Éditorial - 7 octobre 2011
« Changer les hommes ou changer le monde ? »
Vous avez vu le ciel ce matin ?
Gris ?
Mais, qui dit que le gris n'est pas une couleur ?
C'est votre moral qui ne va pas.
Normal. Les oligarchies économiques et politiques dont l'avidité de puissance et d'argent a ravagé le monde, ont en France, des adeptes sur les starting block qui par médias interposés vous demandent de choisir constamment entre la peste et le choléra.
Gauche ou droite, même combat préhistorique pour des ambitions dont l'histoire a toujours fini par démontrer, qu'elles n'étaient que personnelles, qu'individuelles.
Dans quelques mois, vous devrez choisir un nouveau président pour la France, et ô rage, ô désespoir, personne dans ceux qui briguent cette fonction est exempté de trahisons, de complicités ou d'actions douteuses, dans leur vie privée ou publique, les deux étant toujours si intimement mêlées.
Alors, la mémoire même enfouie, persiste à vous lancer des signaux d'alarme. Rappelez-vous dit-elle, souvenez-vous : Chirac a préféré soutenir Giscard plutôt qu'un Chaban Delmas dont les réformes sociales et leur impact positif sur les français, lui auraient barré le passage de la présidence. Mitterrand lui a amnistié tous ceux de son gouvernement qui avaient trempé dans des caisses noires et autres actions sales et parfois meurtrières. Plus près en 2007, c'est cette gauche, Aubry, Fabius, Dsk et quelques autres, presque en totalité (hors Valls et Montebourg) celle qui se présente aujourd'hui, qui avait décidé « tout sauf Ségolène ».
Pour des ambitions individuelles, la gauche d'aujourd'hui qui pourrait emporter la victoire des présidentielles en 2012 demain, a préféré en 2007 laisser gagner la droite.
Leur « tout sauf Ségolène » a abandonné la France à une droite Sarkosienne, qui en a fait une république bananière et corrompue où
« les affaires » d'argent et de morts, d'écoutes et de compromis, de pressions à la personne ont recouvert notre pays et notre civilisation qu'on disait de lumière, d'une chape de détresses, de hontes, d'humiliations, de dénuements, d'injustices, de peurs.
Peur de vivre et peur de mourir démuni et sans soins. Peur d'absence d'avenir. Peur pour les enfants. Peur de tout en somme, lorsque rien jamais ne vient désamorcer des pratiques récurrentes et si bien partagées. À droite comme à gauche, mêmes ambitions, mêmes prédations cannibales.
Dans cette course à la Présidence déjà engagée avec ces primaires lénifiantes, l'on cherche en vain dans les propos tenus, un peu de vision politique et une réelle idée de la fonction d'Etat.
La gauche montre un front unifié, et malgré le désastre qu'elle a volontairement laissé installer en 2007, se réapproprie les valeurs du cœur et de l'humanité, parle d'une seule voix, cherche à convaincre la France d'en bas qu'elle est la seule, l'unique, la plus à même de remettre le pays à flots, de redonner du pouvoir d'achat, enfin du bonheur en somme à ces Français qui souffrent et pleurent, regrettent les périodes fastes où l'avenir s'écrivait au présent.
Le ciel est gris ce matin, c'est vrai, d'un beau gris métal, irisé, presque bleu, couleur tempête. De celles qu'on aime à entendre gronder dehors, et de chez soi, tranquille entre le rire des enfants et l'odeur du café.
Non, ce n'est pas lui, le ciel, qui plombe votre moral. Ce qui vous angoisse, c'est la mémoire. Cette mémoire remontée en surface et qui vous rappelle qu'on vous l'a déjà fait, déjà dit, déjà promis, tout ça.
Elle vous rappelle votre impuissance, vos fragilités, et aussi votre nécessité de choisir, parce qu'il va vous falloir choisir quand même.
Mais, au vu de ce qui vous est proposé, comment pourriez-vous sortir la France de ce mauvais pas national et Européen, voire mondial, sans faire un jour la révolution ? Sans prendre les rues d'assaut au mieux et au pire en fracassant les vitrines et la police.
Changer les hommes pour changer le monde est un challenge dangereux, mais parfois nécessaire. Aujourd'hui la France entière sait qu'elle s'est fait avoir, seulement si les conditions semblent requises pour que cela se produise, le problème est, pour qui ?
À droite ou à gauche, je l'ai déjà dit, même combat préhistorique, alors, alors inventer un autre monde ?
Le danger est que c'est toujours dans ces moments-là qu'émergent les dictateurs.
Ainsi va la cruche à l'eau et les hommes vers leur devenir...En vrac.
Louise Gaggini