Faire le café ou ne pas faire le café :
travailler en tant que femme
dans une organisation internationale :
machisme, sexisme et… solutions !
Par Ariane Fil.
Au moment où l’enquête réalisée pour IMS Entreprendre publiée le 24 mai et reprise
dans tous les organes de presse nous annonce que la majorité des salariés interrogés – sélectionnés pourtant parmi toutes les sphères hiérarchiques et sociales de l’entreprise- attribuent à l’homme une position de manager, concepteur stratégique et à la femme un rôle d’assistante exécutrice, quand on voit que ces mêmes sondés expliquent ces différences par une différentiation des gènes même de ces êtres humains, et que cette enquête a lieu… en France, l’un des pays les plus industrialisées de la planète, la patrie des droits de l’homme et tutti quanti… je me pose la question : Quid des femmes dans les organisations internationales ? Sommes-nous soumises à ce même plafond de verre ? A ces mêmes stéréotypes culturels ? Et où est ce foutu plafond de verre de toute façon quand, dans une même journée, on passe d’un entretien dans une hutte de branchage, au toit en plastique de son container, ou aux lambris du bureau du Gouverneur de province ?
Dans un contexte où toutes les cultures se mélangent, de l’animiste béninois au musulman pakistanais en passant par bon nombre de norvégiens agnostiques ou de philippins archis catholiques, quelle est la culture d’entreprise de l’ONU concernant les femmes ? Au milieu de ce salad bowl culturel, comment déceler les préjugés nuisibles à sa carrière et ceux qu’il faut accepter au nom du « respect pour la différence culturelle » (de toute façon c’est une qualité requise de votre fiche de poste. Si, si…)
Doit-on suivre le conseil de Margaret Joan Antsee, pionnière féministe de la vie onusienne, première femme à devenir représentante Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et qui au terme de plus de 50 ans passés sur 4 des continents, donne ce seul et unique conseil en guise de titre à son autobiographie : « Never learn to type : a woman at the United Nations» (N’apprenez jamais à taper à la machine : une femme aux Nations Unies) ?
A ce stade, je tiens à dire, que si les Nations Unies comme toute autre organisation souffrent d’un cas de machisme avéré, c’est tout de même une organisation qui prône le positionnement de femmes à des postes de responsabilité, et où l’on peut, si on a suffisamment de poigne, se retrouver dans des situations « de mecs’ , tels qu’organiser des mission en hélicoptère ou aller négocier avec des groupes armés…. Mais comme on le sait le diable est dans les détails, c’est donc au sein de cette organisation qui, sur le papier, a tout bon en termes de promotion des femmes dans la vie professionnelle, comment déceler et résoudre toutes ces manifestations quotidiennes du machisme ordinaire ?
Est-on obligée de devenir pire qu’un homme pour vraiment arriver au sommet ? Comment ne pas devenir cette espèce de gorgone hurlante chienne de garde terrible et ridicule à la fois, qu’on traitera de « connasse » là où on aurait dit d’un homme qu’il a de la poigne, qu’on critiquera pour être contrôlante là où on dira d’un homme qu’il a des qualités de leadership.
Surtout à l’ONU, dans les missions de maintien de la paix ou 80% de vos collègues sont non seulement des hommes mais des militaires, qui ont une fâcheuse tendance à vous appeler chérie et à sourire gentiment quand on leur fait une demande avant de se tourner vers votre collègue masculin pour savoir s’il faut l’exécuter ou non.
Par exemple quand à la fin d’une réunion, un major pakistanais vient nous dire qu’il ne nous a pas contredit en réunion parce que « dans sa culture, il est mal vu de contredire les femmes en public », alors qu’on venait juste de lui sauver la vie en rectifiant en temps réel une ânerie plus grosse que lui qu’il avait présenté et ainsi évité que son nom soit associé à cette connerie dans les 10 rapports à destination de nos chefs que les consciencieux preneurs de notes allaient pondre quelques heures plus tard.
En misant donc sur le fait qu’on survive à la crise d’apoplexie soudaine qui monte en nous, il faut savoir instrumentaliser la culture des Nations Unies pour lui répondre que : 1. Il n’est pas dans sa culture, il est aux Nations Unies. 2. On n’est donc pas une femme, on est sa collègue….
Ainsi la solution apparaît limpide. Comment prendre en compte toutes ces différences de sexes, de cultures et de vision du monde ? Ignorez- les ! Ou plutôt instrumentalisez -les.
Je m’explique, puisque ce fameux plafond de verre est lié à notre condition de femme, c’est-à-dire notre potentielle génitrice d’enfants et donc d’être sexué, jouons en un peu.
Profitons de cette subtile nébuleuse entre professionnalisme Onusien et cultures nationales ;
battons des cils, rions un peu fort pour obtenir, auprès de tout Uruguayen ou autre Italien normalement constitué, en pleine pénurie de fuel, un plein pour sa petite voiture.
Utilisons le politiquement correct des Américains pour, quand on se retrouve placée à la table d’une réunion de haut niveau, pas a cause de son rôle dans la boite, mais juste pour qu’il y ait une femme autour de la table (véridique), en profiter pour prendre la parole et montrer son jolis minois à tous ces vieux mecs blancs qui décident du destin de toutes ces femmes et petits enfants noirs.
Faire l’imprenable statue de glace quand on est confrontée à un austère Penjabi qui ne daigne même pas nous regarder quand il nous parle.
Et se montrer attentionnée avec les vieux chefs africains pour qu’il comprennent que, même si on n’est pas à la maison à s’occuper de son mari et de ses enfants, on est quand même une femme bien.
Donc en gros, transformer la victime en bourreau, retourner tout préjugé culturel que les hommes peuvent avoir sur les femmes et en jouer au maximum : ça s’appelle l’effet « Miroir » et l’on n’a pas trouvé mieux depuis le CP !