Pour ne jamais entendre en France : lorsque j'entends le mot « Culture » je sors mon revolver !
Lycéens je vous aime. On vous aime parce qu'alors que les adultes auront bientôt des torticolis à force de baisser la tête par soumission, vous, vous vous autorisez ce qu'eux n'osent plus. Vous revendiquez, vous discutez sur les valeurs de votre école, et votre liberté vraiment, est un souffle de vie.
Des lycéens au discours intelligent et sensé qui répondaient il y a quelques semaines à un journaliste de France 2 :
- Nous voulons une école pour tous et égalitaire. Les réformes d'aujourd'hui ne permettent plus à tous les jeunes de faire des études universitaires, elles sont trop chères, les livres, l'inscription, le logement, seuls ceux qui sont aidés par des parents peuvent maintenant y accéder, l'école de la république n'existe plus !
Du haut de ses 16, 15, ou 17 ans, il a répondu calmement, simplement à la question posée : « Que pensez-vous de l'école et des universités sous N. Sarkozy »
Derrière lui les autres opinaient de la tête, attentifs et sérieux. Rien à voir avec les caricatures diffusées et vulgarisées par médias interposés genre « des bandes de jeunes ont envahi... » ou « des jeunes ont agressé... » .
Ceux-là de jeunes étaient organisés et disciplinés dans leurs revendications. Ils tenaient un discours intelligent et sensé. Et j'ai repensé à un livre « Quelle école demain ? » qui disait que l'information se devait de suggérer des réflexions et des prises de conscience ; n'avait d'autre objectif que celui de faire grandir les hommes et leurs sociétés, mais un livre aussi dans lequel, après des centaines d'entretiens avec des centaines de jeunes gens, l'auteur avait pu approcher des forces. Forces vives d'une jeunesse capable, si un jour elle avait le bon leader, de battre les pavés de France.
De voir et d'entendre ces jeunes gens convaincus du bien-fondé de leurs revendications, m'a procuré un véritable bonheur. Je ne suis pourtant pas totalement en accord avec eux, je crois même que la réforme des lycées était une nécessité, mais je suis admirative de leur aptitude à la « critique de la méthode », dans un monde où avoir une réflexion individuelle tient de l'exploit sportif niveau médaillé olympique.
La grève est la dernière des libertés, l'ultime ressource devant l'arbitraire, et la revendication des lycéens est une véritable leçon aux adultes que nous sommes.
Sans les médias, Nicolas Sarkozy ne peut exister.
La France est un pays de droits, mais de droits malmenés par un Président qui les bafoue sans éthique et qui ne trouve en face de lui que frilosité, ou, ce qui doit l'amuser, des émissions avec de savants et vieux professeurs et quelques vaniteux serviteurs (de ceux qui grenouillent toujours dans les antichambres des pouvoirs), qui pendant des heures analysent ses actions avant de s'en retourner chez eux, assurés d'avoir fait ce qu'il fallait faire : dénoncer.
Ce qui s'avère inefficace parce que les hommes politiques sont sans exception ou presque, des chefs de meute (les Gandhi hélas ne sont plus d'actualité,) capables si cela les arrange de proclamer « Lorsque j'entends le mot culture, je sors mon revolver» .
Si à l'égal des lycéens, les médias savaient faire abstraction de leurs intérêts personnels pour une identité et un avenir communs, ils auraient au moment voulu épaulé Patrick de Carolis et empêché la prise de pouvoir de Sarkozy sur l'audiovisuel. Nul n'aurait pu imaginer une France sans son ni image ni information. Sans même cette horrible musique d'ascenseur déclinée sur les ondes en période de grève. Personne. Surtout pas lui dans l'impossibilité d'exister sans médias.
Mais voilà, les médias ont médiatisé. Point barre. Comme dit une jeune fille de mon entourage : « Ca délire grave dans les chaumières !»
Mais, des lycéens si intelligents et sensés soient-ils sont des adultes en devenir, plus tout à fait des enfants et pas encore des hommes, avec des paramètres d'expérience qui leur échappent, aussi, lorsque j'imagine que dès l'âge de 13 ans ils pourraient être jugés et internés en prison, j'ai comme une sale angoisse, un truc qui me ravage l'estomac et je n'ai plus qu'une envie, c'est de les rejoindre et de faire avec eux « la révolution ». Ce que leurs parents avaient ébauché en 68 : la remise en question d'un gouvernement dont la démocratie semble bannie, et qui a plus à voir aujourd'hui avec des tribuns de l'Est, qu'avec ceux de Rome ou d'une Grèce qui a si bien servi l'esprit des lois.
Claire Laforêt