui pour n’être pas forcément obscurs, peuvent être pour des esprits convenus, à la lisière des choses.
Mais à Maurice, à l’inverse des autres pays du monde, les religions comme les paysages se frôlent et s’interpénètrent sans jamais se blesser, différentes et complémentaires, exaltant une autre façon de vivre ensemble et induisant aussi une autre nature insulaire.
Les habitants d’îles, qu’elles soient Bretonnes, Corses ou Antillaises, sont la plupart du temps soumis à des enfermements et des concentrations. Rigidifiés sur eux-mêmes, ils ont du mal à s’ouvrir aux touristes et aux autres qu’ils voient comme des spoliateurs (ce qui n’est pas complètement faux) et des empêcheurs de vivre en rond (ce qui n’est pas toujours vrai).
Mais pas à Maurice où la gentillesse, la douceur et l’hospitalité règnent sur l’île. Un genre d’amour disparu qui aurait été conservé ici, envers et contre toutes les difficultés de vie, par quelques Daïnes et sorcières pleine de bonne volonté.
Je vous l’ai dit, une autre nature insulaire qui a sans doute à voir avec ces religions dont les Mauriciens ont rejeté les violences intrinsèques pour n’en garder que l’amour et la bonté. Que la grâce.
Vivre à l’île Maurice, même pour quelques jours, est un bonheur extrême qui porte à croire que l’humanité peut encore avoir un avenir radieux.
Si tous les gars du monde voulaient se donner la main.
Ainsi que dans la comptine on voudrait bien que cela soit. D’autant que nous faisons des milliers de kilomètres et des heures d’avion à en avoir le tournis pour accéder à l’harmonie et la sérénité de cette île bienfaisante. Pour s’approcher de sa beauté et envisager ses sentiments, ses émotions, un art de vivre que le luxe des hôtels Mauriciens tend à renforcer en nous immergeant d’emblée dans des univers de confort et de bien être, auxquels on peut ajouter sans flagornerie, la dimension humaine de certains hôteliers.
Et c’est le cas pour Jean Paul Martin qui dirige l’hôtel Telfair.
Le journal pour lequel je devais écrire cet article avait décidé de faire un dossier sur l’hôtellerie Mauricienne et l’on m’avait laissé le choix de l’établissement. J’avais choisi le Telfair au hasard. Même pas pour le spa ou le golf auquel je ne joue pas. C’était mon quatrième séjour à Maurice et le choix du Telfair, c’était juste pour changer.
Le Telfair Golf et Spa : un charme dolent et voluptueux.
L’hôtel est luxueux, ce qui à Maurice est courant, mais il y règne une sorte de langueur coloniale qui dès mon arrivée fit battre mon âme d’émigrée nostalgique de sud et de mers perdues ; d’odeurs d’épices dans l’air trop chaud et saturé d’humidité. Je revenais à la mousson, aux fruits mûrs, à la moiteur collée à la peau et aux cheveux qui instantanément « s’indisciplinent » et bouclent dans tous les sens.
Dans le hall clair aux parquets boisés et aux meubles précieux, je retrouvais l’esprit de mes lectures adolescentes où les aventuriers et les galériens, les militaires et les opportunistes, mais surtout ceux capables d’oser, défiaient l’inconnu pour l’unique idée d’un autre monde.
Mon séjour au Telfair se présentait donc plein de charme, ce que ne démentit pas mon premier réveil sur l’île. Face à moi la mer, le doux bruissement des palmes, des oiseaux colorés dont je ne connaissais pas les noms qui picoraient mon petit-déjeuner et une lumière franche déjà pour ce nouveau matin du monde. Sentiment d’adéquation et d’osmose. D’être en vie avec la vie, vous savez bien, l’indéfinissable transcendance qui nous porte à aimer et à perdurer au-delà des difficultés, seulement pour cette sensation inouïe du tout dans tout.
Entre eau, dauphins et petits poissons, coraux et coquillages.
