être mieux dans sa peau : La sophrologie
Mise au point en 1960 par le professeur Alfonso Caceydo, neuropsychiatre à Barcelone, la sophrologie est définie par son fondateur comme « l’étude de l’harmonie de la conscience et des valeurs de l’existence ». Longtemps marginalisée, elle est reconnue aujourd’hui comme une excellente technique de préparation mentale et notamment un grand réducteur de stress.
Méthode de rencontre entre le mental et le physique dans une relaxation positive, la sophrologie peut intervenir dans divers cas de mal être et paraît tout à fait d’actualité dans notre monde moderne.
Elle fait appel à un potentiel que nous possédons tous mais qui n’est pas exploité en privilégiant tout ce qui est positif dans l’existence. Le premier pouvoir de cette thérapie est l’allégement du stress qui peut se traduire par des maux de dos, des migraines, des troubles du sommeil, des angoisses, des désordres alimentaires, des excès de tabac et d’alcool.
Une nouvelle approche de soi-même
Au début, cet entraînement sophronique peut paraître souvent étonnant et déroutant comme lors de l’apprentissage d’une langue étrangère qu’on ne maîtrise pas, mais après quelques mois, le conditionnement sophronique devient spontané à tel point qu’on a plus besoin d’images mentales. Pendant la séance, vous allez vivre par anticipation la réussite du projet que vous avez choisi de « positiver », par exemple réussir un examen du permis de conduire ou perdre cinq kilos pour être mieux dans votre peau.
« La sophrologie, qui n’a rien de magique ni de miraculeux avec 50% de réussite en moyenne, va se servir du positif qui est dans chacun d’entre nous », souligne Nicole Girard, sophrologue depuis 6 ans à Levallois et diplômée de l’Académie de Sophrologie après deux ans de formation. « Seulement, cela réclame un apprentissage méthodique et régulier car on oublie ce qu’on est, on banalise tout. Par exemple, dans mes quatre groupes de sophrologie, lorsque je leur demande en fin de séance ce qu’ils ont vécu de positif dans la journée, la plupart répondent : « moi, rien… » Alors qu’on peut recenser des dizaines de moments sympathiques si on y réfléchit bien, comme boire une tasse de café le matin ou croiser quelqu’un qui vous sourit ».
Les séances se déroulent en groupe ou individuellement sous la direction d’un sophrologue compétent (Cf. Encadré). Elles s’adressent à tous en fonction des objectifs et des motivations de chacun. Par exemple, elles proposent une restructuration mentale afin d’opter pour une alimentation diététique et d’éviter les grignotages. Dans le domaine de la nutrition et du remodelage corporel, des protocoles de soutien permettent des résultats durables.
« Si on décide de se lancer dans un régime, on peut dire non à un éclair au chocolat avec sa bouche, mais pas avec tout son être et à tout moment, prévient Nicole Girard. Il faut donc aller chercher l’énergie pour recevoir ce qui se passe de positif lors des séances, calmer les pulsions négatives et fortifier la motivation en pratiquant des exercices spécifiques comme un sportif qui s’entraîne régulièrement ou un pianiste virtuose qui refait ses gammes chaque jour. »
Respiration, relaxation et visualisation
Cet art du mieux être - qu’il ne faut surtout pas confondre avec son cousin l’hypnose - s’appuie sur trois piliers, à savoir la respiration, la relaxation et la visualisation positive de reconditionnement.
Apprendre à respiration n’est pas un luxe inutile, car nous respirons à l’économie et nous ne prêtons guère attention à notre respiration, sauf quand elle fait défaut. Alors que si on s’y intéresse, on s’aperçoit qu’elle se niche partout (ventre, peau, nez, bronches, etc.). Il faut apprendre à connaître sa respiration et à jouer avec… pour fortifier notamment la concentration.
La relaxation est aussi importante car on ne sait pas se relaxer alors que le stress a tendance à se focaliser dans diverses parties du corps (épaules, ventre, cou, bas du dos, genoux, etc.). C’est une redécouverte de soi qui permet d’atteindre un état sophronique entre la veille et l’éveil.
