il tue son ex femme à coups de hache
Les faits : incarcéré depuis 7 mois pour violences conjugales et bénéficiant d’une permission depuis le lundi 19 mai, le 21 mai - soit deux jours plus tard – un homme de 49 ans – alors qu’il avait juré, s’il sortait, de recommencer – a tenté de tuer son ex femme à coups de hache, à Caluire (Rhône). Celle-ci est décédée dans la journée.
http://www.bfmtv.com/societe/a-peine-sorti-prison-tente-tuer-ex-femme-a-hache-778591.html
La prison, paraît-il, faisant ressortir les délinquants et criminels pire qu’au moment où ils y étaient entrés, cette femme l’a payé de sa vie.
Et puis, l’homme s’étant présenté ensanglanté dans un bar du sixième arrondissement en s’accusant d’avoir trucidé sa femme, nul doute qu’aussi bonne action ne manquera pas d’être soulignée par son ou ses avocats, et lui vaudra la clémence du juge. « Faute avouée est à demi pardonnée», n’est-ce-pas.
Qu’un individu condamné pour violences à 7 petits mois de prison est déjà incongru, qu’il ait droit à une permission au bout de 2, ou 3 ou 6 mois ? Une gageure, mais qu’il n’ait vraisemblablement pas eu à porter un bracelet électronique l’enjoignant à ne pas approcher sa femme en raison de faits qu’il avait pourtant juré de réitérer est bien évidemment scandaleux, et relève d’une inhumanité qui ne cherche même plus à se cacher.
Les peines alternatives, mesures chères à Christiane Taubira, ne démontrent pas ce qu’elles n’ont pas à démontrer : leur inefficacité totale quand elles s’appliquent aux individus les plus dangereux mais bien l’efficacité dans le but recherché : créer dans l’Etat un état d’insécurité avec son corollaire, la population déstabilisée et rendue vulnérable par une violence totalement assumée. L’Etat ne protège plus les citoyens. L’Etat les livre en pâture aux monstres.
D’ailleurs, un bracelet électronique à la cheville ou au poignet aurait-il empêché ce criminel de perpétrer son forfait ?
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/05/15/01016-20140515ARTFIG00351-prison-la-derive-des-peines-alternatives.php
Au 1er mai, les statistiques affichent 1830 bracelets pour les 8 départements de la région parisienne avec des pics de concentration en Seine St Denis (le Neuf-Trois), dans le Val de Marne et Paris dans lesquels le taux d’incident – les prisonniers qui ne respectent pas les horaires – sont de 10 à 15%.
En 2013, il y avait au total 32.000 condamnés sous bracelet contre 25.000 en 2011, soit un « stock » de 11.000 personnes en ce moment, explique le sous-directeur de l’Administration pénitenciaire. « Des flux et des stocks » dit-on dans les milieux autorisés, un peu comme chez Carrefour, en somme ! Impossibles à maîtriser quand un seul JAP (Juge d’Application des peines) doit gérer 120 dossiers. Alors, pour pallier ce manque de moyens, deux solutions, l’une appliquée, l’autre à venir.
- La prison à mi-temps accordée par les tribunaux de Paris qui se sont résignés à donner des permissions – sans contrôle électronique donc puisque impossibles à gérer toutes – pour le week-end rédigées comme suit : « du vendredi matin au lundi soir après le travail ».
Moralité : « les condamnés ne restent en réalité sous bracelet électronique que 3 jours par semaine », avoue le directeur pénitenciaire.
D’ailleurs, en Seine St Denis, les flux et les stocks étant un vrai casse-tête, les condamnés ont du rab : ils ont droit chaque jour à 1h30 de plus sur les horaires fixés par le juge.
- Parce que le suivi est irréalisable du fait de trop peu de JAP et de conseillers d’insertion, un haut fonctionnaire de police est partisan de « l’individualisation du suivi ». 1 conseiller = 1 condamné ? Raison pour laquelle le ministère de Taubira a annoncé la création de 400 postes de conseillers d’insertion et de probation dès 2014, et 1000 postes vers 2017.
Mais cela sera-t-il suffisant quand en 2013, il y avait 32.000 bracelets dans la nature ?
Une chose est certaine, Taubira ne lâchera pas : « Nous allons détruire, pulvériser les méthodes qui prétendent que le bon sens dit qu’il faut enfermer, et enfermer, enfermer sans cesse alors que c’est cet enfermement sans cesse qui crée du danger pour la société. »
Cette femme frappée mortellement à coups de hache, la faute à pas de chance, peut-être ?
Caroline Corbières