La mer à Maurice est partout. Mais selon les points cardinaux ses côtes sont plus ou moins sous les vents. Au sud-ouest où se trouvent les hôtels Pavillons et Paradise, juste au pied du Morne Brabant, aucun souffle ne vient griffer la surface lisse de la mer, et l’on peut pendant des heures y observer des bandes de petits ou gros poissons de toutes les couleurs, sans aucune sensation de froid. Un endroit idéal pour les enfants et les familles qui peuvent le soir après les baignades et les jeux de la journée, danser sur le sega ou mieux encore écouter les nostalgiques et tristes récits de ces esclaves marrons, échappés et réfugiés dans les grottes de la montagne brune, qui lorsque l’esclavage fut aboli, se défendirent jusqu’à la mort contre des sauveurs qu’ils prirent pour des esclavagistes. Un Morne Brabant aujourd’hui classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
Le Telfair Golf et Spa, dont je vous parle, est plus au sud, là où le vent cherche à exister un peu, mais sans vraiment rien déranger de la volupté du lieu.
D’une architecture coloniale, il se tient au centre d’un domaine de quinze hectares à l’intérieur de l’ancienne propriété sucrière de Bel Ombre, dont le château est aujourd’hui transformé en un palais de la gastronomie pour le bonheur des épicuriens et des gourmands. Niché entre mer et montagnes il est traversé par la rivière des citronniers et longe les eaux turquoise d’un océan baigné de sable fin.
À l’évidence la direction de l’hôtel a opté pour « calme et volupté ». Confort et luxe des chambres, restaurants gastronomiques, même celui de la plage pour le plaisir de boire un vin frais, les pieds pas tout à fait dans l’eau, mais la tête dans les nuages c’était sûr.
Tout au Telfair semble avoir été pensé pour un plaisir subtil et discret où les bonnes manières vont de paires avec l’hérédité, la culture, l’héritage. Toutes choses confondues et rendues agréables par son directeur Jean Paul Martin que je ne rencontrai que la veille de mon départ, au Cavendish le grand bar de l’hôtel, colonial jusqu’au bout de ses canapés et terrasses ouvertes sur les jardins.
Et je dois reconnaître que ce fut une rencontre, de celles qu’on croise trop rarement dans nos vies.
Depuis le matin une pluie de mousson inondait l’île et vers midi l’orage avait éclaté dans un fracas de fin de monde. JP. Martin avait donc organisé différents plaisirs pour optimiser quand même la journée de ses clients et un élégant cocktail en fin d’après-midi en faisait partie. La pluie traînait encore, mais sans conviction.
C’était la veille de mon départ. J’avais déjà sillonné l’île de haut en bas et d’îlets en îlets, nagé avec les dauphins, mangé des langoustes grillées et joué du jumbé avec Bambou sur l’île aux Bénitiers.
De la cascade de Grande Rivière au Domaine des Aubineaux en passant par Curepipe, j’avais sondé le cratère éteint du « Trou aux Cerfs, bu du thé parfumé à la vanille, déjeuné à La Belle Créole de Mahébourg, et après avoir retrouvé dans les plaines et les vallonnements de l’île, l’âme de Paul et Virginie, j’étais certaine d’avoir reçu assez d’images et d’émotions pour écrire mon article.
Petite robe à bretelles en satin bleu pâle et sandales hautes, j’arrivai au Cavendish alors que la soirée était déjà avancée avec l’intention d’y rester le moins possible. C’était sans compter avec ce hasard qui n’existe pas et qui me fit rencontrer JP. Martin.
Avec passion il me parla de son île, de l’amour qu’il avait pour elle, de cette nécessité de développer des structures économiques à Maurice, qui ne spolieraient pas les Mauriciens dont il se revendiquait.
« Vous comprenez, disait-il, chez nous il n’y a aucune agressivité, aucune malveillance, c’est un coin de terre où les communautés religieuses cohabitent avec harmonie et tolérance. Ma famille est ici depuis 1715. Nous y avons fait souche et comme tous les Mauriciens j’aime les gens et je voudrais un monde plus juste. Je suis inquiet pour le futur. Des investisseurs étrangers achètent l’île, mettent des barbelés électrifiés pour la protection de leurs biens, et les Mauriciens ne peuvent plus ainsi qu’ils le faisaient depuis toujours, traverser les montagnes et les plaines pour aller jusqu’à la mer. Se promener chez eux simplement.
