musique
Il s'en va.
Il revient
S'approche tout près et laisse s'échapper le souffle d' un mot doux
Une offrande, un partage éphémère, un mirage peut être
Puis s'écarte, se replie, s'évade au travers de son mur aux couleurs de ses peurs.
Au fond je ne saurai jamais ce qu'il a dans le crâne.
J'espace mes mots
Je garde mes verbes aux accents de tendresse
Je retiens mes soupirs, ils ne sont que des tragédiens au talent relatif.
Je silence
Et je reprends la gomme pour la énième fois
Faire et refaire, défaire et reconstruire, effacer et chercher des mélodies infinies
Tracer pour lui des notes inconnues.
Pourtant sur cette portée, déclinée à deux temps
Je ne sais où placer les rondes, les noires et puis les blanches
Et que dire des croches aux multiples possibles.
Il est loin
Il se tait
Je le suis
Ma parole est absence
Sa musique me manque
Mais mon oreille se veut sourde
J'ai entendu l'indicible tempête de ses contradictions
De ses hésitations
Je ne recule pas
Je perds juste tout au plus la trace de mes contours, partition chromatique qui vire à l'invisible
Je me hâte de disparaître juste devant ses pas.
Je ne suis pas de SON chemin.
Pourtant il me vient à rêver de ce moment volé...
J'hésite et saute dans le vide.
Alors je me harcèle dans les rythmes du temps
Je deviens petite violence
Impatience incarnée
Je m'emporte d'un rien
Je trouble mon esprit
Je dérange l'ordonnance de mes plus doux émois
Je bouscule
Je bascule
Je déchire mes écrits, mes pensées, les battements de mon cœur
Pousser ma voix jusque dans la douleur
Hurler et étrangler le son …
Pourtant il me vient à rêver de ce moment volé, encore …
Je ne m'apaise pas
Je volcanise dans ma solitude imposée
Griffer l'espace, le manteau de ma peau que les caresses ont toutes abandonnées.
Pourtant il me vient à rêver de ce moment volé, encore, encore ...
L'oubli, chez moi n'a plus droit de cité.
Alors je me prends à songer, à m'en songer dans des possibles impossibles …
J'invente alors des mots faits de nos seuls regards
De l'eau claire de ses yeux caressant mes eaux noires
Mais le noir s'estompe
Juste pour un instant
Je dessine pour lui des tableaux insensés
Des voyages simples, sans chimères, pourvues d'essentiel, d'essence ciel
Je caresse ses tempes de mes pensées aimantes
Je relie le feu et la douceur du miel
Et pour une fois, je silence le sonore
Pourtant il me vient à rêver de ce moment volé, encore, encore et encore …
J' antithèse, exaltée, oppositions, accordances
La passion, la raison
Et tente d'apprivoiser ce qu'il nomme paradoxe.
Je me réveille, enfin
J'ai relu tous ses mots … et
Je regarde mes mains
Tout au creux de la paume, un lagon s'est formé
Je suis petite image à jamais imprimée.
Et je sais qu'en partance sur chemins de traverse
Me restera de lui, un peu et le reste.
Pourtant il me vient à rêver de ce moment volé, encore, encore et encore …
Je garde tout au creux de moi, une ballade faite à deux,
Et juste sa Musique …
© Isabelle Janvier – Novembre 2011 – Tous droits réservés