la grèce victime de l'excédent commercial allemand ?
Pour quelle raison rationnelle l'Allemagne refuse t-elle de changer son orientation concernant le refinancement des dettes souveraines européennes? Rappelons qu'une dette souveraine n'est rien d'autre que la dette cumulée année après année pour un Etat donné. Chaque déficit annuel vient alimenter la dette cumulée... et ainsi de suite...
L'Allemagne voue un culte à l'excédent commercial. Pour elle, il faut vendre plus qu'acheter et ensuite épargner la différence... C'est simple, parfaitement rationnel et il n'est rien à rajouter à cela. C'est même plutôt raisonnable et on se dirait bien que la France ferait bien d'en faire autant... Je suis même sûr que tous les pays qui composent l'Union Européenne rêvent de faire pareillement... Le problème qui n'est pas mince, est que ce qui est parfaitement logique si l'on considère un pays est totalement illogique, voire antagonique, si l'on pense les mécanismes d'un ensemble formé de plusieurs pays. Ce qui est notre cas avec l'Union Européenne.
Pour avoir une balance commerciale positive, il faut qu'il y ait un ou des marchés solvables susceptibles d'acheter ce qui est produit. On parle souvent à ce titre, et probablement de manière très exagérée, des ventes de Mercedes en Grèce. Mais le fond de la dynamique est bien là. Pour que les usines Mercedes tournent, il fallait bien qu'il y ait un marché solvable. Ce qui fut fait. Pour le rendre solvable l'Union Européenne a injecté (j'allais écrire "infecté"...) des liquidités énormes en Europe et entre autres, en Grèce : les Jeux Olympiques à Athènes en furent le symbole éclatant ! On n'a pas entendu les dirigeants allemands à l'époque faire la fine bouche devant la Grèce cigale... "Ils achètent, et nous faisons tourner nos usines". Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes...
Le problème est bien là. Un pays ne peut, sans s'exposer à un retour de bâton, exporter indéfiniment, donc jouer gagnant au détriment des autres pays dans un ensemble dont il fait partie. Ou alors, ça s'appelle un jeu de dupes. Imaginons que tous les pays de l'Union Européenne, en plus de la clause budgétaire équilibrée que l'on veut nous vendre, inscrive une autre clause : "Tous les pays de l'Union Européenne devront inscrire dans leur constitution l'obligation d'une balance commerciale excédentaire". Casse tête assuré car c'est la quadrature du cercle. Un excédent se fait obligatoirement au détriment d'un partenaire. Mais en toute logique, chacun est gagnant. Il y a les excédentaires et les déficitaires.... les uns faisant vivre les autres, sans leurre et sans reproche, serait on tenté de dire... Que des gagnants : dans une Europe solidaire et fraternelle, ceux qui vendent et ceux qui achètent se tiennent chaleureusement par la main...
Mais, on oublie trop souvent que le commerce extérieur, et l'autre côté du miroir qu'il nous cache souvent, le déficit, l'endettement, la dette "souveraine", ne sont que l'expression d'une guerre économique qui ne dit pas son nom. Mais quel besoin avons nous de nous faire la guerre à l'intérieur d'un ensemble européen que nous avons choisi de construire ensemble?
La Grèce doit être aidée car elle a permis en particulier à l'Allemagne, mais aussi à la France, d'exporter. On devrait la remercier pour cela au lieu de l'humilier. L'humiliation n'amène jamais rien de bon. Que du mauvais ! De l'extrême droite... du rejet de l'immigré, bouc émissaire commode qui se fait tout petit en attendant l'heure de la revanche, voire qui appuie là où ça peut faire mal...
Exigeons que l'Europe se porte au secours de la Grèce et de ses habitants. Pas que pour eux, mais aussi pour nous. Sinon, nous aurons bientôt un pays, "berceau de la civilisation européenne" comme on s'en gargarise quand ça nous arrange, vidé de sa jeunesse et où, quelques retraités sans le sou continueront à voir leur pension se réduire sous les moqueries des autres pays européens. En attendant leur tour...