Les réserves d’énergie libre ne sont pas inépuisables
Par Jean Paul Basquiast et Christophe Jacquemin
Les défenseurs des énergies renouvelables présentent celles-ci comme des sources inépuisables, susceptibles à l'extrême de satisfaire tous les besoins énergétiques actuels de l'humanité, voire de nouveaux besoins fussent-ils en forte croissance.
Axel Kleidon, biochimiste au Max Plank Institute de Iena, vient de montrer que cette croyance est erronée. Remplacer notamment les combustibles fossiles et l'énergie atomique par des éoliennes ou des panneaux solaires entraînerait une diminution sensible de l'énergie fournie par le vent et la lumière solaire au reste du globe, océans et terres émergées. Ainsi des éoliennes en grand nombre pourraient modifier gravement le régime des vents. La multiplication des panneaux solaires empêcherait de réfléchir la lumière (dont ils n'utilisent qu'une petite partie), contribuant ainsi au réchauffement. C'est l'ensemble de la biosphère qui en serait perturbé. Or c'est essentiellement de celle-ci (énergie verte) que l'homme tire sa subsistance. On pourrait sans doute appliquer les mêmes raisonnements à la géothermie.
Axel Kleidon appuie ses propositions sur la thermodynamique loin de l'équilibre. On a trop tendance à oublier que la deuxième loi de la thermodynamique, précisée voici bientôt deux siècles par Sadi Carnot, est incontournable. Générer de l'énergie à partir d'un gradient thermodynamique signifie extraire de l'énergie d'un autre gradient. Or la seconde loi fixe des limites indépassables à la quantité d'énergie ainsi obtenue. Appliquée au système thermodynamique complexe qu'est la Terre en relation avec l'énergie solaire, cette approche montre que les limites dans les capacités d'extraction de l'énergie dite libre sont vite atteintes.
Les optimistes diront que les générateurs éoliens ou solaires ne deviendront jamais si nombreux qu'ils puissent perturber les équilibres thermodynamiques naturels - ceci d'autant plus que leur production plafonnera vite car faisant pour le moment appel à des matières premières qui seront de plus en plus rares. Il reste que les calculs de Axel Kleidon devraient désormais être pris en compte dans la définition du mix énergétique auquel l'humanité fera globalement appel dans les décennies prochaines. On constatera à nouveau qu'en toutes hypothèses, l'énergie la plus sûre sera celle que l'on économisera.
SOURCES :
- Axel Kleidon. How does the earth system generate and maintain thermodynamic disequilibrium and what does it imply for the future of the planet ? http://arxiv.org/abs/1103.2014
- Voir aussi Mark Buchanan:
http://www.newscientist.com/article/mg21028063.300-wind-and-wave-energies-are-not-renewable-after-all.html?full=true
- Wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxi%C3%A8me_principe_de_la_thermodynamique
A suivre sur: http://www.automatesintelligents.com