INFIDELITÉ : L’insoutenable fragilité des êtres….
L'infidélité, c'est le non-respect de l'exclusivité sexuelle de la part d'un des partenaires. Elle a toujours causé des dégâts majeurs à la dynamique du couple, provoquant à chaque fois une cassure indélébile.
Selon une enquête de l'institut CSA, 80% des Français interrogés déclarent être "toujours fidèles".En même temps, seulement 58% des Français disent que la fidélité est indispensable à la survie du couple. On est tenté de croire qu'une bonne partie des 80% des hommes et des femmes interrogés mentent, sinon pourquoi y aurait-il tant de divorces pour cause d'adultère ?
L'infidélité effleure l'esprit de chacun, mais si l'idée de prendre du bon temps avec un autre séduit la plupart des gens, celle d'être trompé paraît insupportable à tous. Certains "cocufient" leur partenaire pour multiplier conquêtes et plaisirs, d'autres en viennent à cette solution uniquement parce que leur relation conjugale ne les satisfait plus et qu'ils en souffrent.
* Les chiffres réels des infidélités, corrigés d'après les observations des spécialistes (psychanalystes, sexologues et autres catégories de médecins) indiquent que deux femmes sur quatre trompent leur mari et que trois hommes sur quatre trompent leur femme. Il est vrai que les femmes en général sont moins portées à se vanter socialement de leurs aventures extraconjugales, attitude liée aux préjugés sociaux qui ont encore cours actuellement.
* Cependant, l'infidélité ne provoque pas systématiquement le divorce ou la séparation de fait, ce qui nous conduit à la constatation que les gens sont bien capables d'associer cette "trahison" à une maladie matrimoniale qu'il faut subir comme on le ferait pour une rage de dents ou une jambe cassée.
La maladie du couple
Si de nos jours l'infidélité ne se présente plus comme un tabou rigoureux, au même titre que l'interdiction de voler ou de tuer, elle ne continue pas moins d'être condamnée en tant que concept par une bonne partie de la population.
Néanmoins, on assiste à un accroissement de sa fréquence. En fait, l'infidélité correspond à un état d'esprit installé chez de nombreux couples qui l'envisagent comme une option possible à la solution de leurs difficultés et de leurs conflits.
Une enquête effectuée aux Etats-Unis vient confirmer ce que la sagesse populaire laisse présager, à savoir que l'insatisfaction conjugale constitue le facteur le plus déterminant de l'adultère.
55 % des 2262 femmes interrogées ont avoué avoir eu au moins une aventure extraconjugale en invoquant comme cause un mariage insatisfaisant.
Les injustices du code civil
* Présente dans la vie du couple bien avant l'avènement des civilisations occidentales, l'infidélité, dans le cadre d'une union familiale monogame, est désignée par le mot d'origine latine "adultère", ce qui signifie dépraver, avilir, corrompre une femme mariée.
* Le XIXème siècle avait une double morale, celle de la licence donnée aux hommes, du devoir exigé des femmes, de la liberté sexuelle pour les uns, de la fidélité obligatoire pour les autres.
Tout cela était agrémenté par une double loi, celle qui condamnait l'adultère des femmes et tolérait celui des hommes : "L'homme sera excusé de tuer sa femme prise en flagrant délit d'amour illicite, la femme n'aura rien à dire si ce même délit est commis par l'homme hors du domicile conjugal."
* L'adultère de la femme fut longtemps un crime impardonnable sous l'Ancien Régime, et ce jusqu'à la Révolution.
Il était l'une des rares causes possibles de la demande de séparation de corps, seule permise jusqu'à la Révolution.
Le mari pouvait exercer des violences physiques et juridiques contre l'épouse et son amant.
* En 1792, la séparation de corps laisse place au divorce. Cette loi révolutionnaire introduit la notion de "consentement mutuel" : ce que la volonté des deux parties a pu faire, il peut le défaire.
L'adultère devient une cause implicite de divorce sans distinction de sexe, mais pas pour longtemps.
La loi de 1803 dira : "Le mari peut demander le divorce pour cause d'adultère de sa femme ; la femme peut demander le divorce pour cause d'adultère de son mari, lorsqu'il tient sa concubine dans la maison commune."
* Après la Révolution, l'article 212 du Code civil stipule que les époux se doivent mutuellement "fidélité, secours, assistance".
Mais celui-ci ne s'accorde nullement avec d'autres articles du Code imposant à l'épouse la dépendance.
