Mots et galets
Où finit le début d’un roman… Tout ce qui commence porte déjà la marque finale. Quand j’ai mis mon fils au monde, avant même que de me réjouir de lui avoir donné la vie j’ai pensée, encore sur la table chirurgicale (césarienne sous péridurale) « je lui ai donné la mort ».
Car c’est un fait, ce qui commence est déjà terminé. Ce qui sépare ces deux extrémités ?... des anecdotes entre parenthèse !
Alors chaque jour est une éternité, et donc un livre. Ecrire, rêver, dormir, pleurer …
Et oui, on pleure en rêvant ! Des larmes terribles, terriblement plus douloureuses qu’en vrai… Mais où commence le rêve, où finit le "vrai"?
« Comment ne pas se sentir débordé par ses propres mots ? Ecrire pour se polir, comme le rocher devenu galets… » Mais les mots ont leur vie propre, ils ne font qu’emprunter nos canaux… Nous ne sommes rien. Nous passons, disparaissons.
Ils persistent. Ils sont.
Le début d’un roman finit le jour où l’on a décidé de le commencer. Chaque phrase ensuite sera de trop. Un point final émis en pointillé. Mais jusque là, que de jolis galets de mots ! Ces tapis rouges dans nos têtes qui se déroulent sous les mots !
Mais qui donc a inventé les premiers mots ? !!!
©Mahia Alonso