Prometheus
Prometheus
Par Luc
Dans les années soixante, j’ai eu un fol espoir. Vivre la conquête spatiale. Se mettre avec humilité mais avec pugnacité au niveau de l’univers. Permettre à l’humanité d’aller exporter ses espoirs sur d’autres astres et d’autres planètes.
Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, j’ai vécu cette conquête par procuration en virtuel. Stanley Kubrick m’a fait vivre des moments intenses avec Odyssée deux mille un et plus récemment des projections comme «Alien» et dernièrement « Prométheus », à un degré moindre, ont versé quelques gouttes de consolation dans cet espoir déçu.
Car je ne verrai pas, en dehors des premiers pas sur la lune, ce qui aurait pu être la conquête de l’humain dans l’espace. Le combat sur la férocité naturelle de l’univers. Celle qui condamne tout organisme qui se propage de façon incontrôlée sur un objet comme une planète. Telle une moisissure sur une orange.
Non, je ne le verrai pas puisque je suis soumis au temps qui passe et je vais donc vers mon trépas, moi, le « passant ». Ce, comme tout et chacun. Pourtant j’aurai pu avoir l’espoir que l’humanité puisse apprécier, comprendre et appréhender correctement cette problématique. Il n’en a rien été. Il n’en est rien. Il n’en sera rien.
Car soumis à bien d’autres lois que l’Homme est incapable de discerner, il se tourne vers lui-même et ne regarde que son nombril. Evidemment, en «faisant un grand pas pour l’humanité», le regard rencontre ce petit témoignage de notre origine. Immanquablement. Et du coup, il utilise ce qu’il a appris à projeter, à créer, à construire, pour lui apporter directement soit des bienfaits immédiats, soit des moyens de s’observer (espionner) ou de se menacer. Faute d’ « intelligence » concernant la fragilité de sa présence et ce qui est le réel enjeu de sa pérennité.
Car l’humanité n’est qu’une projection de la planète sur laquelle elle se propage. Or cette planète dans un facteur espace-temps différent, a son propre cycle d’évolution et de vie. Tout comme le soleil, cet astre soumis lui aussi à une disparition future et fort lointaine pour nous autres. Tout comme l’ont été Mars et comme le sera Vénus. En ce qui concerne la vie. Cela procède d’une logique.
Bien d’autres enjeux sont en cause, bien d’autres intérêts, bien d’autres priorités. Et toutes occultent le fait que l’humanité n’a aucune chance de s’en sortir à terme. Et puis on s’en fout puisqu’on n’en saura jamais rien, vous qui me lisez, moi qui écrit. Sauf qu’on peut avoir un petit sentiment de regret pour nos descendants. Mais on se contentera donc de projeter virtuellement la conquête spatiale au travers de films d’aventure plus ou moins réussis. Comme «le soleil vert». Comme la « planète des singes ». Comme «Prométhéus».
Et si j’ai apprécié le film pour ce qu’il est, un divertissement réussi, en ce qui me concerne, je regrette de ne pas voir toujours aussi virtuellement, ce qui aurait pu être l’abordage d’une exo planète. Entendez par là, d’une planète en dehors du système solaire.
Un engin spatial qui ne peut être que sphérique. Pour supporter les pressions intenses et les forces gravitationnelles présentes dans l’espace et générées par les objets plus ou moins massifs qui s’y trouvent. Un engin équipé de moyens de recherche et d’observation ultra-performants pour prévenir des risques qu’une infime poussière peut faire courir en venant percer sa coque, au vu du différentiel de vitesse de leurs deux corps pendant leur rencontre fortuite. Un engin transportant des êtres humains dans ce qu’ils ont de plus basique. A savoir en tant que spermes et ovules. Seuls moyens de préserver sur un espace-temps considérable, l’espèce humaine. Un engin donc équipé pour faire se rencontrer l’un et l’autre au moment choisi et déterminé par des conditions et un contexte précis.
Un engin dans lequel toute une robotique et autres appareils extrêmement sophistiqués pourraient assurer la survie des êtres humains créés pour la circonstance ainsi que leur éducation. Un engin capable de maîtriser les erreurs de comportement humain et encourager, motiver, asseoir définitivement leur potentiel pour assurer leur survie et leur mission. Cela relevant de conditions indispensables.
Un engin qui par la suite survolerait la planète qui serait l’objectif de la mission, pour envoyer des appareils d’observation automatiques équipés de toute une batterie de moyens, spectrométriques entre autres, pour analyser la géologie en surface et en profondeur du sol, pour découvrir éventuellement toute forme biologique, même la plus infime. Car à ce propos ce n’est pas la taille qui crée la menace mais la nécessité naturelle de survie. La prédation.
De l’engin viendrait ensuite, après des analyses fouillées et une réflexion approfondie sur une stratégie qu’il conviendrait d’adopter, à déposer des humains sur un sol étranger… Et pour le reste, je vous laisse à votre imagination.
Prométhéus est décevant au vu de ce regard-là, car il n’y a aucun protocole scientifique crédible, aucune logique dans le comportement des « pseudo-scientifiques », aucun sens commun face à la menace qui peut se révéler à tout moment. Bref, aucune crédibilité. Mais ne l’oublions pas, ce n’est qu’un divertissement. Et tant qu’on peut se divertir, on oublie tout le reste.