En tous genres
En tous genres.
Xavier Lacroix (1), dans La Recherche du mois de Décembre 2011, aborde sereinement mais non sans une pointe d’agacement, la question du lien entre genre et sexe. Il interroge : peut on isoler le genre, construction sociale, du sexe, donnée biologique ? « L’enjeu du débat est celui de la place du corps et, plus précisément, de l’articulation entre corps, désir et culture », dit il.
Bonne observation. Qu’a t-on en effet à gagner à vouloir distinguer mordicus le genre qui trouve son sens dans l’alchimie complexe des dimensions biologiques et socio culturelles, d’une part, du sexe biologique de l’autre ? Rien, sinon à vouloir faire de la question du genre une question politique (économico / sociale / culturelle) !
Pour aller dans son sens, j’avance que le genre ne peut se penser qu’à partir de la différenciation du sexe. Ce n’est pas le genre qui créé le sexe. Ce n’est pas le politique qui a crée le sexe. Qu’on se le dise ! Le politique a instrumentalisé le sexe pour en faire un levier de sa légitimité… comme le "besoin", ""a peur", le "changement" ou autres... Dans le bestiaire des notions appropriées par le politique, le sexe en est une. Ca ne date pas d’aujourd’hui et espérons que cela cessera. Le capitalisme et sa version, en apparence, édulcorée, le libéralisme, ne fait rien d’autre en vantant les totems sacrés du genre : Barbies, fers à repasser… d’un côté, armes et canons, sports de combat… de l’autre. « Moi, Tarzan, toi Jane »… tout est dit !
L’affirmation politique « la femme égale de l’homme » ne doit pas être le prétexte à l’aveuglement quant aux réalités biologiques. Homme et Femme sont différents. Et réciproquement... Sans prééminence mais avec beaucoup de particularités ! Faut il pour exister en tant que « différent » annihiler l’existence de l’autre qui a le malheur de représenter à tort peut être… une norme depuis des lustres ?
Bien sûr, on peut se demander s’il y a vraiment différenciation aussi claire que ce que sous entendent mes mots : entre l’homme biologique et la femme, il y a beaucoup de nuances qui sont moins clairement établies que ce que l’on accepte communément. Et tant mieux ! Ainsi, admettons qu’entre hommes et femmes, êtres biologiques, il y ait un continuum imperceptible de petites différences. Pour autant, il y a bien à un moment, aux deux bouts de la ficelle, un homme sexué et une femme sexuée identifiables.
Marcella Jacub, citée dans l’article de X. Lacroix avance : « La seule issue qui est ouverte aux hétérosexuels pour finir avec le projet étatique de domestication massive de leur vie sexuelle et familiale (est de) rendre la société française décidément et absolument gay ». Eh ben !
Et comment s’y prend-on pour « rendre la société française décidément et absolument gay » ? Faut il contraindre ? Faut il communiquer ?..
Intégrismes, fascismes, communismes, libéralisme, ne fonctionnent pas autrement. « Pour être JE , TU dois devenir un autre MOI » ! Après, tout en singeant Matin Brun, on pourra toujours trouver un chronogramme qui montrera que je suis devenu gay en retard, ou vingt quatre heures après la date inscrite sur le fascicule administratif ad hoc… En tant que tel, paria… car converti tardif.
X. Lacroix tient un propos plus érudit, La Recherche oblige. Remercions le d’éclairer notre lanterne sur le lien entre sexe et genre dans lequel certains voudraient instiller une dose de politique « totalitaire ».
(1)Professeur de théologie morale à l’Université catholique de Lyon et membre du Comité consultatif national d’éthique. Lire sa chronique : « L’interprétation purement politique des différences sexuelles mène à des aberrations » n° 458 de La Recherche, déc. 2011.