Le genre humain, "deux en un"
La confusion des genres est dans l’air du temps. Aujourd’hui, il n’est plus possible d’attribuer des valeurs spécifiques au féminin et au masculin. La contraception, l’éclatement du modèle familial traditionnel, les avancées scientifiques dans le domaine de la procréation ont changé la donne et les codes sociaux. Il y a et il y aura toujours, souhaitons-le, le même principe de vie né de l’homme, de la femme et du hasard (comme le dit d’Albert Jacquard) mais, désormais, les notions de féminin et de masculin tissent des liens entre elles, au point de nous troubler et de nous questionner sur notre propre identité, plus complexe qu’il n’y parait.
Le sociologue Jean-François Dortier (dans Sciences Humaines de mars 2012) nous explique que nous avons tous 5 identités sexuelles : chromosomique (XX ou XY), anatomique (pénis ou vagin), hormonale (testostérone ou progestérone), sociale (homme ou femme) et psychologique (féminin ou masculin). La plupart du temps, celles-ci coïncident mais pas toujours, laissant apparaître des ambiguïtés. Tant de choses nous façonnent, ne serait-ce que le jeu entre l’inné et l’acquis jamais stable et plus largement le brassage des idées et des cultures sans oublier l’émergence des femmes dans les territoires masculins, qui bouscule l’ordre établi.
Dans la balance des puissances (représentée dans l’article de Christian Duteil), le bleu des garçons pèse plus lourd que le rose des filles. Pourtant, nous sommes à peu près égaux en nombre ! Cependant, les couleurs du Temps changent perceptiblement. Les hommes se mettent au rose, un nombre non négligeable de femmes adopte le bleu “Marine” (no comment !) tandis que les marques de layette saisissent le désir des parents d’échapper à l’étiquetage de leur progéniture dès la naissance, pour diversifier leurs couleurs. Ce reflet du temps n’est pas anodin et nous embrouille les pinceaux ! Plus sérieusement, la question de fond qui se pose est : qu’est-ce qu’un Homme (avec un grand H) ? Comment arriver à plus d’équilibre et de parité pour que chacun puisse être au même niveau d’expression de ses couleurs, lesquelles ne se limitent plus au bleu et au rose purs ?
Dans le débat Hommes-Femmes comme dans d’autres controverses qui tentent d’échapper au mode binaire, il ne faut pas perdre de vue le petit diapason de notre condition humaine commune. Ce genre premier et globalisant qui n’est ni le second sexe de Simone de Beauvoir, ni le premier sexe d'Éric Zemmour, devrait pouvoir rassembler les esprits et non les diviser. En d’autres termes, si l’école laïque et républicaine enseignait aux enfants la notion d’appartenance (et de responsabilité) au genre humain, peut-être serions-nous moins dans des relations de pouvoir mais d’avantage d’altérité et d’intérité ? Il ne s’agit pas de gommer les identités sexuelles (et autres) mais de leur permettre de s’exprimer librement, pour faire de nos différences un enrichissement et une dynamique. Ce vœu laïque (et non pieu) rejoint le concept très tendance “penser global, agir local” du grenelle de l’environnement. Chacun son genre et son état civil mais un même “ensemble” motivé par des valeurs humanistes.