* En 1816, le divorce est de nouveau interdit, et si avant cette date le mari pouvait s'adresser à la loi pour demander la séparation d'une femme adultère, il pouvait aussi se faire justice lui-même.
Dans la République naissante, surtout après l'interdiction du divorce, le mari pouvait très bien tuer sa femme infidèle, car la conséquence logique d'une loi illogique était qu'en toute bonne conscience, un mari meurtrier était acquitté d'avance.
* En 1872, l'affaire Dubourg, où le mari assassin est condamné à cinq ans de prison, déclenche une campagne qui aboutira au rétablissement du divorce en 1884.
Cependant, le "consentement mutuel" ne sera pas pris en compte et le divorce pour faute survivra jusqu'en 1975, quand nous avons retrouvé le principe de la loi de 1792, fondé sur la libre volonté des individus.
* De nos jours, l'adultère n'est plus considéré comme un crime.
Ce mot peut même prêter à sourire. L'infidélité, terme plus adéquat maintenant pour décrire l'errance amoureuse, n'est plus le sujet d'un débat politique, mais une affaire éminemment privée.
Le constat d'adultère est cependant pris en compte dans une procédure de divorce pour faute.
* Et pourtant, la conséquence de ces siècles de double morale légiférée se fait encore sentir de nos jours.
Les jeunes filles à l'aube de leur vie amoureuse découvrent avec amertume qu'un garçon qui séduit plusieurs filles est un "macho" généralement admiré pour ses talents, tandis qu'une fille qui plaît à (ou séduit) plusieurs garçons est bien souvent qualifiée de "petite garce", dans le plus doux des euphémismes.
ANNEXE :
L'infidélité et l'amour au temps du SIDA
Dans les années 70-80, "l'amour de compétition" sévit en Occident. On multiplie les partenaires d'un soir, en ne leur réclamant qu'une prestation de service. Nul ne se soucie des MST qui se multiplient, puisqu'on les sait complètement guérissables. Dans cette ambiance un peu folle, personne ne sent approcher le fléau mortel considéré comme une maladie réservée aux exclus, homosexuels et drogués !
* C'est aux alentours de 1987 que le sujet sida commence à hanter les esprits. En même temps, le problème de l'infidélité devient une douloureuse actualité. Outre l'usage croissant du préservatif, on privilégie les relations stables. Dans ce contexte explosif, de nouvelles règles du jeu sont apparues au sein du couple : l'infidélité, jadis tolérée, commence à être tenue en haute suspicion. Le conjoint peut à juste titre redouter une contamination, et le moins qu'il puisse exiger, c'est le recours au préservatif ou un certificat de séro négativité.
* La peur du sida a inversé bien de valeurs dans la hiérarchie de la fidélité. Si autrefois l'aventure d'un soir était tolérée dans la mesure où elle ne mettait pas en péril l'équilibre familial, en se souciant peu de l'impact affectif, dorénavant ces valeurs sont en train de s'inverser.
* Le fait que certains partenaires n'ont rien changé de leurs habitudes fait que chez les auteurs de ces frasques s'installe une angoisse chronique. La méfiance s'est emparée de nombreux couples et le mensonge contribue à la confusion.
Les vraies raisons de l'infidélité
* Pour les femmes, les deux justifications les plus fréquentes sont le besoin d'être comprises et le sentiment de ne pas obtenir ce qu'elles estiment mériter. Les femmes réclament de leur partenaire de la sensibilité, de la tendresse et de l'attention plus qu'un aspect extérieur d'Apollon.
* Pour l'homme, la première des justifications est son besoin de nouveauté et son attraction sexuelle.
* Les hommes et les femmes avancent comme justifications communes la monotonie dans laquelle la relation conjugale a sombré, l'ennui, l'évolution divergente de chacun et le fait qu'après le départ des enfants, les deux protagonistes n'ont plus rien à se dire.
Les avantages de la liberté sexuelle
Certains conjoints n'hésitent pas à faire l'apologie de l'infidélité. Ils y trouvent certains avantages:
* L'infidélité diminue le sentiment de frustration né de la vie conjugale.
* Elle permet à l'épouse fatiguée, préoccupée ou malade de s'éviter la corvée du rapport sexuel.
* Elle fait diversion aux conflits spécifiquement conjugaux et peut même aider à les résoudre.
* Elle offre l'opportunité d'expérimenter de nouveaux aspects de la sexualité, de connaître d'autres personnes.
* Elle peut rendre plus tolérable la vie à deux, qui pour certains est devenue l'enfer conjugal.