A fleur de mouvement et de parole
S'il y a un livre dont on a besoin et que l'on ne trouve nulle part, c'est celui qu'il faut écrire. Celui de sa vie. Un beau livre que l'on espère de la meilleure gravure. Celui qui n'irait pas au cimetière des livres. Pour certain(e)s, tout est donné très vite. La force du destin comme un fil directeur. Dès les premiers chapitres s'écrit la vie riche, belle, heureuse. Pour d'autres, cela se dessine bien plus tard.
Ecrire sa vie comme ricochets sur l'eau, les cercles à l'intérieur des autres, sans savoir finalement comment raconter cette histoire.
A fleur de mouvement et de parole.
Ecrire sa vie en espérant envelopper d'un nuage de gentillesse, parce qu'on voudrait tellement que quelque chose de doux et d'heureux, de tonique, émane de ses lignes.
Une écriture de l'aube.
Y sculpter des moments de temps, de lumière qu'apaise le bonheur simple. Placés les mots, comme les maçons choisissent les pierres, juxtaposition des couleurs et des sons. Endiguer le flot des digues, comme le voilier se prépare pour le vent.
Ecrire sa vie pour aimer, engager des échos, faire naître ou rebondir un échange désiré, recherché, un appel, pour sortir de son retrait, pour transcender l'imagination repliée. Pour aller au-delà.
Ce qui échappe aux mots. Le regard qui s'attarde, une main que l'on presse. Un sourire échangé. N'importe que la rencontre avec l'autre, les mots assemblés, accordés. Les mots des gens qui s'aiment. La tendresse.
Ce qui est sauvé par l'écriture de sa vie, par la musique, par la peinture et tous les arts... Une attention constante à ce qui vit. Un souffle d'air, d'eau, le soleil, la neige et le bleu du ciel. Au soleil et dans la nuit, la vie incessante, le rythme jamais interrompu, jusqu'à ce dernier pôle, la mort, sans ressentiment.Trajectoire d'un poème..
Ne serait-ce pas un juste parcours, portant au mieux la vie, loin des guerres ? Illusoire ? Ou proche d'une possible vérité ?