Les maîtres de l'orage de Véronique David-Martin
Les Maîtres de l’orage : La marque de l’orage (tome 1) – Le vertige du Rhombus (tome 2) Pascal Galodé éditeurs
Entre septembre 1939 et l’été 1942, mais aussi l’été 1962, au large des côtes bretonnes, dans l’Ile Verte… laissez-vous emporter dans l’univers où réel et fantastique se mélangent pour donner un double roman captivant. Et on attend la suite !!!!
Le premier livre se déroule exclusivement sur l’île verte au large de la Bretagne, en 1939. Tout y est nimbé de pénombre et de légende. Les premières pages avalées, on se défait de toute rationalité pour s’identifier sans aucune difficulté à la jeune héroïne, Marwen Goulaouenn, quel que soit l’âge du lecteur ! J’en veux pour preuve ma Maman, 92 ans, grande lectrice, qui se passionne pour ce roman depuis qu’elle l’a ouvert.
Une écriture alerte, vivante, toute de finesse pour camper les personnages, pour nous les rendre attachants. Me voici très vite happée. Je ne peux lâcher le livre. Je « brûle l’huile de minuit » chaque soir. L’univers créé par Véronique David- Martin m’envahit, me subjugue. Il a une épaisseur, une authenticité magistrale. Le talent de l’auteure crève les pages. Elle sait délicieusement nous harponner. Que dire de la fin de ce premier volet avec le voyage initiatique de la jeune adolescente dans ces galeries souterraines ? On atteint là à un sommet. On est suspendu, entre rêve et fantastique… La partie journal (qui rappelle celui d’Anne Franck qui elle aussi donna un nom à son journal et s’y confia comme à un ami) a quelque chose d’infiniment poignant et la simplicité extrême du style, ce dépouillement, contribue à resserrer les liens affectifs que ce livre inspire !
On retrouve cette tournure de style avec les lettres d’Anne à son amie Claire dans le 2ème volet qui est construit avec une belle intelligence.
Cette 2e époque des Maitres de l'orage est encore plus intense que le premier tome déjà passionnant. De nouveaux personnages apparaissent (j’avoue mon regret de ne retrouver Marwen qu’assez tard dans le récit mais cela fait partie de l’édifice). Toujours des adolescents. L'auteur les campe avec maitrise. On s'attache à leurs pas, valsant de 1942 à 2012 sans gêne. Une simultanéité qui confère au roman une épaisseur et un intérêt accru. Ce "montage" est vraiment astucieux car il nous happe, nous retient sur le livre, tant on est pressé de suivre les deux récits à la fois.
Si chaque personnage a son charisme, sa force de vie, le magnifique portrait de Sieg, jeune Allemand, s’inscrit comme une icône inoubliable. Et puis quelle délicatesse pour aborder une question très intime concernant le jeune Sieg !
Cela n’a pas été sans me rappeler le merveilleux film de Julien Duvivier « Marianne de ma jeunesse »… ou, autre livre culte, «Le grand Meaulnes».
Décidément, Cette trilogie du « Maitre de l’orage » est destinée à devenir aussi une série culte.
©Maïa Alonso