Indépendance (dédié à toutes les Nanas)
Indépendance
Je suis la femme sans nom aux visages multiples aux histoires sans fin.
Et toi,
petit homme qui rêves de me conquérir,
parce que tu as posé le soc de tes mains sur mes reins,
reprends tes esprits!
Je suis l’âme aveugle et sourde aux plaintes humaines,
je vais où me pousse mon frère Simoun soulevant mes jupes de dunes.
Je suis le rire cruel qui secoue tout rebelle, le rire qui ne s’éteint jamais.
Je suis la Vivante.
avant même le jour des commencements.
Convoitée par une humanité en quête d’impossible.
Toi, petit homme,
tu penses que tu es celui qui m’a le mieux caressée,
tu crois même que tu m’as instillé ta semence de façon indélébile.
L’océan de mon éternité me renouvelle inlassablement.
Sur mon sable fin hostile pas un pas ne s’incruste.
Tout s’efface.
Je ne connais pas la mort mais je me nourris des morts.
Je fus
Je suis
Je serai
Je suis l’amour qui ne donne pas,
qui ne partage pas
qui n’endure pas.
Plus impitoyable que le roc.
L’amour, ma perfide vengeance.
A toi l’illusion de la conquête,
de la domination, l’idée même de ta grandeur.
Jamais je ne te serai donnée.
Tu passes, j’efface...
Mes millénaires ont fait rêver les hommes de tous les horizons.
Mais aucun, jamais ne me fera sienne!
Alors, avant de t’avaler et de te rendre putride,
Ecoute,
écoute le chant des pierres du chemin…