Mes lectures : Il était une femme, Denise Lassartesse, alias Sigou Line
Faut croire qu’elle a trempé sa plume dans un arc en ciel pour savoir si bien nous faire rire aux larmes dans ses monologues à deux voix, son yin et son yang, qui bousculent les us et coutumes, dénoncent nos travers de façon ravageuse (sous le pseudonyme de Sigou Line)…
Et aussi, pour nous mettre la larme à l’œil quand elle se fait intime, ardente, audacieuse pour dire l’amour qui gronde en elle. Car elle ne sait pas aimer sans se faire brasier.
L’amour est brasier. Toujours entre deux tempêtes…
Femme volcan, femme lionne, femme tout simplement.
Un éditeur a cru en Denise Lassartesse, il a parié sur elle. Pour notre plaisir. On connaît tous la galère pour faire éditer un premier roman sans passer par l’autoproduction ! Et cournat 2010 est paru « J’ai rencontré un homme qui ressemble au Pays Basques ».
Il y a plusieurs thèmes dans ce roman. En tous cas, trois :
- La renaissance d’une femme. La narratrice l’annonce d’emblée : elle est née à 50 ans et se dénomme « la nouvelle née ». C’est un élément majeur qui soutient ce qui va survenir.
- L’art de peindre. Denise Lassartesse, pour tout de même lui restituer son entière identité d’écrivaine, est née dans la peinture. C’est un corps à cœur, une empoignade avec la matière, avec les émotions, que l’auteur nous restitue telle l’éruption du magma arraché aux profondeurs de la terre. On se retrouve les tripes à vif dès qu’elle met un pinceau ou tout autre outil du genre, dans les mains de son héroïne.
- Et puis, l’éternel duo homme/femme, la passion verticale, non pas ascensionnelle mais sombrant, naufrage éblouissant, aux pulsions archaïques révélées déjà dans la façon de créer de la narratrice. Et là, sans dévoiler l’intrique, il faut saluer le talent de « dame Sigou ». Elle travaille au scalpel, éviscère, donne à voir l’insondable d’une passion dévoreuse et destructrice. Les pics et les tréfonds. Le fracas de l’océan et la petite plage privilégiée « la Chambre d’amour » (ce n’est pas une invention…). Comme une danse émergeant de la sauvagerie primitive qui nous habite quelque part sans que nous le sachions toujours.
Femme louve.
Femme sorcière qui voit ce qui n’est pas donné.
Ses personnages secondaires sont également de belles et fortes figures, comme dame Wilgeforte ou Pili…
Denise Lassartesse, cracheuses de mots en feu… Pythie à sa façon,
Parce que, écrire, c’est se relier à la Source, là où le temps est éternel présent, se faire canal et laisser jaillir les fruits de la vie.
©Mahia Alonso