Cette préparation mentale débouche sur la visualisation qui libère la créativité et l’imagination. Selon les thèmes choisis, les visualisations sont bien sûr différentes. Chaque exercice fait passer un message spécifique et ne remplace pas les médicaments. Son secret : toujours déplacer et recadrer le mental qui a tendance à aller vers le négatif pour l’ouvrir sur le positif.
« On travaille essentiellement lors des séances sur la concentration et sur l’imagination car ce sont eux qui nous permettent de réaliser les exercices mentaux », explique la sophrologue de service. Ainsi, une visualisation anti-stress très classique consiste à voir défiler et descendre une paroi transparente devant soi. Avec l’entraînement, on n’a plus besoin du support de cette image et spontanément on prend du recul, on subit le stress avec moins d’intensité. C’est le mental qui guide tout et permet de trouver les ressources nécessaires pour mieux vivre ces situations et gérer les réactions émotionnelles.
« La visualisation peut se faire de deux manières, précise le Dr Edith Perreaut-Pierre. Soit vous vivez l’événement de l’intérieur, vous êtes dans l’action, vous êtes acteurs. Soit vous vous voyez faire sur un écran, vous êtes spectateurs. Vous pouvez associer ces deux façons de faire, spectateur puis acteur ».
Votre visualisation doit être la plus concrète et la plus précise possible. Il est aussi important d’être réaliste et lucide dans vos objectifs, ce qui renforcera votre motivation. Ainsi, si vous avez cinq kilos à perdre, il est inutile et néfaste de programmer un régime drastique pour éliminer dix kilos. Avec l’entraînement, la sophrologie devient une seconde nature et finit par s’intégrer à notre manière de vivre.
Par exemple, lorsqu’on est pris dans un embouteillage, on a tendance à s’énerver car on se rend compte qu’on va rater un rendez-vous important. On a alors le choix entre abandonner sa voiture et prendre en catastrophe un transport en commun, soit prendre son mal en patience, combattre le stress et rester calme en pratiquant des exercices adaptés de visualisation qui aident à gérer la situation.
Une philosophie du mieux être à portée de tous
La sophrologie est aussi une philosophie qui se développe et se peaufine au fil des années. Elle participe au développement de la personnalité et à une progression constante et consciente vers l’équilibre et l’harmonie avec soi-même et le monde extérieur. Elle ne s’adresse pas seulement aux actifs stressés, mais aussi aux enfants en canalisant émotion et concentration et aux seniors qui sont victimes d’une baisse d’intérêt et de motivation au moment de la retraite.
« J’expérimente d’abord sur moi toutes les techniques sophroniques, précise Nicole Girard. Ainsi, j’ai appris ainsi à calmer mon angoisse des voyages et à éviter les désordres alimentaires. J’ai perdu du poids, non pas parce que j’ai moins mangé, mais parce que je me suis donné la possibilité de manger autrement sans succomber à des pulsions négatives, voire moralisatrices. On peut créer ainsi un autre plaisir de se nourrir différemment par une démarche mentale qui permet de gérer avec calme et recul le quotidien et l’imprévu. La volonté n’est pas un effort, c’est l’épanouissement d’une énergie qui est en nous ».
Vaste programme volontariste qui réclame plus d’une séance.
C.D
Encadré
Gros plan sur une séance de sophrologie
Concrètement, une séance de sophrologie propose de :
- Découvrir sa respiration, ses vertus et ses différentes utilisations dans un espace calme ; ne pas confondre respiration automatique et respiration volontaire
- Réapprendre son corps et son mental, savoir les détendre, les relaxer : entrer dans la dimension de l’esprit et comprendre que le gouvernail est entre nos mains.
- Visualiser positif afin d’assouplir les situations de stress face par exemple à l’aliment et reprogrammer son actuel fonctionnement quotidien.
Pour en savoir plus
Alfonso Caycedo « L’aventure de la sophrologie » (Retz, 1979)
Dr Edith Perreault-Pierre « Sophrologie et performance sportive » ( Editions Amphora, 1997)