Les Mauriciens ne profitent pas des investissements d’aujourd’hui. Ils profiteront encore moins de ceux de demain, mais s’ils sont relégués dans des ghettos, si les nouvelles richesses ne sont pas réparties plus équitablement, comment réagiront-ils ? J’appréhende les conflits sociaux à venir. Un jour ou l’autre… »
Je vous l’ai dit, une conversation et des mots auxquels je ne m’attendais pas dans ce riche et très élégant endroit.
- Vous aimez votre île, vous avez un regard sur son avenir, ce serait bien que des gens comme vous la protègent…Faites de la politique !
Il m’a regardée, humble derrière ses lunettes. Il était ému.
- La politique ?
Il n’en ferait pas. Mais à l’endroit où je le voyais, il faisait le mieux pour le bien, j’en étais certaine.
Je terminai donc mon séjour sous le charme de cette rencontre et je pris l’avion le lendemain avec l’impression grâce à lui d’avoir reçu un cadeau.
J’aurais su écrire un bon article, parler des éléments qui portent l’île, dire l’eau et la lumière, la douceur de vivre et les oiseaux paradis, mais JP Martin au-delà des visions de carte postale, y a ajouté un autre regard. Un bout d’âme en fait. Celle d’un Mauricien amoureux de son île et qui me l’a offerte en partage.
Sans cette dimension-là d’ailleurs toutes les terres sont à découvrir et à explorer, ce sont leurs âmes qui les différencient, nous y attachent et nous fixent à leur sol.
Le lendemain par le hublot de l’avion, j’ai regardé l’île Maurice disparaître peu à peu. Qui savait quand je la retrouverais ? Posée sur l’eau elle était comme une âme émergée. Une sorte de pont entre le ciel et la terre. Sinon quoi d’autre ?
LG
Hôtel Les Pavillons
Sous la belle et austère garde du Morne Brabant, l’hôtel Les Pavillons jouit d’un cadre géographique exceptionnel, entre montagne et océan. Niché au creux d’un jardin tropical, il est composé de villas les pieds dans l’eau qui autorisent une grande liberté de mouvements.
Les chambres sont toutes luxueuses et confortables. Le personnel charmant et attentif. Les restaurants proposent des cuisines savoureuses internationales et locales qui n’oublient jamais la diététique.
Une grande douceur de vivre et un endroit privilégié pour jeunes mamans et petits bébés en quête de bien-être et de vacances reposantes.
Le Telfair Golf et Spa Resort.
C’est un établissement de luxe à qui l’architecture coloniale confère un charme unique et très particulier. Boiseries, végétation luxuriante des jardins tropicaux qui s’étendent jusqu’à la mer, bassins et jets d’eau pour la fraîcheur qu’ils dispensent au plus chaud de la journée, nous ramènent à un 18ème siècle où les dames dolentes sous la chaleur, portaient des ombrelles et de longues robes enrubannées. Un autre temps préservé ici sans volonté apparente de le fixer. Il y comme ça des lieux privilégiés qui se suffisent à eux-mêmes et s’échappent des contingences. Qui réconcilient pour nous passé et présent pour un futur qu’on voudrait parfois, souvent, immuable.
Quant aux suites et chambres, elles participent de la beauté et du luxe de cet hôtel où l’élégance et la volupté s’épanouissent jusqu’aux petites viennoiseries et autres différentes douceurs destinées dès les premières lueurs du jour, à nous ouvrir les yeux et le goût, enfin tous les sens, ainsi que le signale le nom du centre de Spa qui porte le beau mot de Senso.
Des restaurants gastronomiques pour satisfaire le plus rigoureux des épicuriens, un service d’hôtellerie discret et efficace, bref un hôtel pour amoureux, mais amoureux de tout : océan, lagon et sable fin, nature enchantée qui bruisse et nous caresse, bien-être du corps qui d’un coup se réapproprie plaisir et sensations. Senso. Toujours on y revient…