Il était une fois, Adam et Eve
IL ÉTAIT UNE FOIS, ADAM ET EVE
Par Louise Gaggini
Depuis la désaffection de la religion par la société, rien n’est venu remplacer cette nécessité qu’ont les hommes d’avoir un « père » un guide qui les porterait vers le haut, plus haut que les contingences immédiates qui souvent embrouillent les réflexions, empêchent la transcendance qui contient la générosité capable de rendre les choses plus belles et moins douloureuses et permet de s’extraire de soi pour aller vers les autres.
Nous souffrons aujourd’hui de n’avoir pas de pensée réfléchie à lire ou écouter dont on pourrait s’agrandir, et comme des enfants perdus, dans le désordre et la confusion, brouillons, nous portons au sommet, des prédateurs et des loups instantanément investis du pouvoir de ce père mythique dont nous croyons avoir besoin, dont nous ressentons le manque.
Incapables « d’être seul au monde » nous nous accrochons à la moindre force émergeante pour ne plus souffrir d’isolement et de délitement, pour ne pas risquer la dissolution immédiate.
Reste donc à quitter « le père », ce qui se fait par force aujourd’hui dans notre monde déserté par une vraie pensée philosophique remplacée par ces ersatz qui polluent l’espace civil, les médias et tous les réseaux, dévoyant la réflexion et seulement convaincus d’eux-mêmes, proches du médecin de Molière et de monsieur Jourdain plutôt que de Sénèque.
Ce qui se fait donc, mais dans le désordre et l’incohérence.
Il faudrait réapprendre l’art de la critique tel que le pratiquait les anciens grecques, grandir sans béquilles, et, libérés des peurs et des entraves originelles, tenter de construire un monde plus juste, hors cette cacophonie et ce vacarme dans lequel plus rien ne s’entend et d’où n’émergent que des prédateurs, prit pour des messies.
Tenter enfin de reconstruire Babel et de ne plus en chuter !
L.G