Mois de mai entre diables, dieux,
soufre et eau bénite
« Ma Terro, Moun Pais ».
Coupé en un lieu secret, l'arbre de mai est porté dans la nuit
du 30 avril au 1er mai jusqu'à la place de l'église où il est dressé afin de célébrer l'arrivée du printemps
Printemps, muguet, fêtes chrétiennes et résurrection, élections, victoire, ce ne sont pas seulement les bourgeons qui poussent avec les fleurs et les sèves, mais aussi tout ce qui est du vivant de l’âme et de l’esprit qui semble en mai surgir de partout.
Les femmes ont des envies de changement et font des grands ménages dits de printemps, les hommes ont des désirs d’autres voitures, des projets s’élaborent, on pense aux prochaines vacances, au soleil, aux amants, aux dimanches ensoleillés, on a chaud et froid, on peste contre le temps qui lui aussi passe du soleil à la pluie dans l’instant, même les ados ont un peu plus d’acné, bref la vie en ce joli mois de mai, comme dit le poète, s’ébauche autrement et avec l’ambiguïté de ses origines.
Le mois de mai symbole du renouveau, du travail, du printemps et du soleil fut autrefois celui de la fécondité et de fêtes d’accouplements « sataniques » qui avait pour symbole l’arbre.
L’arbre de mai est un rite de fécondité lié au retour de la frondaison. Jadis répandu dans toute l’Europe occidentale ce rite prend son sens dans le cycle du mai traditionnel.
L’Eglise catholique a dénoncé ses caractères prétendument aliénants, superstitieux, et même sataniques (rites sexuels de groupe, société troublée par la multiplicité des règles, absolutisation des esprits végétaux et animaux) et le clergé s’efforça d’ordonner ce rite à sa convenance, prétendant défendre l’intérêt de la personne et celui de la société, tout en lui ôtant ses propriétés aliénantes et perturbatrices.
C’est au cinquième Concile de Milan, en 1579, que l’Église statuant sur la foi et la correction des mœurs, proscrivit cette tradition et ses rites apparentés, stipulant l’interdiction « le premier jour de mai, fête des apôtres saint Jacques et saint Philippe, de couper les arbres avec leurs branches, de les promener dans les rues et dans les carrefours, et de les planter ensuite avec des cérémonies folles et ridicules. »
Ce folklore est comparable aux nombreuses coutumes célébrant l’arbre, notamment du sapin de Noël ou celle de l’arbre de la liberté établie à la Révolution Française.
D’un point de vue mythologique, le mois de mai est, depuis toujours, le mois des fêtes en l’honneur de la végétation, des fleurs, des sources et de l’eau. C’est le mois du retour des morts et des ancêtres mythiques. Or, tous ces objets symboliques sont inséparables de l’amour, de l’érotisme et de la lutte des forces des ténèbres.
Chez les Romains le mois de mai était celui de Maia, déesse de la fécondité, c’est-à-dire un des avatars de la Terre-Mère. Le mois de mai est donc logiquement devenu le mois de Marie.
Dans le monde Celtique la date du 1er mai est celle de la fête de Beltaine, la grande fête celtique du dieu Bel, correspondant au dieu gaulois Belenos. C’est une fête du feu.
Le mois de mai connaît aussi la fête du Meyboom, Maypole, Maibaum, Maggiolata, etc. qui réactualise l’acte primordial de la régénération cosmique. L’arbre symbolise ici l’ensemble des forces de la Nature domestiquées par les ancêtres, les héros et les dieux primordiaux.
À cet égard, la nuit de Walpurgis est un épisode historique caractéristique des difficultés que rencontrèrent les autorités religieuses quand il fut décidé de récupérer, dans le cadre de la foi chrétienne, les forces occultes et païennes associées à ce mois.
La nuit du 1er mai est celle de Walburge, bénédictine anglaise appelée en Allemagne par St Boniface pour y raviver la foi chrétienne. Devenue Abesse de Heidenheim, elle avait été initiée à la Magie et à l’utilisation des plantes médicinales. Après sa mort, en 778, une huile miraculeuse se mit à sourdre de son tombeau. Cette huile protège de tous les maléfices. Elle symbolise également le feu purificateur allumé partout en Allemagne durant la nuit du 1er mai et dont parle Goethe dans on Faust. En Tchéquie, les enfants se déguisent en sorcières et de grands feux purificateurs sont allumés dans les campagnes.
L’Inquisition déclara elle que cette nuit du 1er mai correspondait au sabbat des sorcières et en 1484, le pape Innocent VII condamnera au bûcher toute personne associée à un quelconque acte de magie.
Le mois de mai s’est donc mis en place au cours des siècles entre incantations et incantatoire, entre souffre et eau bénite, diables et dieux, et un ensemble de rites et coutumes relayant ses ambiguïtés, s'est mis en place depuis des temps immémoriaux pour nous prévenir, nous défendre voire nous guérir de lui, mais, quoi que l’histoire nous raconte, dans la mémoire collective, le mois de mai demeure celui de tous les dangers et plus particulièrement celui qui lie les femmes aux manifestations occultes en leur offrant tous les pouvoirs…
Traditions
Le mois de mai est devenu le mois de Marie, mais autrefois il était réservé aux communions et aux baptêmes. Au 20ème siècle cette tradition n’est plus systématiquement respectée, mais les mariages eux, par peur confuse, demeurent le plus souvent célébrés aux mois d’avril et juin. Une superstition vivace indiquant qu'« il ne faut pas se marier en mai, la femme serait stérile ». Les Romains eux évitaient de se marier en mai car c’était aussi le mois des esprits malins.
Au Japon, il existe ce que l’on appelle la « maladie de mai » une sorte de malaise où les nouveaux étudiants, les travailleurs commencent à être fatigué de leur nouveau travail scolaire ou emploi. Cela est dû à la coutume japonaise qui fait commencer toutes les années scolaires et années fiscales le 1er Avril.
Proverbes
« Au mois de mai, manteau jeté. »
« En avril, ne te découvre pas d’un fil ; en mai, fais ce qu'il te plaît. »
« Femme de mai plaît toujours. »
« Mai froid n’enrichit. »
« Mai pluvieux marie le laboureur et sa fille. »
« Mai pluvieux, laboureur joyeux. »
« Mariages de mai ne fleurissent jamais. »
« Pendant le joli mois de mai, couvre-toi plus que jamais. »
« Si le dicton dit vrai, méchante femme s'épouse en mai. »
« Mai, mois fleuri, mois béni. »
« Mai, mois de fleurs, mois de pleurs. »